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ARÉOMÈTRE ; αραιος-μεκρον ; areometrum ; areometer ; sub. mas. Instrument qui sert à mesurer la densité ou la pesanteur spécifique des liquides & des solides.

Cet instrument ayant déjà été décrit très-longuement & avec beaucoup de détail au mot Aréomètre, nous n’allons indiquer ici que quelques additions qui résultent des découvertes qui ont eu lieu depuis l’impression du premier volume.

Aréomètre de Baumé ; areometrum Baumeum ; aerometer von Baume. L’abbé Bertholon a parlé de la construction de cet aréomètre page 260 du premier volume du Dictionnaire de Physique ; mais il diffère sur les principes de la construction de cet instrument, avec les détails que Baumé en a donné lui-même dans l’Avant-Coureur, année 1768, nos. 45, 50, 51 & 52, & année 1769, no . 2. Comme Bertholon n’indique pas les sources où il a pris ses détails, il nous est impossible de connoître la cause de cette différence.

Voici en quoi ces différences consistent : Bertholon suppose que le zéro de l’instrument se prend dans l’eau distillée à une température déterminée, & que, pour avoir le second terme, Baumé dissolvoit 15 parties de sel dans 85 d’eau ; qu’il plongeoit l’instrument dans cette dissolution, marquoit le point d’enfoncement de la tige, & divisoit l’espace entre ces deux points en 30 parties égales ; enfin, que les mêmes divisions étoient portées au-dessus du point 0 pour la graduation des liqueurs spiritueuses, & au-dessous pour la graduation des sels.

Baumé dit dans l’Avant-Coureur, que, pour les liqueurs spiritueuses, il plonge son instrument dans la dissolution d’une partie de sel dans neuf d’eau, & qu’il marque zéro au point où la tige s’enfonce ; qu’il plonge ensuite l’instrument dans l’eau très-pure, ce qui lui donne le dixième degré ; qu’il divise l’intervalle qui sépare ces deux termes en dix parties égales, & qu’il continue cette division sur le reste de la longueur de la tige qui doit marquer 50 degrés.

Son aréomètre pour les sels se divise de la même manière, c’est-à dire, qu’il plonge d’abord l’instrument dans l’eau distillée, puis dans une dissolution de sel à un dixième ; mais ici il marque zéro à l’eau distillée & dix dans la dissolution salée : l’espace est divisé en dix parties égales, & la division continuée par en bas.

Ces deux aréomètres sons préparés & lestés de manière que celui qui est destiné aux liqueurs spiritueuses ne s’enfonce dans la dissolution saline que jusqu’à la naissance de la tige, afin que, tout entière hors de l’eau, elle puisse s’enfoncer dans des liqueurs d’une très-foible densité. L’aréomètre pour les sels ou pour les acides doit, au contraire, s’enfoncer entièrement dans l’eau distillée, de manière qu’il ne reste qu’une très-petite partie de son tube hors de l’eau : alors il peut servir à mesurer des liquides qui aient une grande densité.

Nicholson a comparé la graduation de l’aréomètre de Baumé avec les densités qui leur correspondent, & il a dressé une table de la graduation & des densités correspondantes[1], d’abord pour les liqueurs spiritueuses, ensuite pour les sels.

Il a fait usage de quelques expériences que Baumé a publiées sur les degrés de quelques mélanges d’eau & d’esprit de vin, qu’il a comparées aux expériences de Blagden & de Gilpin.

L’alcool employé par Baumé pour former les différens mélanges d’esprit de vin & d’eau pure, donnoit 37 degrés à la température de la glace ; & son volume, comparé à celui d’un poids égal d’eau, étoit dans le rapport de 35 à 30[2], ce qui répond à peu près à une pesanteur spécifique de 0,842. L’alcool, avec trente parties d’eau pure, donne, à la température de la glace, 12 degrés à l’aréomètre. Le mélange contenoit par conséquent 6 de la liqueur d’épreuve de Blagden sur 100 d’eau ; &, suivant les excellentes tables de Gilpin[3], sa pesanteur spécifique devoit être de 0,9915. Mais on voit par ces mêmes tables, qu’à 10 degrés de Réaumur, ou 55 de Fahrenheit, les pesanteurs spécifiques 0,842 & 0,9915 reviennent à 0,832 & 0,9905 ; ayant deux pesanteurs spécifiques correspondantes aux degrés 12 & 37 de l’aréomètre. Nicholson a construit la table suivante.

Aréomètre de Baumé pour les corps ardens, à la
température de 10 degrés de Réaumur
.

Pesanteur Degrés. spécif. 10 1,000

11 0,990

12 0,985

13 0,977

14 0,970

15 0,963

16 0,955

17 0,949

18 0,942

19 0,935

20 0,928

21 0,922

22 0,915

23 0,909

24 0,903

25 0,897

26 0,892

27 0,886

28 0,880

29 0,874

30 0,867

31 0,861

32 0,856

33 0,852

34 0,847

35 0,842

36 0,837

37 0,832

38 0,827

39 0,822

40 0,817

Pour les aréomètres des sels, destinés à mesurer la densité des fluides qui excèdent celle de l’eau pure, Nicholson ne regarde pas les dissolutions de sel commun comme pouvant donner des poids

  1. Annales de Chimie, tom. XXIII, pag. 133.
  2. Élémens de Pharmacie, 5e édition, pag. 410.
  3. Transactions philosophiques pour 1794.