Page:Encyclopédie méthodique - Philosophie - T1, p1, A-B.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée

ARI ARI 217

à la symmétrie universelle, se sont trouvées dans la nature. Répondre, comme dans le passage de Plutarque, que cela s’est fait par le hasard, c’étoit rentrer dans les songes de Démocrite, & se charger de tout ce qu’on lui a opposé sur ce point de sa doctrine, sornnia Democriti, non docentis sed optantis. (Lucul. 38). Ce n’était plus être philosophe, ni raisonner par les causes, puisque le hasard n’est rien, & qu’il n’offre aucune idée à l’esprit. Il fallait donc qu’on accordât gratuitement à Straton, non-seulement le principe qui servoit de base à son systême, mais encore d’autres suppositions indépendantes de ce principe.

En supposant les élémens animés & vivans par eux-mêmes, Straton avoit encore besoin, comme les autres philosophes, de distinguer, d’après ces phénomènes, deux sortes de matières, l’une plus subtile, l’autre plus grossière, qu’il partageoit en autant de degrés qu’il lui en fallait pour établir la continuité de la nature, depuis le plus haut des cieux, jusqu’au centre de la terre, dans ses différentes espèces.

Avec la matière subtile, il formait les astres, & donnoit à peu près la première raison de leurs mouvemens, par la nature, le nombre & l’arrangement de leurs élémens composans, qu’il pouvoit imaginer & combiner à son gré. Il donnait de même les raisons des espèces terrestres, en estimant les doses & la nature des pièces camposantes, par les fins, les propriétes, les facultés qu’il voyait dans les espèces composées. Par exernple, la plante était plus parfaite que la pierre, parce qu’il entroit dans sa composition, artistement organisée, une plus forte dose de matière active. L’animal était plus parfait que la plante, par une dose plus grande & par une organisation plus savante. L’homme à son tour était plus ingénieux que l’âne, ou le cheval, par un triage de parties plus excellentes & parce qu’il a outre les yeux & les oreilles, la main fendue en cinq doigts, qui lui rendent le tact plus fin, & les perceptions plus distinctes. Au-dessus de l’homme, il mettait, selon toute apparence, d’autres espèces encore plus parfaites : Qui pouvoir lui fixer des limites ? Ceux qui sont placés au plus haut degré, étaient apparemment ce qu’il appelloit les dieux. Mais circonscrits comme les autres êtres, dans leurs essences ils n’étaient, comme tout le reste, que des parties, & non les maîtres du monde.

On voit les conséqnences d’un pareil systême, qui ramene tout au hasard des rencontres & à la spontanéité des mouvemens, sans cause intelligente universelle. Tout va où il peut aller, & y va nécessairement. Il n’y a dans le monde, ni centre, ni principe d’union. Que tout soit ensemble ou dispersé, par gradation, ou par saut, bien

Philosophie anc, & mod. Tome I.

on mal, cela ne fait rien à la nature, qui se plaît également dans l’ordre, ou dans le désordre : se conservant, s’il le faut ; se détruisant, s’il le faut encore ; toujours entière, toujours également bien, soit dans ses organisations, soit dans ses ruines.

Mais nous devons dire ici que ce systême, comme ious les autres faits par les anciens philorophes pourrait être corrigé & devenir moins choquant. On pourrait dire qu’il a plu à Dieu d’attacher aux ditfférentes parcelles de la matière cette vitalité vague qui cherche à s’unir à d’autres parties, & s’organiser, selon des plans tracés dans la nature même des élémens. Cette idée reviendrait à peu près aux natures plastiques. (Voyez cet article.) que quelque modernes ont cru pouvoir admettre, & concilier avec le dogme de la providence.

Dans tout ce que nous avons dit jurqu’ici de la philosophie d’Aristote & de celle de Straton, nous n’avons prétendu en donner qu’une idée très-générale, mais exacte & conforme an but que nous nous sommes proposé dans cet article. Tous les détails ultérieurs que le lecteur pourroit desirer à cet égard, se trouveront à l’article philosophie péripatéticienne où nous exposerons, par une suite de propositions extraites des ouvrages même d’Aristote, les opinions particulières de ce philosophe sur la Logique, la Physique, la Métaphysique, la Morale, &c.

A l’égard de ses disciples les plus célébres, tels que Straton qui a philosophé sur d’autres principes que ceux de son maître, comme il ne nous rese rien de ses écrits, nous prendrons ses dogmes principaux & qu’on peut-être curieux de connaître, dans Cicéron, & dans les auteurs anciens qui en ont parlé avec le plus d’exactitude & de clarté. C’est pour ne pas donner trop d’étendue à cet article aristotélisme, que nous avons cru devoir nous borner à ne présenter au lecteur sur un sujet si vaste que des idées sommaires dont il trouvera le développement dans un autre article que nous ne pourrions omettre, & qui est destiné à dervir de dupplément, ou plutôt de complément à celui-ci.

De la secte & de la doctine d’Aristote jusqu’à la venue de Jésus-Christ.

La doctrine d’Aristote demeura. tout-à-fait dans l’obscurité, pendant que celle de Platon devint si florissante dans la Grèce & dans l’Italie, alors les seuls pays où les lettres étaient en quelque réputation.

Théophraste, le disciple fidèle d’Aristote, fut son successeur dans le lycée : jamais disciple ne fut plus digne de l’amitié d’un tel maître, dont

E e.