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PRÉLIMINAIRE.

de revenu intéressante pour l’empire, puisque Pline rapporte que du tems de Néron, on tiroit par jour cinquante livres d’or des mines d’Illyrie. Ceux qui ramassoient de l’or ou de l’argent dans les rivieres, devoient au trésor public le quart de la valeur de ce qu’ils avoient trouvé.

Le droit de vendre le sel appartenoit aussi à l’empire, & les salines d’où on le tiroit étoient données à ferme ; le sel ne se vendoit que par les fermiers de la république, ou par ceux qui en avoient obtenu la permission.

Outre les différentes espèces de revenus dont nous avons fait l’énumération, on en forma encore une branche, du produit des couronnes d’or qui se donnoient aux généraux & aux empereurs, pour les féliciter sur leurs victoires, & ils les faisoient porter devant eux à leurs triomphes.

Ces couronnes étoient en conséquence appellées triomphales ; elles n’étoient composées, dans les premiers tems de la république, que de branches de laurier ; mais elles devinrent trop simples dans la suite, lorsque les richesses & le luxe de l’Asie se furent introduits à Rome.

César & Auguste avoient reçu de plusieurs provinces, villes & communautés, jusqu’à dix-huit cents vingt-deux de ces couronnes d’or, du poids de dix livres chacune.

Ces présens étoient d’abord volontaires, & les effets d’une pure libéralité ; ils devinrent bientôt un devoir & une servitude. Le prix de ces couronnes fut évalué en argent ; on en fit une taxe, qu’on imposa sur les provinces, les villes, les communautés. Ce revenu[1] s’appeloit aurum coronarium. On peut appercevoir dans cet impôt, de l’analogie avec les droits réservés, d’abord établis sous le nom de don gratuit des villes.

Suivant l’histoire, Auguste avoit mis tant d’ordre & d’économie dans les finances de l’empire ; il en avoit si bien fécondé les ressources, qu’à sa mort il laissa dans le trésor public plus de deux cents millions de notre monnoie.

Caligula, son successeur, les dissipa en moins d’un an. Néron prodigua de même les trésors de Claude, à qui il avoit succédé ; & Tacite rapporte qu’il dissipa en profusion quatre cents quatre millions de sesterces, ou cinquante-un mille marcs d’argent.

Plutarque rapporte que du tems de Pompée, le seul revenu de l’Asie mineure, connue aujourd’hui sous le nom d’Anatolie, étoit de six millions ; & Appien Alexandrin dit que de son tems cette province seule rapportoit vingt millions à l’empereur Adrien.

Les subsides que fournissoit l’Egypte à son roi Ptolomée, pere de Cléopâtre, étoient, suivant Strabon, d’environ sept millions. Après la conquête de ce royaume par César, ces impôts furent augmentés jusqu’à dix & douze millions. Velleius Paterculus dit à ce sujet, que les tributs payés par l’Egypte, approchoient de ceux de la Gaule, qui montoient à douze millions.

Appien Alexandrin, qui a vécu sous les empereurs Trajan, Adrien & Antonin le débonnaire, promet, dans son dernier livre, de donner un compte du revenu général des Romains ; mais, si ce compte a existé, il n’est pas parvenu jusqu’à nous. Il lui étoit d’autant plus aisé de le faire, qu’il paroît très-bien connoître l’état de la république, & que les empereurs, depuis Auguste, étoient dans l’usage d’exposer en public, un état abrégé des finances de l’empire, tant en recette qu’en dépense : cet état est appellé, comme on l’a dit, breviarium imperii[2].

  1. Economiques, 3. vol. in-4o. imprimés en 1745, tirés seulement à 15 ou 20 exemplaires. On attribue cet ouvrage, qui est plein de recherches & de savantes dissertations sur tous les objets d’économie politique, à M. Dupin, fermier-général, qui a donné l’article Salines, dans la premiere édition de l’Encyclopédie.
  2. {{lang|la|Prolatum à Tiberio libellum, quo opes publicæ continebantur, quantum civium, sociorum