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ARÉ
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fait attention qu’à meſure que les acides devenoient plus concentrés, ils devoient produire des degrés inégaux ou plus petits.

« Cet aréomètre ainſi conſtruit, marque vingt-deux degrés dans l’acide marin, & quarante-ſept dans l’acide nitreux, lorſque ces acides ſont au plus haut point de leur concentration ; mais comme l’acide vitriolique eſt environ d’un tiers plus denſe que l’acide nitreux, & que la différence eſt à peu-près dans les rapports de deux à trois, ce premier pèſe-liqueur ne pouvoit nous faire connoître les différens points de denſité de l’acide vitriolique lorſqu’il étoit au-deſſus de quarante à quarante-cinq degrés ; pour y ſuppléer on fit un ſecond pèſe-liqueur qui, au lieu d’avoir O pour premier terme, commençoit où l’autre finiſſoit, & qui étoit continué ſuivant le même principe juſqu’à ſoixante-dix degrés. Cet aréomètre plongé dans l’acide vitriolique le plus concentré y marquoit ſoixante-ſix degrés.

Si ces pèſe-liqueurs étoient plongés dans quelqu’acide affoibli avec de l’eau, dans un volume connu, ils indiquoient que ces acides étoient moins concentrés de quelques centièmes de degrés, & il étoit fort difficile de faire cadrer ces centièmes avec les ſeize onces qui compoſent la livre. Comme les principes établis pour la conſtruction de l’échelle de ces pèſe-liqueurs étoient faux, les centièmes ou degrés indiqués par l’aréomètre, n’étoient pas le vrai nombre, par conſéquent l’uſage du pèſe-liqueur dans cet état, étoit d’une médiocre utilité.

Pour démontrer le peu de confiance que l’on doit avoir dans l’uſage des anciens pèſe-liqueurs, voici quelques réſultats des mélanges d’acide & d’eau à des doses relatives, qui font toujours un même tout des ſeize onces qui compoſent la livre ; & d’autres mélanges d’eſprit-de-vin & d’eau à des doſes faiſant ſeize demi-poiſſons, qui compoſent la pinte de Paris. J’ai pris de l’acide vitriolique concentré à ſoixante-ſix degrés, j’en ai mêlé

04 onces avec 13 onces d’eau.
08 onces avecs8 oncesd’eau.
12 onces avecs4oncesd’eau.

J’ai laiſſé prendre à ces mélanges la température de dix degrés au-deſſus du terme de la glace, J’ai plongé l’aréomètre de M. Baumé dans le mélange de quatre onces d’acide & douze onces d’eau ; il marquoit vingt-un degrés, & n’en devoit marquer que 16 , puiſque 16  : 66 : :  : 16. Je l’ai enſuite plongé dans le mélange de 8 onces d’acide & 8 onces d’eau : il marquoit 38 degrés, & n’en devoit marquer que 33, puiſque 33 : 66 : : 8 : 16. Enfin, dans le mélange de 12 onces d’acide & de 4 onces d’eau, l’aréomètre marquoit 52 , & n’en devoit marquer que 49  ; puiſque 49  : 66 : : 12 : 16.

J’ai fait de ſemblables mélanges d’acide nitreux & d’eau. Au peſe-liqueur de M. Baumé, l’acide nitreux le plus concentré marque 47 degrés à la température dite ci-deſſus. Si l’on mêle 4 onces de cet acide avec 12 onces d’eau, il marque audit pèſe-liqueur 16 degrés, & n’en devoit marquer que 11  ; puiſque 11  : 47 : : 4 : 16. Dans un mélange de 8 parties d’acide & 8 d’eau, il marque audit pèſe-liqueur, 31 degrés, & n’en devoit marquer que 23  ; puiſque 23  : 47 : : 8 : 16. Enfin, dans un mélange de 12 onces d’acide & 4 onces d’eau, il marque 42 degrés, & n’en devoit marquer que 35  ; puiſque 35  : 47 : : 12 : 16. La cauſe de ces défauts de proportion eſt évidente. Elle dérive du faux principe d’après lequel on a conſtruit l’aréomètre. On l’a diviſé en parties égales, & il falloit au contraire le diviſer en parties proportionnelles décroiſſantes, eu égard aux diverſes peſanteurs ſpécifiques qu’ont les acides mêlés à telle ou telle quantité d’eau. Je ne fais pas ici mention de l’acide marin, l’erreur n’est pas auſſi ſenſible que dans les deux précédens. »

L’aréomètre pour les eaux-de-vie a été également examiné. On a pris de l’eſprit-de-vin du commerce, qui marquoit trente cinq degrés au pèſe-liqueur de Cartier, après avoir été rectifié au bain-marie. Il marquoit trente-ſept degrés au même pèſe-liqueurs à la température de dix degrés au-deſſus du terme de la glace. Enſuite, avec de cet eſprit-de-vin & de l’eau diſtillée, on a fait trois mélanges à des doſes en rapport avec les ſeize demi-poiſſons que compoſent la pinte de Paris.

On a plongé le pèſe-liqueur de M. Cartier dans un mélange de douze demi-poiſſons d’eſprit-de-vin & quatre demi-poiſſons d’eau, il marquoit 26 & en devoit marquer 27 car 27  : 37 : : 12 : 16. Enſuite plongé dans un mélange de parties égales d’eſprit-de-vin & d’eau, il marquoit 19 degrés, & n’en devoit marquer que 18 , puiſque 18  : 37 : : 8 : 16. Dans le troiſième mélange de quatre demi-poiſſons d’eſprit-de-vin & douze d’eau, l’aréomètre marquoit 13 degrés, & n’en devoit marquer que 9 , puiſque 9  : 37 : : 4 : 16. Dans cette eſpèce d’eau-de-vie, l’acheteur ſeroit donc trompé avec un inſtrument fait pour le préſerver de l’erreur.

« Les aréomètres que j’annonce, dit M. Vallet, ſont conſtruits ſur de nouveaux principes, & n’ont pas les défauts des précédens. J’ai réuni deux objets bien eſſentiels dans cet inſtrument : l’un indique au juſte la quantité d’acide & d’eau dans un poids connu de liqueur, telle qu’une livre, & accorde les degrés avec les ſeize parties de la livre ; l’autre indique au juſte la quantité d’eſprit ardent & d’eau dans une meſure connue d’eau-de-vie, & accorde les ſeize degrés avec les ſeize parties ou demi-poiſſons qui compoſent la pinte de Paris.

Pour conſtruire mon échelle, 1o. je plonge un