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ATM-ATO

iro aere, ſed in ipſâ ſede ſolis, apparetque etiam recto ſole ut flamma circulariter emicans. (Epitom. astr. copern. lib. VI. p. 895.) Et cette raiſon eſt fondée ſur ses obſervations & celles qu’on avoit faites généralement de ſon temps : ainſi on ne ſauroit douter de l’exiſtence de l’atmoſphère ſolaire, anciennement viſible comme elle l’eſt à préſent dans les circonſtances qui en favoriſent l’apparition.

L’atmoſphère du ſoleil, ſelon M. de Mairan, s’étend quelquefois juſqu’à plus de 30 millions de lieues : lorſque les dernières couches de l’atmoſphère ſolaire ne ſont pas éloignées de plus de 60 mille lieues de la terre, il penſe qu’elles tombent alors vers notre globe en vertu de la gravitation mutuelle des corps, la matière lumineuſe de l’atmoſphère ſolaire se précipitant en aſſez grande quantité dans l’atmoſphère terreſtre, doit y cauſer des aurores boréales. Mais cette grande étendue n’eſt donnée à l’atmoſphère du soleil, que par le beſoin du ſyſtème, & aucune preuve ne peut en être donnée. On peut voir au mot aurore boréale ce qu’il faut penſer de l’hypothèſe de M. Mairan.

Cet auteur qui fait jouer le plus grand rôle poſſible à l’atmoſphère ſolaire, croit encore que les queues des comètes réſultent de la partie de l’atmoſphère ſolaire dont les comètes ſe ſont chargées, & qu’elles ont entraînée avec elles en approchant de leur périhélie.

Atmosphère des étoiles. Les étoiles étant autant de ſoleils, on ne ſera pas ſurpris que ces aſtres lumineux par eux-mêmes, ayent une atmoſphère comme le ſoleil. Pluſieurs aſtronomes ont obſervé autour de quelques étoiles des eſpèces d’atmoſphères ; par exemple, Huyghens découvrit en 1656, un eſpace lumineux autour de la nébuleuſe d’orion ; cette clarté de figure irrégulière étoit moins bleue & moins foncée que le reſte du ciel. Cette eſpèce d’atmoſphère, celle de quelques autres étoiles, ainſi que l’atmoſphère du ſoleil, ſont ſujettes à des changemens conſidérables. M. Huyghens dit que ce n’eſt qu’avec de très-grandes lunettes qu’on peut les obſerver. Mrs. Picard, Godin, Fouchy & pluſieurs autres aſtronomes ont obſervé ce phénomène. M. de Mairan a vu auprès de l’eſpace lumineux d’orion, l’étoile D de M. Huyghens, environnée d’une clarté toute ſemblable à celle que produiroit, ſans doute, l’atmoſphère du ſoleil, ſi elle devenoit aſſez denſe & aſſez étendue pour être viſible avec des lunettes à une pareille diſtance.

ATMOSPHÉRIQUE ; c’eſt l’épithète que l’on donne à tout ce qui a rapport à l’atmoſphère. Voyez Atmosphère, & ſes différentes eſpèces.

Atmosphérique. (Air) Voyez Air ; & Composition de l’air, Atmosphère.

Atmosphérique. (Gaz) Voyez Gaz Atmosphérique ; c’eſt le nom que quelques’uns donnent à l’air atmoſphérique ; Voyez Air, Atmosphère.

ATO


ATOMES. Pluſieurs philoſophes anciens & quelques phyſiciens modernes, ont donné le nom d’atomes à de petits corpuſcules indiviſibles qui, seſon eux, étoient les élémens des corps : les atomes étant inſécables & indiviſibles, devoient être de la plus grande dureté ; on peut voir à l’article Divisibilité de la matière, ce qu’il faut penſer de cette opinion, & ſi les particules les plus petites de la matière peuvent être ou n’être pas diviſées à l’infini ; car ſi elles ſont diviſibles à l’infini, les atomes n’exiſtent pas. Voyez à l’article Atomisme, l’expoſition du ſyſtème de ceux qui ont admis la réalité des atomes.

Atomes ; ce nom déſigne encore tout petit corps ſenſible à la vue dans certaines circonſtances : ainſi on appelle atomes cette multitude innombrable de petits grains de pouſſière qu’on voit flotter & voltiger en l’air dans une chambre fermée, dans laquelle on fait paſſer un ſeul rayon du ſoleil.

ATOMISME. Par cette expreſſion on entend le ſyſtême de phyſique corpuſculaire qu’ont ſoutenu un grand nombre de philoſophes anciens & quelques ſavans modernes. Poſſidonius fait remonter l’origine du dogme des atomes à Moſchus le phénicien, avant la guerre de Troye. Pythagore paroît avoir appris cette doctrine en Orient ; & Ecphantus, célèbre pythagoricien, a témoigné (apud ſtapœum) que les unités dont Pythagore diſoit que tout eſt compoſé, n’étoient que des atomes ; ce qu’Ariſtote aſſure auſſi en divers endroits. Empédocle disoit de même que la nature de tous les corps ne venoit que du mélange & de la ſéparation des particules, & quoiqu’il admît les quatre élémens, il prétendoit que ces élémens étoient eux mêmes compoſés d’atomes ou de corpuſcules. Ce n’eſt pas ſans raiſon que Lucrèce loue ſi fort Empédocle, puiſque sa phyſique eſt à pluſieurs égards la même que celle d’Épicure. Pour Anaxagore, quoiqu’il fût atomiſte, il avoit un ſentiment particulier, qui eſt que chaque choſe étoit compoſée des atomes de ſon eſpèce, les os, d’atomes d’os, les corps rouges d’atomes rouges, &c.

La doctrine des atomes n’a été proprement réduite en ſyſtème que par Leucippe & Démocrite ; c’eſt ce qui a fait que Diogène Laërce & pluſieurs autres auteurs les en ont regardés comme les inventeurs. « Leucippe, dit Ariſtote, & ſon compagnon Démocrite, diſent que les principes de toutes choſes ſont le plein & le vuide, le corps & l’eſpace, dont l’un eſt quelque choſe, & l’autre n’eſt rien, & que les cauſes de la variété des autres êtres ſont ces trois choſes, la figure, la diſpoſition & la ſituation. »

Si on veut avoir une idée complette de l’atomiſme ou ſyſtême des atomes, chez les anciens, il faut lire le fameux poème de Lucrèce ; en voici un précis. Le monde eſt nouveau, mais la matière dont il eſt compoſé eſt éternelle. Il y a toujours eu une quantité immenſe & infinie d’atomes ou