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Des insectes dans leur dernier état, ou leur état de perfection.

C’est dans leur état de perfection qu’on prend le plus grand nombre d’insectes, & ce n’est que pour les avoir dans cet état que souvent on les ramasse dans ceux qui le précédent ; cependant, pour en faire l’histoire, pour en former une collection qui donne de cette histoire une idée qui ne laisse rien à désirer, & qui offre la suite de la vie des insectes, il faudrait les posséder dans tous leurs états, à commencer par l’œuf, ensuite la larve, la nymphe ou la chrysalide, & l’insecte parfait, avec les ouvrages qu’il a exécutés dans ses différens états.

Il n’y a pas de collection de ce genre complette, & on ne trouve dans les cabinets que quelques espèces pour lesquelles on ait pris ces soins & l’on soit entré dans ces détails. Il est aisé de conserver les œufs & les insectes dans leur dernier état, sans qu’ils perdent que très-peu de leur forme & de leurs couleurs ; mais la forme des larves est plus difficile à conserver, leurs couleurs & celles des chrysalides changent toujours plus ou moins. Ce sont, sans doute, les raisons pour lesquelles on ne fait que rarement entrer les larves & les chrysalides dans les collections : cependant il vaudroit encore mieux les conserver, quoique d’une manière imparfaite, que de ne les pas avoir du tout ; elles retiendroient toujours beaucoup des traits qui les distinguent, & une note suppléeroit aux changemens arrivés aux larves, aux chrysalides, dont la forme ou les couleurs se seroient altérées. Nous exhortons donc les personnes qui feront des collections dans le lieu de leur demeure, & les voyageurs, autant qu’ils le pourront, à ramasser les œufs, les larves, les chrysalides, les insectes dans leur dernier état & les différens ouvrages exécutés pendant leur vie. Nous avons traité de la manière de conserver les larves & les chrysalides, les ouvrages, suites des travaux, n’exigent que d’être recueillis ; il ne nous reste qu’à parler de la manière de ramasser les insectes dans leur état de perfection.

On s’est, depuis quelques années, livré à ce genre de recherche si souvent, avec tant d’ardeur, qu’on en a fait une sorte d’art ; chacun l’a exercé à sa manière & selon des procédés qu’il a cru devoir préférer. Je traiterai, 1o. des lieux où l’on trouve les insectes ; 2o. de la manière de les ramasser ou de les prendre, & des instrumens nécessaires à ce genre de capture ; 3o. de la façon de faire mourir, de conserver, d’envoyer les insectes & de les garantir de ce qui peut ou en détruire la collection, ou l’endommager, même en diminuer l’éclat.

Des lieux où l’on trouve les insectes.

Il n’y a pas d’endroit où l’on ne trouve des insectes, comme il n’y a point de substance animale ou végétale dont ils ne se nourrissent ; mais ils sont plus abondans, plus variés dans certains lieux que dans d’autres, & les diverses classes, habitent en général, des endroits différens.

C’est à la campagne, dans les bois, qu’on trouve les plus grands Coléoptères, le plus grand nombre des Capricornes, des Leptures, les espèces de Papillons de jour ou de nuit les plus variées. On trouve aussi beaucoup d’insectes dans les prairies, sur-tout dans la saison où les plantes y sont en fleur. Les Ditiques, les Hidrophiles, les Corises, les Punaises à aviron, & beaucoup d’autres espèces ne se trouvent que dans les eaux stagnantes ou qui ont très-peu de cours. Il y a des espèces qui préfèrent les lieux élevés, exposés au midi, secs & arides ; d’autres qui ne se tiennent que dans les endroits bas, frais, ombragés & humides ; les unes voltigent incessamment de place en place, de fleur en fleur, les autres demeurent plus constamment sur les fleurs ou les feuilles des arbres ou des plantes ; on en trouve beaucoup de cachées sous les pierres, parmi les substances corrompues, & qui fermentent, comme les corps morts des