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insectes qui, nés à la fin de l’été, n’ont pas eu le tems de s’accoupler, passent l’hiver enfermés dans des trous, sous l’écorce des arbres, ou même dans la terre : ils n’en sortent qu’au printems suivant pour satisfaire au vœu de la nature & périr ensuite.

Tous les insectes sont ovipares. Le cloporte & l’aselle paroissent cependant ovipares, parce que les petits sortent vivans des œufs que la mère avoit pondus précédemment, & qui se trouvoient renfermés dans une espèce de poche ou sac qu’elle porte sous son ventre, comme on peut s’en assurer en ouvrant le corps des femelles lorsqu’on apperçoit qu’il est très-gros & très-renflé. Ainsi le cloporte & l’aselle sont véritablement ovipares, & ils différent peu à cet égard des autres crustacés qui n’abandonnent pas leurs œufs, mais les emportent avec eux jusqu’à ce que les petits en soient sortis. Reaumur & Bonnet ont observé que les pucerons mettoient au monde des petits vivans dans une saison de l’année, tandis qu’ils pondoient des œufs dans une autre. Leurs observations ont été plus loin ; ils ont vu que ces petits animaux pouvoient se reproduire sans qu’ils eussent besoin de s’accoupler chaque fois : un seul accouplement pouvant servit à plusieurs générations. Quoiqu’il ne soit pas permis de douter des observations de ces illustres auteurs, avant d’avoir observé le contraire, ce fait est si extraordinaire & si peu vraisemblable, qu’il semble qu’il auroit été nécessaire que d’autres naturalistes eussent fait la même observation pour l’admettre. Rhedi a avancé que le scorpion étoit vivipare ; un autre a cru que les dents des peignes que ces insectes portent au-dessous de leurs corps, étoient autant de mamelons destinés à l’allaitement des petits.

Dès que les femelles des insectes sont fécondées, elles cherchent à déposer leurs œufs dans un endroit convenable, où les petits en naissant puissent trouver la nourriture dont ils auront besoin. Les papillons, les phalènes, &c. placent leurs œufs sur la plante qui doit servir d’aliment aux chenilles. Les libellules retournent aux eaux bourbeuses qu’elles avoient abandonnées depuis quelque tems. On connoît les soins que prennent les abeilles pour leurs petits. Les sphex & les ichneumons enfoncent leurs aiguillons dans le corps des chenilles & des larves de plusieurs coléoptères pour y déposer leurs œufs. La plûpart des coléoptères percent le bois le plus dûr ; d’autres fouillent la terre pour les placer dans la racine des plantes. L’œstre suit avec opiniâtreté le bœuf, le mouton, le renne, le cheval, pour déposer les siens dans le cuir, dans les naseaux, dans les intestins de ces animaux. Les araignées les enveloppent d’un tissu soyeux, les placent à portée de leurs toiles, ou les emportent avec elles. Les œufs des crustacés sont attachés les uns aux autres en forme de grappe de raisin, entre les feuillets membraneux qui se trouvent sous la queue de ces insectes.

Tous les insectes pourvus d’aîles se montrent sous plusieurs formes différentes jusqu’à ce qu’ils parviennent enfin à leur dernier état, qui est celui d’insecte parfait. (Imago, Fab.) On a donné le nom de métamorphose à ces différentes transformations. Les différents états par lesquels passent les insectes, sont, 1o. celui d’œuf ; 2o. celui de larve ; 3o. celui de nymphe ; 4o. enfin celui d’insecte parfait.

1o. L’œuf, ovum. Nous croyons tous les insectes ovipares. Quoique Reaumur semble avoir observé le contraire dans les pucerons qui font des œufs en printems & des petits vivans en automne. Si l’observation de ce célèbre naturaliste est exacte, il peut arriver que l’œuf reste dans le corps de la mère jusqu’à ce que le puceron en sorte vivant, ainsi qu’on l’apperçoit aux cloportes dont les petits sortent vivants des œufs renfermés dans le sac que ces insectes portent sous leur ventre. Les œufs des insectes, ainsi que ceux de tous les animaux dont le sang est froid, n’ont pas besoin d’incubation pour éclorre : la chaleur seule de l’atmosphère en fait sortir les petits dans le tems qui leur est le plus convenable. Ainsi, si quelques-uns portent leurs œufs avec eux, c’est moins pour faciliter leur développement que pour en prendre plus de soin, & afin qu’ils ne soient pas exposés à la voracité des autres animaux. La forme des œufs des insectes varie dans les différentes espèces ; ils sont globuleux, ovales, allongés, linéaires, lisses ou velus, hérissés de poils, &c. Ils sont tous composés de deux substances, l’une interne, liquide, à-peu-près semblable à celle des autres animaux, l’autre externe, servant d’enveloppe, & formant une espèce de tunique molle, membraneuse, élastique, quelquefois dure & solide. Mais indépendamment de