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AIM

pouce de diamètre doit avoir, au moins, 30 pouces pour acquérir des pôles fixes par cette méthode ; & une barre de 30 pouces de long, doit n’avoir que ⅕ de pouce de diamètre ; car ſi elle étoit plus épaiſſe, elle n’auroit que des pôles variables.

5o. On a vu précédemment qu’une percuſſion forte & prompte, dans un morceau de fer aimanté, eſt capable de détruire ſa vertu magnétique ; une ſemblable percuſſion dans un morceau de fer qui n’a jamais touché à l’aimant, eſt capable de lui donner des pôles. On a mis ſur une groſſe enclume, & dans le plan du méridien, une barre de fer doux, longue & mince, & on a frappé, avec un marteau, ſur l’extrémité qui étoit tournée du côté du nord ; auſſi-tôt elle eſt devenue pôle boréal ; on a frappé pareillement l’autre extrémité, laquelle eſt devenue pôle auſtral ; il faut toujours obſerver, dans ces ſortes d’expériences, que la longueur de la barre ſoit proportionnée à ſon épaiſſeur, ſans quoi elles ne réuſſiſſent point. Cet effet, au reſte, que l’on produit avec un marteau, arrive auſſi en limant ou en ſciant la barre par une de ſes extrémités.

6o. Les outils d’acier qui ſervent à couper ou à percer le fer, s’aimantent par le travail, ſur-tout en s’échauffant, enſorte qu’il y en a qui peuvent ſoulever des petits clous de fer. Ces outils n’ont preſque point de force au ſortir de la trempe : mais, lorſqu’après avoir été recuits, on les lime & on les uſe, ils acquièrent alors beaucoup de vertu, qui diminue néanmoins quand ils ſe refroidiſſent. Les morceaux d’acier, qui ſe terminent en pointe, s’aimantent beaucoup plus fortement que ceux qui ſe terminent en une langue large & plate : ainſi un poinçon d’acier attire plus par ſa pointe, qu’un ciſeau ou qu’un couteau ordinaire : plus les poinçons ſont longs, plus ils acquièrent de vertu ; enſorte qu’un poinçon long d’un pouce & de 9 lignes de diamètre, attire beaucoup moins qu’un foret de 3 à 4 pouces & d’une ligne ½ de diamètre.

On a remarqué que la vertu attractive de tous les corps, aimantés de cette manière, étoit beaucoup plus forte, lorſqu’on en éprouvoit l’effet ſur une enclume ou ſur quelqu’autre groſſe pièce de fer ; en ſorte que, ſelon toutes les apparences, les petits clous devenus des aimans artificiels par le contact de l’enclume, préſentoient aux poinçons leurs pôles de différens noms, ce qui rendoit l’attraction plus forte que lorſqu’ils étoient ſur tout autre corps, où ils n’avoient plus de vertu polaire.

7o. On aimanta encore très-bien un morceau de fer doux & flexible, & toujours d’une longueur proportionnée à ſon épaiſſeur, en le rompant par l’une ou l’autre de ſes extrémités à force de le plier d’un côté & d’autre. C’eſt ainſi qu’on a aimanté un morceau de fil de fer très-flexible, long de deux pieds & demi, & de la groſſeur du petit doigt ; on l’a ſerré dans un étau à cinq pouces de ſon extrémité, & après l’avoir plié de côté & d’autre, on l’a caſſé : chacun de ſes bouts a attiré par la caſſure, un petit clou de broquette : on a remis dans l’étau le bout le plus long, & on l’a ſerré à un demi-pouce de la caſſure, & on l’a plié & replié pluſieurs fois ſans le rompre, & on a trouvé ſa vertu attractive conſidérablement augmentée à l’endroit de la caſſure : on l’a plié ainſi à huit différentes repriſes juſqu’au milieu, & il a pu lever quatre broquettes : mais lorſqu’on a continué de le plier au-delà du milieu vers l’autre extrémité, ſa vertu a diminué à l’endroit de la caſſure, & il a attiré au contraire, par le bout oppoſé, juſqu’à ce qu’ayant été plié pluſieurs fois juſqu’à cette dernière extrémité, il a ſoulevé quatre broquettes par celle-ci, tandis qu’il pouvoit à peine ſoulever quelques particules de limaille par l’extrémité où il avoit été rompu.

Si on plie un morceau de fer dans ſon milieu, il n’acquerra preſque pas de vertu magnétique : ſi on le plie à des diſtances égales du milieu, chacune de ſes extrémités ſera aimantée ; mais plus foiblement que ſi on ne l’avoit plié que d’un côté.

8o. Enfin M. Marcell, de la ſociété royale de Londres, a trouvé un moyen de communiquer la vertu magnétique à des morceaux d’acier, qui eſt encore indépendant de la pierre d’aimant.

Ce moyen conſiſte à mettre ces pièces d’acier ſur une enclume bien polie, & à les frotter ſuivant leur longueur, & toujours dans le même ſens, avec une groſſe barre de fer verticale, dont l’extrémité inférieure eſt arrondie & bien polie ; en répétant ce frottement un grand nombre de fois ſur toutes les faces de la pièce d’acier qu’on veut aimanter, elle acquiert autant de vertu magnétique que ſi elle eût été touchée par le meilleur aimant ; c’eſt ainſi qu’il a aimanté des aiguilles de bouſſole, des lames d’acier deſtinées à faire des aimans artificiels, & des couteaux qui pouvoient porter une once trois quarts.

Dans les morceaux d’acier qu’on aimante de cette manière, l’extrémité par où commence le frottement ſe dirige toujours vers le nord, & celle par où le frottement finit, ſe dirige vers le ſud, quelle que ſoit la ſituation de l’acier ſur l’enclume.

Cette expérience réuſſit, au reſte, beaucoup mieux lorſque le morceau de fer ou d’acier qu’on veut aimanter, par cette méthode, eſt dans la direction du méridien magnétique, un peu inclinée vers le nord, & ſur-tout entre deux groſſes barres de fer aſſez longues pour contenir & contre-balancer l’effort des écoulemens magnétiques qu’on imprime au morceau d’acier.]

Les huit procédés qu’on vient de décrire d’après M. le Monnier, auteur de l’article magnétiſme de