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Discours préliminaire
de l’état actuel de l’anatomie ; de son influence sur la marche suivie dans l’ouvrage.

Appelé pour concourir à l’achèvement d’une entreprise à laquelle se rattachent les noms des savans français les plus distingués, et dont un grand nombre d’années a déjà sanctionné le succès, j’ai reconnu toute l’insuffisance de mes moyens et le danger qu’il y avoit pour moi à me trouver en rapport avec des hommes dont la réputation et les talens doivent accabler celui qui veut les suivre, à moins que la nature ne l’ait créé leur égal.

Je n’ai pas dû me rassurer non plus en pensant que depuis long-temps déjà cette partie de l’Encyclopédie méthodique, commencée sous les plus brillans auspices par le célèbre Vicq-d’Azyr, étoit abandonnée, et que les éditeurs avoient en vain cherché un continuateur dans le petit nombre des personnes qui se livrent à l’étude de l’anatomie comparée, à Paris ; mais j’ai senti combien il étoit triste de voir délaissé, sans être élevé en entier, un monument aussi remarquable ; et l’espoir de le finir a échauffé mon cœur ; je m’en suis fait un véritable devoir, et parmi tous ceux que j’ai à remplir, aucun n’est pour moi tout à la fois et plus doux et plus honorable que celui qui m’impose l’obligation de terminer une tâche aussi importante ; mon amour-propre cesse donc d’être effrayé de ce que je suis le successeur d’un homme qui a laissé dans les esprits une impression des plus profondes : il est plutôt flatté d’entrevoir l’espérance de présenter quel qu’intérêt d’utilité en marchant sur ses traces, quoique de très-loin, dans la carrière qu’il a ouverte.

L’anatomie n’est point seule la matière de l’ouvrage dont je donne la suite ; cette branche des sciences naturelles est inséparable de la physiologie ; ici donc elle est liée encore à elle de la manière la plus intime ; et quand toutes deux, ainsi réunies, n’auraient pas un but d’utilité directe par leurs relations si grandes avec la médecine, ne seroient-elles pas déjà dignes de toute l’attention, je ne dis pas seulement des savans, mais encore de tout homme qui veut faire un bon usage des facultés intellectuelles qui lui ont été départies ? Si l’anatomie est la base des bonnes études médicales ; si elle guide la main du chirurgien dans le dédale de nos parties ; si elle dirige le jugement du médecin à travers les voiles qui les

Syst. Anat. Tome III
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