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Obſervations ſur la Phyſique, l’Histoire Naturelle & les Arts, mai, 1783, & dans un Mémoire imprimé à part, qui parut la même année.

Des principales hypothèſes ſur les variations du baromètre. On a remarqué avec raiſon qu’il n’y avoit pas de matière, en phyſique ſur laquelle il y eût plus de diverſité d’opinion, que ſur la cauſe des variations en hauteur de la colonne de mercure dans le baromètre.

1o. Paſcal rapporta les variations du baromètre à celles du poids de l’air atmoſphérique ; il crut qu’ordinairement le mercure baiſſoit dans le beau temps & hauſſoit dans un temps froid ou chargé ; & en cela il ſe trompa, car c’eſt le réſultat oppoſé qui eſt vrai. L’explication qu’il donna eſt qu’en général plus il y avoit de vapeurs dans l’air, plus le mercure devoit s’élever. M. Perrier chercha à modifier les idées de Paſcal, mais elles n’en devinrent pas plus conformes à la réalité. Cette première idée qu’on avoit eue fut encore adoptée & modifiée par le docteur Béal & par d’autres, comme on le voit dans les Tranſactions philoſophiques pour l’année 1666 ; ils regardèrent comme un fait général que le mercure deſcend plus après la pluie qu’il n’étoit deſcendu avant la pluie, à cauſe qu’après la chûte des vapeurs leur poids n’eſt plus joint à celui de l’air.

2o M. Garcin rendit plus méthodique l’hypothèſe des phyſiciens dont nous venons de parler ; & dans le Journal helvétique, années 1734 & 1735, attribua en général l’élévation du mercure dans le baromètre aux augmentations de volume, de poids, & de reſſort, que l’introduction des vapeurs produit dans l’air, & la deſcente du mercure à la chûte des pluies, qui occaſionne les effets contraires ; mais l’obſervation journalière dément cette aſſertion ; car, comme le remarque très-bien M. Deluc, la pluie, dans cette hypothèſe, ne doit jamais être plus prochaine que dans les temps où l’atmoſphère eſt chargée de vapeurs, & ce ſont ceux où M. Garcin croit que le mercure doit s’élever ; au contraire le beau temps ne devroit jamais être plus ſtable que quand l’atmoſphère eſt privée de vapeurs, c’eſt-à-dire, ſuivant ce phyſicien, lorſque le mercure s’abaiſſe beaucoup dans le baromètre.

3o. Le docteur Garden penſa le premier, en 1685, que l’aſcenſion des vapeurs dans l’air, & l’augmentation de hauteur du mercure dans le baromètre étoient dues à l’augmentation du poids de l’air, & que la chute de la pluie, ainſi que la deſcente du mercure étoient produites par la diminution de ce poids. Pour expliquer les changemens de peſanteur ſpécifique de l’air, ce phyſicien ſuppoſe d’abord que l’air renferme dans ſes interſtices un fluide plus élaſtique & plus ſubtil, qui produit la cohéſion des corps, & dont les diverſes combinaiſons avec l’air opèrent les changemens qui arrivent dans ſa peſanteur ſpécifique. Mais cette ſuppoſition eſt bien gratuite, & ne ſatiſfait point, car il faudrait expliquer la cauſe du changement de ces combinaiſons, & comment celles-ci augmentent ou diminuent la peſanteur ſpécifique de l’air. Il ajoute encore, ſans aucun fondement, qu’il ſe fait des mélanges d’autres fluides avec l’air, d’où réſultent encore des changemens dans la peſanteur ſpécifique de l’air, &c. Cet auteur a encore avancé que lorſque l’air eſt plus chargé de vapeurs, & conſéquemment plus peſant il eſt moins tranſparent ; & que quand le mercure eſt plus bas, l’air, alors plus léger, eſt auſſi plus pellucide, quoique parſemé de gros nuages. Mais ſelon les obſervations de M. Deluc, pour l’ordinaire l’air n’eſt jamais plus pur qu’après la pluie, & quand la hauteur du mercure eſt à ſon plus haut période ; & au contraire, quand le mercure baiſſe ſenſiblement, l’air n’a plus la même tranſparence.

4o. M. Wallis a eu ſucceſſivement pluſieurs idées ſur ce ſujet. Il penſa d’abord que le mercure devoit s’élever, lorſque l’atmoſphère eſt chargée de vapeurs, & deſcendre quand ſes vapeurs ſe réſolvent en pluie. Il adopta enſuite la diminution de preſſion verticale par les vents ; l’augmentation de reſſort & de preſſion de l’air par la chaleur, après, la dilatation de l’air renfermé dans le mercure, qui rend ainſi la colonne du baromètre plus longue ; voyez les tranſactions philoſophiques. En l’année 1685, ce ſavant entreprit de réfuter l’hypothèſe de M. Garden ; ſur l’aſcenſion des vapeurs dans un air plus peſant qu’elles, & leur chûte dans un air plus léger.

5o. Quoique la plupart de ceux qui s’étoient occupés de cet objet euſſent regardé généralement le poids de l’atmoſphère comme la cauſe principale des mouvemens du baromètre, & les altérations de l’air comme la cauſe accidentelle, cependant Liſter a penſé différemment, & a attribué toutes les variations du baromètre, à des contractions & expanſions ſingulières du mercure, & les a regardées comme cauſées par le froid & par la chaleur.

Il dit avoir ſouvent remarqué que dans les orages, &c. quand le mercure eſt bas, il ſe diviſe & pouſſe en en haut des particules, qu’il appelle des eſpèces de pellicules ou d’écorchures ; & il ſoutient que toutes les fois que le mercure deſcend ; il eſt plus ou moins dégagé de ces pellicules : que dans ce mouvement les parties du mercure ſont reſſerrées enſemble, & que c’eſt par cette raiſon qu’il deſcend ; que de plus il s échappe alors de petites particules d’air, qui étoient ren-