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sentoient leurs dieux sous des figures d’animaux & d’hommes monstrueux.

2o. Les deux principaux dogmes de la religion des égyptiens, étoient la transmigration des ames & le culte de Sérapis, qu’ils représentoient sous la figure d’un bœuf ou d’une vache. Or, il est certain que ces deux dogmes sont aussi le fondement de la religion des nations asiatiques. Personne n’ignore le respect aveugle que ces peuples ont pour les animaux, même les plus nuisibles, dans la persuasion où ils sont que les ames humaines sont logées dans leur corps. Tout le monde sait aussi qu’ils rendent aux vaches des honneurs superstitieux & qu’ils en placent les figures dans leurs temples. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que plus les nations barbares approchent de l’Égypte, plus on leur trouve d’attachement à ces deux dogmes.

3o. On trouve chez tous les peuples de l’Asie orientale la plupart des divinités égyptiennes, quoique sous d’autres noms.

4o. Ce qui confirme sur-tout la conjecture de Kempfer, c’est que 536 ans avant Jesus-Christ, Cambyse, roi des perses, fit une irruption dans l’Égypte, tua Apis qui étoit le palladium de ce royaume, & chassa tous les prêtres du pays. Or, si on examine l’époque ecclésiastique des siamois, qu’ils font commencer à la mort de Xékia, on verra qu’elle tombe précisément au temps de l’expédition de Cambyse ; de-là il s’ensuit qu’il est très-probable que Xékia se retira chez les indiens, auxquels il enseigna la doctrine de l’Égypte.

5o. Enfin, l’idole de Xékia est représentée avec un visage éthiopien & les cheveux crépus : or, il est certain qu’il n’y a que les africains qui soient ainsi faits. Toutes ces raisons bien pésées, semblent ne laisser aucun lieu de douter que Xékia ne fut africain, & qu’il n’ait enseigné aux indiens les dogmes qu’il avoit lui-même puisés en Égypte.

ATH

ATHÉES anciens (système des) hist. de la philosophie ancienne. Le système de Démocrite étoit composé de l’ancienne Philosophie des atomistes, & de la pensée où il étoit qu’il n’y a dans le monde, que des corps. Voyez Atomisme. Cette manière de philosopher est un pur athéisme, comme on le va voir ; quoique les deux parties, dont elle est composée, n’en puissent pas être accusées, si on les considère séparément

L’ancien système des premiers atomistes est, comme on l’a dit dans l’article cité ci-dessus, incompatible avec l’athéisme ; puisqu’il conduit l’esprit de l’homme à reconnoître qu’il y a des esprits & un Dieu distinct de la matière. Il se peut faire aussi que ceux, qui croient qu’il n’y a rien que des corps, soient néanmoins persuadés qu’il y a une Divinité, quoique corporelle ; & qu’une nature intelligente logée dans la matière a formé le monde & le gouverne encore à présent. En effet quelques[1] corporéalistes s’imaginèrent autrefois que le monde est un animal sage & intelligent, qui a disposé toutes choses en lui-même, comme elles le sont, & de la manière la meilleure qu’il fût possible, & qu’il les conduit, par sa providence. On ne peut pas nier que ce ne fût, faute de raisonner juste, que ces philosophes ne se trouvoient pas capables de concevoir autre chose que des êtres corporels, c’est-à-dire étendus & impénétrables ; & qu’ils n’eussent une idée de la divinité non-seulement imparfaite, mais encore fausse, pendant qu’ils la concevoient corporelle. Néanmoins on ne peut pas en conclure qu’ils étoient athées. Mais ceux qui admettoient ces deux principes : qu’il n’y a aucune substance que les corps ; & que dans les corps il n’y a que de l’étendue, de la solidité, de la grandeur, des figures, une certaine situation & du mouvement, sans aucune qualité, ne peuvent passer que pour de véritables athées, quoiqu’ils le puissent nier. Car enfin il faut qu’ils tirent l’origine de toutes choses d’une matière insensible ; au lieu qu’assurer qu’il y a un Dieu, c’est assurer qu’elles la tirent d’une nature intelligente.

Ce n’est pas sans raison qu’un savant anglois remarque qu’on ne doit pas accuser d’athéisme ceux qui croiroient un Dieu corporel. Il y a eu d’anciens chrétiens, comme Meliton, Tertullien & d’autres qu’on ne peut soupçonner, sans une extrême injustice, d’avoir été athées, & qui ont néanmoins enseigné que Dieu étoit corporel. Quelques-uns même lui ont attribué une forme humaine, & cette pensée toute absurde qu’elle est, ne les a pas fait condamner d’athéïsme. Voyez là-dessus les dogmes théologiques de Denys Petau. Tom. I. liv. II c. i. & ce qu’on dira ci-dessous, sur le paragraphe XVIII.

II. Néanmoins Epicure, qui embrassoit les deux principes des athées, dont on a parlé, faisoit profession de croire qu’il y avoit un grand nombre de dieux. Il disoit qu’ils étoient d’une forme, semblable à celle des hommes, mais qu’ils avoient un corps si mince qu’on pouvoît le nommer immatériel, si on le comparoit avec les nôtres. Ils n’avoient pas du sang, mais comme du sang : non sanguinem, sed quasi sanguinem ; ni de la chair, mais comme de la chair : non carnem,

  1. C’est ainsi qu’on nomme, assez heureusement, ceux qui ne reconnoissent que des corps.