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XIV. Si un corpuſcule placé dans un fluide eſt également attiré en tout ſens par les particules environnantes, il ne doit recevoir aucun mouvement ; mais s’il eſt attiré par quelques particules plus fortement que par d’autres, il doit ſe mouvoir vers Ie côté où l’attraction eſt la plus grande, & le mouvement qu’il aura, ſera proportionné à l’inégalité d’attraction ; c’eſt-à-dire, que plus cette inégalité ſera grande, plus auſſi le mouvement ſera grand, & au contraire.

XV. Si des corpuſcules nagent dans un fluide & qu’ils s’attirent les uns les autres avec plus de force qu’ils n’attirent les particules intermédiaires du fluide, & qu’il n’en ſont attirés ; ces corpuſcules doivent s’ouvrir un paſſage à travers les particules du fluide, & s’approcher les uns des autres avec une force égale à l’excès de leur force attractive ſur celle des parties du fluide.

XVI. Si un corps eſt plongé dans un fluide dont les particules ſoient attirées plus fortement par les parties du corps, que les parties du corps ne s’attirent mutuellement, & qu’il y ait dans ce corps un nombre conſidérable de pores ou d’interſtices à travers leſquels les particules de fluide puiſſent paſſer, le fluide traverſera ces pores. De plus, ſi la cohéſion des parties du corps n’eſt pas aſſez forte pour réſiſter à l’effort que le fluide fera pour les ſéparer, ce corps ſe diſſoudra. Voyez Dissolution.

Donc pour qu’un menſtrue ſoit capable de diſſoudre un corps donné, il faut trois conditions : 1o. que les parties du corps attirent les particules du menſtrue plus fortement qu’elles ne s’attirent elles-mêmes les unes les autres ; 2o. que les pores du corps ſoient perméables aux particules du menſtrue ; 3o. que la cohéſion des parties du corps ne ſoit pas aſſez forte pour réſister à l’effort & à l’irruption des particules du menſtrue.

XVII. Les ſels ont une grande force attractive, même lorſqu’ils ſont ſéparés par beaucoup d’interſtices qui laiſſent un libre paſſage à l’eau ; par conſéquent les particules de l’eau ſont fortement attirées par les particules ſalines, de ſorte qu’elles ſe précipitent dans les pores des parties ſalines, ſéparent ces parties, & diſſolvent le ſel. Voyez Sel.

XVIII. Si les corpuſcules ſont plus attirés par les parties du fluide, qu’ils ne s’attirent les uns les autres, ces corpuſcules doivent s’éloigner les uns les autres, & ſe répandre çà & là dans le fluide.

Par exemple, ſi l’on diſſout un peu de ſel dans une grande quantité d’eau, les particules de ſel, quoique d’une peſanteur ſpécifique, plus grande que celle de l’eau, ſe répandroit & ſe diſperſeroit dans toute la maſſe de l’eau, de manière que l’eau ſera auſſi ſalée au fond qu’à ſa partie ſupérieure. Cela ne prouve-t-il pas que les parties de ſel ont une force centrifuge ou répulſive par laquelle elles tendent à s’éloigner les unes des autres, ou plutôt qu’elles ſont attirées par l’eau plus fortement qu’elles ne s’attirent les unes les autres ? En effet, comme tout corps monte dans l’eau, lorſqu’il eſt moins attiré par ſa gravité terreſtre, que les parties de l’eau, de même que toutes les parties de ſel qui flottent dans l’eau, & qui ſont moins attirées par une partie quelconque de ſel que les parties de l’eau ne le ſont, toutes ces parties, dis-je, doivent s’éloigner de la partie de ſel dont il s’agit, & laiſſer leur place à l’eau, qui en eſt plus attirée. Newton. Optique, pag. 363.

XIX. Si des corpuſcules qui nagent dans un fluide, tendent les uns vers les autres, & que ces corpuſcules ſoient élaſtiques, ils doivent, après s’être rencontrés, s’éloigner de nouveau juſqu’à ce qu’ils rencontrent d’autres corpuſcules qui les réfléchiſſent ; ce qui doit produire une grande quantité d’impulſions, de répercuſſions, & pour ainſi dire, de conflit entre ces corpuſcules. Or, en vertu de la force attractive, la vîteſſe de ces corps augmentera continuellement, de manière que le mouvement inteſtin des particules deviendra enfin ſenſible aux yeux. Voyez Mouvement intestin.

De plus, ces mouvemens ſeront différens, & ſeront plus ou moins ſenſibles & plus ou moins prompts, ſelon que les corpuſcules s’attireront l’un l’autre avec plus ou moins de force, & que leur élaſticité ſera plus ou moins grande.

XX. Si les corpuſcules qui s’attirent l’un l’autre viennent à se toucher mutuellement, ils n’auront plus de mouvement, parce qu’ils ne peuvent ſe rapprocher de plus près. S’ils ſont placés à une très-petite diſtance l’un de l’autre, ils ſe mouveront ; mais ſi on les place à une diſtance plus grande, de manière que la force avec laquelle ils s’attirent l’un l’autre, ne ſurpaſſe point la force avec laquelle ils attirent les particules intermédiaires du fluide, alors ils n’auront plus de mouvement.

De ce principe dépend l’explication de tous les phénomènes de la fermentation & de l’ébullition. Voyez Fermentation & Ébullition.

Ainſi l’on peut expliquer par-là pourquoi l’huile de vitriol fermente & s’échauffe quand on met un peu d’eau deſſus ; car, qu’un homme qui verroit un corps peſant ſe ſoutenir en l’air ſans retomber, quand nous ſaurions en quoi conſiſte l’impénétrabilité des corps, nous n’en ſerions peut-être guère plus éclairés ſur la nature de la force impulſive. Nous voyons ſeulement qu’en conſéquence de cette impénétrabilité, le choc d’un corps contre un autre doit être ſuivi de quelque changement,