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loppée d’obscurités, il prétend que dans cette science on doit s’élever comme par degrés aux notions claires & évidentes, par celles qui ne le sont pas, & qu’il faut descendre du genéral au particulier : il ajoute que c’est ainsi que tout s’éclaircit en devenant sensible par les circonstances particulières de chaque chose ; & il applique cette méthode aux différentes recherches qu’il se propose. Il décrit dans le premier & le second livre du ciel, les astres, la matière dont ils font formés, leurs qualités, leur mouvement, leur situation, leur figure & tout ce qui concerne la construction du monde ; & dans le troisième & le quatrième il traite de la pesanteur de la légèreté des corps célestes, & des opinions différentes qu’en avoient les anciens : il y parle des élémens & de leurs qualités.

Il expose au livre premier des météores, tout ce qui se passe dans l’air : au troisième & au quatrième ce qui se passe sur la terre & dans la mer : c’est là qu’il traite des vents, du tonnerre, des éclairs, des foudres, des exhalaisons, de l’arc-en-ciel, des parélies : & au quatrième il parle du froid & du chaud, de la sécheresse & de l’humidité, de la putréfaction, des sels, des différentes qualités des corps mixtes, de leur mélange, & de leur tempérament.

Il explique dans les trois livres de l’ame tout ce qui regarde sa nature, & ses opérations, soit par l’entremise des sens extérieurs, soit par les facultés intérieures.

Dans les livres des petites questions naturelles, il remarque plus en détail, tout ce qui regarde la sensation, la mémoire, la reminiscence, le sommeil, les veilles, les songes, les pronostics des songes, le mouvement des animaux, leur démarche, la longueur & la briéveté de la vie, la vieillesse, la jeunesse, la réputation, la maladie & la santé.

C’est sans doute ce coup d’œil général & rapide jetté sur la nature & sur les différens phénomenes qu’elle présente à un observateur exact qui a fait dire à Cicéron que la pénétrante curiosité des péripatéticiens s’étoit portée tout-à-la fois & avec un soin égal sur tous les phénomènes du ciel, de la terre & de la mer. Natura sic ab iis investigata est, ut nulla pars caelo, mari, terra . . . . . . . praetermissa sit. (de finib. I. . c. 4.). Mais quoiqu’il y ait beaucoup à louer dans cet ouvrage d’Aristote, sur-tout pour le temps où il écrivoit, (ce qu’on doit toujours considérer, lorsqu’on veut juger solidement d’un auteur & du mérite de ses productions), il faut avouer avec un de ses plus grands admirateurs, qu’il y a bien de la confusion dans les huit livres de sa physique . . . . . . « Rien n’est plus obscur, plus difficile à comprendre que sa matière première, & l’éduction des formes de cette matière : tout le traité du mouvement est abstrait : ce qu’il prétend prouver de l’éternité du mouvement, par la circulation, au huitième livre : est incompréhensible, & tout ce livre est trop métaphysique. Le traité du temps & du lieu n’est point point purement physique, puisqu’il peut convenir aux esprits. Ce qu’il dit du temps est pris d’Archytas, comme ce qu’il dit du mouvement est pris d’Ocellus & ce qu’il dit du vuide est pris de Timée : ainsi que l’a remarqué Patricius. Ce qu’il avance dans les deux premiers livres du ciel, les traités des comètes, de l’arc-en-ciel, & de quelques autres météores, ne se trouve pas véritable en toutes ses circonstances : il faut en excepter le quatrième livre des météores, qui semble plus exact que les autres. sa fituation qu’il a donnée dans le livre troisième du ciel, à la sphère du feu élémentaire au-dessus de la lune, conformément à l’opinion de Leucippus & de Démocrite, sans aucun fondement, il a prétendu au livre second des météores, que la terre ne peut être habitée sous l’équateur, ce qui s’est trouvé faux. Mais ce qu’il enseigne de l’éternité du monde, quelque hétérodoxe qu’il soit, est toutefois plus pardonnable que le reste. Il n’a pu concevoir le créateur, que de la manière dont nous concevons le soleil, qui produit la lumière au moment qu’il commence d’être.

« Patricius, philosophe vénitien dans son livre des discussions de la doctrine d’Aristote ; Ramus dans ses écoles de Physique ; Gassendy dans ses observations contre les péripatéticiens, rapportent un grand nombre de choses, où ce philosophe s’est mépris dans la Physique, sur-tout dans force & la construction des corps célestes dans l’histoire des animaux, dans l’anatomie du corps humain, & dans quelques autres matières. J’avoue que la Phvsique moderne s’est tellement instruite par les expériences, par le secours des nouveaux instrumens dont elle se sert, qu’elle peut avoir surpassé Aristote en certaines choses, qui se sont plus éclaircies dans la suite des temps : & que les opinions des anciens philosophes, contenues dans le second tome des œuvres de Plutarque, sur le ciel & les astres, se sont trouvées la plupart. fausses, par les instrumens propres aux observations célestes, inventés dans ces derniers siècles. Enfin je conviens qu’qu’Aristote est moins démonstratif dans sa Physique, que dans les autres parties de sa Philosophie, que sa méthode y est moins exacte, & qu’on y reconnoit moins le caractère de son esprit : mais on doit imputer ce défaut encore plus à la matière qu’à l’esprit de l’ouvrier, qui

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