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bre de deux ou de quatre. Elles sont membraneuses & parsemées de veines qui forment quelquefois un joli réseau : les supérieures sont ou simplement membraneuses, ou plus ou moins coriaces : on leur a dorme le nom d’élytre, ἔλυτρον, qui signifie étui, lors qu’elles ont de la consistance, qu’elles ne servent point à l’insecte à voler ; & qu’elles font l’office de véritables étuis. Les élytres sont dures & coriaces, dans les coléoptères ; elles sont presque membraneuses dans les orthoptères ; à moitié coriaces & à moitié membraneuses dans les punaises ; semblables aux véritables aîles, dans les pucerons & quelques cigales. Indépendament des aîles & des élytres, on remarque encore dans la classe des diptères les cueillerons & les balanciers. Les cueillerons sont deux pièces convexes d’un côté, concaves de l’autre, en forme de petites écailles ou de cuiller, qui se trouvent un peu au-dessous de l’origine des aîles, un de chaque côté. Ces pièces manquent dans quelques espèces. Les balanciers halteres sont de petits filets mobiles très-minces, plus ou moins alongés, & terminés par une espèce de bouton arrondi ; ils sont placés sous les cueillerons, dans les espèces qui en sont pourvues, ou se trouvent à nud, dans celles qui n’ont point de cueillerons.

On remarque à la partie postérieure de la poitrine des scorpions, deux pièces, une de chaque côté, que leur forme a fait nommer peignes, pectines, & qui ont effectivement une rangée de dents disposées à-peu-près comme celle d’un peigne. Le nombre de ces dents étant différent dans les différentes espèces, Linné, Fabricius, & plusieurs autres naturalistes ont tiré de ces parties le caractère distinctif de ces insectes.

L’accouplement ou le concours du mâle & de la femelle, est aussi nécessaire aux insectes qu’aux autres animaux pour leur réproduction. On ne croit plus aux générations spontanées depuis les expériences de Rhedi, de Valisnieri, de Leuvenhoek, de Swammerdam, de Réaumur, & de tant d’autres célèbres naturalistes. On ne connoît parmi presque tous les insectes, que des mâles & des femelles ; mais parmi quelques-uns qui vivent en société, tels que les abeilles, les fourmis, les mutilles, les thermès, &c. il y a non seulement des mâles & des femelles, mais encore des mulets, c’est-à-dire des individus qui ne jouissent d’aucun sexe, qui ne peuvent pas se reproduire & s’accoupler, & qui prennent cependant le plus grand soin des œufs & des petits. Il n’y a point d’hermaphrodites parmi les insectes ; les parties mâles & les parties femelles, propres à la génération, sont toujours sur des individus différens.

La prodigieuse fécondité des insectes étonneroit sans doute, si nous ne considérions en même tems qu’ils fervent de nourriture à la plupart des oiseaux, à plusieurs autres animaux, & qu’ils se détruisent même les uns les autres. La nature attentive aux besoins de tous les êtres organisés, semble avoir répandu avec profusion sur le globe, les espèces les plus foibles, celles qui doivent servir à la nourriture d’un plus grand nombre d’animaux ; tandis qu’elle a été plus avare des grandes espèces, & de celles surtout qui sont les plus destructives.

Les parties qui constituent le sexe des insectes, sont ordinairement simples, placées au bout de l’abdomen, & cachées dans l’ouverture nommée anus, qui donne aussi issue aux excrémens. Il est aisé de s’assurer du sexe d’un insecte ; il faut pour cela lui presser le ventre assez pour faire sortir ces parties ; on reconnoîtra facilement celles du mâle, aux crochets qui les accompagnent, & celles de la femelle à une espèce de tarière qui les termine. Tous les insectes n’ont pas les parties de la génération placées à l’extrémité de leurs ventres. Les araignées mâles les ont doubles, & elles les portent à la dernière pièce des antennules : elles sont simples dans la femelle & placées vers l’origine de leur ventre. Les crabes, les écrévisses, &c. tant mâles que femelles, ont aussi ces parties doubles, les femelles les ont à la base de la troisième paire de pattes, & les mâles à la base des postérieures. Elles sont simples dans les libellules, & placées à l’origine du ventre dans le mâle, & à l’extrémité dans la femelle. Les insectes ne vivent ordinairement que quelques mois dans leur dernier état, & souvent ils n’existent que quelques jours, & même quelques heures. Immédiatement après l’accouplement, la plûpart des mâles périssent ; la femelle ne survit que pour déposer ses œufs, après quoi elle périt à son tour. Mais comme la propagation des espèces est le but de la nature, les