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mouvement compoſé ſe fera, ſelon une nouvelle diagonale qui aboutira au point auquel on ſe propoſe d’arriver. Pour cet effet, celui qui rame ne doit pas tendre directement à ce but par une ligne perpendiculaire au courant de la rivière, comme s’il navigeoit ſur une eau tranquille ; car le courant, par ſon impulſion continuelle, le porterait d’autant plus au-deſſous de ce point qu’il ſeroit plus rapide. Il faut donc qu’il dirige plus haut ſon bateau, afin que le but qu’il ſe propoſe d’atteindre, ſe trouve à l’extrémité de la diagonale d’un parallélogramme conſtruit ſur la direction & le rapport des deux puiſſances. Cette diagonale me paroît être une ligne droite au moins ſenſiblement, lorſque le courant eſt peu rapide, ou lorſque, s’il a une certaine force, un grand nombre de rameurs agiſſent avec beaucoup de vîteſſe. Mais, quand il n’y a qu’un ou deux rameurs, la ligne que décrit le bateau eſt une ligne courbe (c’eſt-à-dire, une ſuite de petites diagonales, de petites lignes droites inclinées les unes aux autres) ; parce que l’impulſion du courant eſt continuelle, & celle des rames eſt interrompue par des inſtans alternatifs de repos, ceux où la rame eſt élevée & abandonne le point d’appui qui eſt l’eau. Cette raiſon ne me paroît avoir encore été donnée.

Les grands bateaux qui deſcendent les fleuves & les rivières ſont entraînés par le courant, & ſuivent ſa direction. Ils ont à leur poupe un aviron ou gouvernail pour les diriger, qu’on fait mouvoir alternativement de gauche à droite & de droite à gauche, avec plus ou moins de vîteſſe, tantôt continuellement, tantôt avec des intermittences, quelquefois plus long-temps d’un côté que d’autre ; de ſorte qu’on eſt maître de faire ſuivre au bateau telle diagonale qu’on veut tenir pour éviter des obſtacles, ou pour s’approcher d’un côté ou de l’autre. La queue des poiſſons eſt une eſpèce d’aviron, & peut en avoir donné l’idée. Le poiſſon, frappant l’eau avec preſteſſe à droite & à gauche, ſuit une direction moyenne entre celle de chacune de ces deux impulſions ; il n’y a rien à dire des bateaux ou diligences d’eau qui ſont tirées par des chevaux, ils ſuivent néceſſairement l’impulſion que leur donne la corde. Les bateaux à voile ſont pouſſés par le vent, & ils ſuivent la direction de ce moteur sur une eau tranquille ou une direction moyenne, lorſque le courant de la rivière en a une différente. Il y en a qui conſidèrent les bâtimens à voile comme des leviers du premier genre. Les vents qui font une impulſion ſur les voiles & les mâts ſont la puiſſance ; l’eau qu’il faut diviſer eſt la réſiſtance ; le point où les mâts ſont unis au bâtiment eſt le point d’appui.

Bateau pneumatique, Bateau à air. Ce bateau a été imaginé par M. Coulomb, d’après l’idée qui a fait inventer la cloche du plongeur ; il paroît propre à exécuter ſous l’eau toutes ſortes de travaux hydrauliques, qu’il peut être avantageux dans tous les genres d’excavation à faire ſous l’eau, aux profondeurs qu’exige la navigation de nos ports, de nos rades, & de nos rivières ; & qu’il paroît ſatisfaire également à tous les genres de travaux, & aux maçonneries que l’on voudra ſonder ſous l’eau à des profondeurs de trente à quarante pieds.

Ce bateau a la forme de trois caiſſes jointes l’une à l’autre, faiſant en tout une longueur de 24 pieds ſur 9 de large. La figure 154 repréſente ce bateau vu en perſpective ; la figure 155 repréſente ſon plan. Les figures 156 & 157 ſont deux coupes verticales correſpondantes aux lignes déſignées au plan ; les deux caiſſes A & B qui forment les extrémités du bateau, ont 9 pieds dans le ſens de la longeur du bateau ; celle du centre n’a que 6 pieds dans œuvre. Les caiſſes A & B ont 9 pieds 6 pouces de hauteur ; celle du centre a 51 pieds, & eſt posé de manière qu’elle dépaſſe, figure 156, les caiſſes A & B de 7 à 8 pouces dans leur partie inférieure, & à peu près d’un pied dans la partie ſupérieure. La partie inférieure des caiſſes A & B eſt fermée par un fond en madriers, en ſorte qu’elles forment ponton ; la caiſſe du centre qui eſt celle où l’air doit être comprimé, eſt ouverte en entier dans ſa partie inférieure, & eſt fermée par un plafond en madriers dans ſa partie ſupérieure. Ce plafond eſt percé de trois trous. Le premier trou a, figure 154, de 18 à 20 pouces de diamètre, ſe ferme exactement au moyen d’une trappe garnie de cuir ; ce trou eſt deſtiné à introduire les travailleurs dans la caiſſe de compreſſion ; au centre de cette trappe l’on pratique un châſſis où l’on cimente avec ſoin une glace très-épaiſſe pour donner du jour dans l’intérieur de la caiſſe ; cette glace eſt ſoutenue extérieurement par pluſieurs tringles, pour empêcher l’air qui doit être comprimé dans la caiſſe, de l’enfoncer. Le ſecond trou b n’a que deux pouces de diamètre ; il ſe ferme en deſſous par une petite ſoupape à contrepoids, qui empêche l’air comprimé dans la caiſſe de s’échapper ; ce trou donne communication au moyen d’un tuyau, entre la caiſſe de compreſſion & un ſoufflet placé ſur le plafond de cette caiſſe, & deſtiné à y renouveler & à y comprimer l’air. Le troiſième trou d eſt ſurmonté d’un tuyau vertical d’un ou deux pieds de longueur, garni à ſon extrémité ſupérieure d’un robinet ouvert en partie pour évacuer l’air que la reſpiration des hommes pourroit corrompre, & qui eſt chaſſé par l’air nouveau que les ſoufflets introduiſent continuellement dans la caiſſe C.

L’on voit, figure 158, une coupe du ſoufflet dans le ſens de ſa longueur ; l’air entre dans ce ſoufflet au moyen d’un trou d garni d’une ſoupape ; en fermant le ſoufflet, cette ſoupape ſe