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DISCOURS

n’est un à six cents ; ainsi le plus grand nombre mérite la préférence. »

On conseilla à ce prince, en second lieu, de faire faire une révision générale de tous les effets qui formoient la dette de l’Etat, afin de le soulager par leur réduction.

Enfin, pour troisieme conseil, on lui représenta qu’il étoit nécessaire d’établir une chambre de justice dont les recherches contre les traitans & gens d’affaires, produiroient de quoi éteindre sept à huit cents millions de dettes. Réflexions politiques sur les finances, tome premier, page 85.

Le Régent & le conseil se refuserent au projet déshonorant de ne pas reconnoître les dettes contractées par le feu roi. Il fut unanimement résolu de maintenir la foi publique ; & au milieu des inquiétudes les plus alarmantes, on eut du moins la satisfaction consolante d’avoir rejeté un remede honteux & violent, dont la proposition ne pouvoit êtres excusée, que par l’énormité des maux auxquels on l’appliquit.

Mais les deux autres moyens furent adoptés. Tout le monde fait que l’établissement du bureau du visa, au vieux Louvre, eut pour objet de faire la vérification des effets, billets & promesses de toute espèce ; que son résultat fut de réduire la dette de près d’un milliard, en retranchant deux, trois & quatre cinquièmes sur quelques-uns de ces effets, & d’échanger les parties conservées, contre des billets auxquels on donna le nom de billet de l’Eat. Voyez le mot billet. L’article chambre de justice, apprendra aussi que les effets des tribunaux de ce genre, n’ont rien que de fâcheux ; 1o. en ce qu’ils ralentissent la circulation, en faisant resserrer l’argent, & mettent l’Etat dans la nécessité de l’acheter plus cher qu’auparavant ; 2o. en ce qu’ils altèrent le crédit national, en dévoilant l’incapacité ou les prévarications de ceux qui ont part à la manutention des finances ; 3o. enfin, en ce qu’ils servent toujours de prétexte à la faveur & à l’intrigue, pour vendre aux plus riches & aux plus coupables une indulgence qui ne doit tomber que sur les gens innocens.

Une des plus belles opérations des commencemens de la régence, la plus propre à lui concilier l’affection des peuples, fut la lettre du Régent aux intendans du royaume, pour leur recommander de veiller à faire cesser & à prévenir les abus dans la répartition des tailles & dans leur recouvrement. Cette lettre, remplie de sentimens de bonté, sera rapportée au mot taille.

Cependant on ne laissoit échapper aucun des moyens propres à consoler les peuples ou à les soulager. Plusieurs traitans faisoient des poursuites à l’occasion de leurs traités, ou de recouvremens de taxes, quoique tous traités extraordinaires, antérieurs à 1713, eussent été supprimés par édit du 9 juillet 1715 ; il leur fut ordonné de restituer, dans quinzaine, tout ce qu’ils avoient reçu depuis la publication de cet édit.

Une multitude d’états, de rôles de création d’offices, de modération & de réformation de paiemens, de récépissés, fut dressé dans tout le royaume, afin de connoître au juste ce que les traitans avoient reçu, & de les mettre dans l’impossibilité de refuser des quittances de finance à ceux dont ils retenoient les deniers.

Quoiqu’il fût très-difficile de diminuer d’une façon sensible les impositions, jusqu’à ce que les charges eussent été diminuées en proportion, la misere des campagnes le demandoit si hautement, que le conseil accorda une remise sur les tailles de 1715, de trois millions quatre cents soixante-huit mille huit cents quatre-vingt-sept livres ; sans compter celle qui fut aussi accordée sur le dixieme & sur la capitation de la même année.

On jeta aussi des regards favorables sur le commerce & sur l’agriculture, en permettant l’exportation des grains & leur circulation en franchise ; moyen sûr de rendre les impôts plus légers pour les cultivateurs, en excitant leur émulation & accroissant leur aisance.