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Il a eu pour successeur Julien Alaterre, nommé par arrêt du conseil du 24 novembre 1767.

A ce dernier a succédé Laurent David, qui a été remplacé par Nicolas Salzard, adjudicataire actuel, mis en possession au premier octobre 1780, par arrêt du 5 juillet.

Dès le 9 janvier précédent, le roi avoit fait connoître ses intentions sur la nouvelle forme qu’alloit prendre la perception de ses droits, par un réglement qui annonce des vues pleines de sagesse & d’amour pour les peuples, & prépare des changemens essentiels à leur repos.

Cette perception est divisée entre trois compagnies, qui sont, la ferme générale, la Régie générale, & l’administration des domaines.

Chacune des trois compagnies a son adjudicataire séparé.

Salzard est, comme on l’a dit, pour la ferme générale.

Pour la régie générale, Henry Claver, suivant les lettres-patentes pour sa prise de possession du 5 juillet 1780.

Pour l’administration des domaines, Jean-Vincent René, suivant l’arrêt du conseil, portant prise de possession, du 4 août 1780.

Autrefois l’adjudicataire, ou prête-nom de la ferme générale, avoit six mille livres par année pendantla durée du bail dont il étoit prête-nom. Ce salaire étoit ensuite réduit à moitié pendant dix autres années. Depuis le dernier bail, cet adjudicataire n’a plus que autre mille livres par an.

Ceux de la régie générale & de l’administration des domaines, ont trois mille livres.

Adjudication, s. f. qui exprime l’acte par laquelle une chose est adjugée.

ADJUGER, c’est accorder la préférence dans une vente publique, au plus offrant & dernier enchérisseur ; & dans une proclamation d’ouvrages ou d’entreprises au rabais, à celui qui demande le moins.

Les juges ne peuvent adjuger les marchandises sauvées du naufrage, ou des marchandises provenant de prises sur les ennemis de l’état, qu’à la charge d’en payer les droits d’entrée du royaume. Article 2 du titre 5 de l’ordonnance de 1687. Arrêt du conseil du 27 août 1778, portant réglement sur les marchandises de prise.

ADMINISTRATEUR, s. m. Pour se renfermer dans l’acception de ce mot, relativement aux finances, nous ferons ici le portrait de l’administrateur de cette partie, dans un grand état. Nous empruntons les couleurs de l’homme de génie qui, après avoir tracé toutes les qualités nécessaires à un administrateur des finances, devoit lui-même se montrer l’émule de l’immortel ministre dont il avoit été le panégyriste.

Si, comme nous l’avons estimé dans notre orgueil, l’homme est l’image de Dieu sur la terre, celui qui peut, avec le plus de raison, prétendre à cet auguste titre, c’est, après le souverain, l’administrateur des finances.

Comme le maître du monde, il doit gouverner sans effort & sans paroître. Ainsi que l’Être suprême fait servir le mouvement à l’harmonie de l’univers, un administrateur des finances doit diriger les passions vers la force & la félicité publiques. C’est lui qui doit rassembler en sa pensée les droits de l’homme & ceux d’une nation ; ce qu’il faut à l’un pour son bonheur, ce que l’autre exige pour sa défense.

Il doit être le médiateur entre l’intérêt personnel qui se refuse à l’impôt, & les besoins de la société qui le réclament.

Recevoir les tributs imposés, payer les dépenses fixées, c’est une fonction bien facile ; mais combiner les ressources d’un état, sentir les justes rapports entre la richesse & l’impôt, entre le prix des denrées & les facultés des hommes, entre l’agriculture & l’industrie, entre le bonheur & la force ; démêler ces vérités qui sont en raison composée de tant de motifs ; parcourir les institutions & les usages ; voir où s’arrêtent leurs avantages, ou commencent leurs abus ; réformer les uns sans détruire les autres ; concevoir un dessein & diriger vers son but toutes les circonstances ; former de nouveaux plans & les faire avancer sans convulsion, sans révolter l’habitude & l’esprit pratique des hommes, sans produire par une trop grande ardeur, de nouvelles résistances ; voilà, peut-être, le plus grand travail qui puisse être confié à l’intelligence de l’homme.

Dans la constitution actuelle des sociétés, c’est à l’administration des finances que se rapportent toutes les parties du gouvernement. C’est elle qui doit indiquer à la marine, à la guerre, la portion de richesse qu’on peut consacrer à sa force ; c’est elle qui doit enseigner à la politique le langage de la puissance ; c’est, enfin, l’administrateur des finances qui enveloppe dans ses soins les intérêts de tout un peuple ; car c’est par une juste mesure & une intelligente application des impôts, qu’ils accompagnent l’industrie, sans la combattre, & que le travail s’unit au bonheur ; c’est par une sage distribution des dépenses, que le tribut des citoyens remplit sa destination, & retourne en accroissement de sûreté, d’ordre & de tranquillité.

Quelle éminente & redoutable fonction que celle où l’on peut se dire : Tous les sentimens de mon cœur, tous les mouvemens de ma pensée, tous les instans de ma vie peuvent nuire ou servir au bonheur de vingt-quatre millions d’hommes, & préparer la ruine ou la prospérité de la race future.

La sensibilité donne à un administrateur des finances le desir d’être utile aux hommes ; la vertu lui en fait un devoir ; le génie lui en ouvre les moyens ; le caractere les met en usage, & la connoissance des hommes adapte ces moyens à leurs passions & à leurs foiblesses.

La sensibilité qu’on lui demande, n’est pas cette sensibilité commune qui s’agite à l’aspect d’un misérable, & qui se calme après avoir détourné la vue ; mais une sensibilité vaste, durable & profonde, capable d’unir son bonheur personel au bonheur de