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BAI
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qu’on met au rang des bains partiaux les fomentations & les douches ſur quelque partie que ce ſoit : c’eſt une ſimple application de l’eau, & non une immerſion. La douche ſur-tout tire ſa principale efficacité de la force du choc ou de la percuſſion, bien différente de celle de la ſimple preſſion & du mouvement ondulatoire.

Le pédiluve & le bain des jambes froids ſaiſiſſent & reſſerrent les vaiſſeaux de ces extrémités, diminuent leur diamètre, y condenſent les fluides & les répercutent bruſquement vers les parties ſupérieures. Le demi-bain froid produit avec plus d’énergie les mêmes effets ſur toutes les parties qui ſont ſoumises à ſon action. Il en eſt de même de l’immerſion durable des mains, & des avant-bras dans l’eau froide, & c’eſt une obſervation aſſez conſtante que ces reflux d’humeurs, à l’occaſion des bains particuliers, portent décidément ſur la poitrine, qu’ils fatiguent par des oppreſſions, des toux, & quelquefois par des crachemens de ſang.

Les bains chauds des jambes qui ſont d’un uſage plus fréquent, produiſent des effets oppoſés à ceux des bains froids ; ils donnent plus de ſoupleſſe aux tuniques des vaiſſeaux, & les diſposent à céder plus aiſément aux efforts des liquides. Ils augmentent ſur-tout le calibre & la baſe des veines, parce que celles-ci rampent à la ſurface, tandis que les artères ont une poſition plus profonde : d’un autre côté, l’eau chaude raréfie le ſang. Ainſi, par cette double cauſe, les veines ſeront plus pleines & plus diſtendues, &c.

M. Limbourg, dans ſa diſſertation ſur les bains d’eau ſimple, qui, en 1756, mérita l’acceſſit de l’académie de Dijon, a examiné, conformément au ſujet propoſé, la manière d’agir & les effets du bain aqueux ſimple, par rapport aux différens tempéramens & aux genres de maladies, ſans leſquelles il peut être utile. Pour cet effet, il a d’abord conſidéré les effets de la gravité ou peſanteur de l’eau, ceux de ſa pénétration & ceux de ſa température, du mouvement & du repos de l’eau, de ſa quantité plus ou moins grande ; il a enſuite traité des effets particuliers du bain, ou de ſes effets relatifs à l’état des perſonnes qui ſe baignent. On voit par-là que M. Limbourg & M. Marteau (il en eſt de même des autres ſavans qui ont traité ce sujet), ſe ſont néceſſairement rapprochés, en conſidérant les propriétés abſolues de l’eau ; c’eſt pourquoi nous ne nous étendrons pas davantage ſur cette matière.

Les bains de vapeur ſont en uſage en Turquie, & chez pluſieurs autres peuples. En général, l’édifice où l’on prend les bains de vapeurs, eſt un bâtiment rond, fait de pierres de taille, couvert par un dôme ou une coupole, percé dans le centre, & revêtu de vitres pour l’éclairer ; dans fon milieu, il s’élève une banquette ronde, d’un diamètre proportionné à l’eſpace du bâtiment, ſur laquelle ſont aſſis ceux qui entrent pour ſe baigner. Sur le plancher, qui eſt fait de pierres de taille, on verſe de l’eau à la hauteur de quelques pouces : cette eau s’élève en vapeur par le feu du fourneau ſouterrain, & par les tuyaux de fer ou de cuivre qui montent le long des murailles de ce bâtiment. Ceux qui y ſont aſſis, ſans la moindre incommodité, ſuent autant que leur force le leur permet ; de-là ils entrent dans une grande chambre, où il y a un bain d’eau tiède, & un autre d’eau froide.

Si l’air & la vapeur étoient renouvelés dans ce bain à chaque moment, comme dans les bains ruſſes, ce ſeroit le plus ſalutaire & le plus délicieux des bains dont on fait uſage en Europe. Les bains grecs & romains avoient en général le même défaut ; l’air & la vapeur ne s’y renouveloient pas. Chez les romains le bain de vapeurs s’échauffoit de même par des fours ſouterrains ; la vapeur s’élevoit de l’eau que l’on versoit ſur des planchers de marbre.

Le bain ruſſe eſt un précis des bains romains & du bain turc de nos jours ; car on fait dans une ſeule pièce tout ce qui ſe pratique dans les autres bains à la romaine & à la turque, dans quatre ou cinq chambres. Le fond du bain eſt garni de cailloux de rivière, rendu rouge & preſqu’embraſé par le feu qui eſt deſſous ; on y verſe deſſus de l’eau ; & à l’inſtant il s’élève une vapeur épaiſſe, ardente, qui échauffe tout l’intérieur du bain, dans lequel ceux qui le prennent doivent être tous nus.

On peut augmenter & renouveler cette vapeur ardente, ſuivant la quantité d’eau que l’on verſe ſur ces pierres ; alors on ſue avec abondance. Ces bains ſont très-utiles en médecine pour la guériſon de pluſieurs maladies, & on doit regretter qu’il n’y en ait pas d’établis chez nous : en Angleterre il y en a. Hippocrate, Celſe, Galien, Oribaze, les mirent en uſage avec ſuccès. On y joint quelquefois des frictions. Voyez pour les détails de conſtruction & de médecine, le mémoire de M. Aulaine Ribeiro Sanchès.

Les bains des principales villes de l’Égypte ſont tous faits ſur le même plan, & tous également fréquentés, parce que le beſoin d’être propre dans un climat où l’on tranſpire beaucoup, les a rendus néceſſaires ; le bien-aiſe qu’ils procurent en conſerve l’uſage.

Le premier appartement que l’on trouve en allant au bain, eſt une grande ſalle qui s’élève en forme de rotonde. « Elle eſt ouverte au ſommet afin que l’air pur y circule librement ; une large eſtrade couverte d’un tapis, & diviſée en compartiment, règne à l’entour ; c’eſt-là que l’on dépoſe