Page:Encyclopédie méthodique - Finances, T1.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iij
PRÉLIMINAIRE.

taxes, réparties par arure de terre, qui étoit à-peu-près notre demi arpent. Elles s’acquittoient partie en monnoie, & partie en denrées, qu’on rassembloit dans des magasins royaux.

Il paroît que dans la suite ces taxes furent réglées au dixième du produit des terres. Aristote en fait mention au livre 2 de ses économiques. Diodore de Sicile & Strabon confirment ce récit.

L’histoire sacrée vient à l’appui des historiens profânes. On trouve au premier livre des rois, que le droit des rois est de prendre le dixième des moissons, des vendanges & des troupeaux[1].

Cette même taxe sur les terres se trouve dans toutes les républiques de la Grèce. Solon, qui avoit une parfaite connoissance de la législation égyptienne, en emprunta la division qu’il fit du peuple Athénien en quatre classes, dont chacune payoit au trésor public la dixième partie de son revenu. Suivant la lettre de Pisistrate à Solon[2], outre cette taille réelle, les Athéniens levoient le dixième de la valeur des marchandises importées dans leur port appellé Pirée. Suivant Xénophon[3] & Démosthène[4], cette derniere imposition varia sans doute beaucoup dans la suite, puisqu’on voit dans les historiens[5], qu’elle dut successivement réduite au vingtième, au cinquantième, & même au centième[6].

Au reste, quelle qu’ait été la quotité de cette imposition, il est certain qu’on la donnoit à ferme dans chaque port. C’est ce qui se voit dans Andocide, oraison des Mystères. Il rapporte qu’un Argyrien affermoit trente talens l’impôt du cinquantième, qui se levoit à Olympie, ville de la Morée[7].

Mais tous ces impôts, qui ne paroissent établis que dans les ports de mer, semblent moins être une ressource du fisc, qu’une indemnité des dépenses faites pour construire & entretenir les ports. Ils sont le prix de la facilité & de la commodité que trouvoient les navigateurs, tant pour aborder que pour décharger les marchandises qu’ils apportoient.

Les finances de la Grèce reçurent beaucoup d’accroissement, lorsqu’Athènes en fut devenue la métropole, 490 ans avant l’ère chrétienne. Tous les états de cette partie du monde, toutes les nations qui l’habitoient, reonnoissoient la nécessité d’avoir toujours sur pied des forces à opposer aux Perses qui leur donnoient de l’inquiétude. Aristide fut choisi, d’un consentement unanime, pour régler le subside destiné à cette dépense extraordinaire. Ce vertueux Athénien le fixa à quatre cents soixante talens[8]. Il en fit la répartition avec tant de sagesse, que cette contribution, également agréable à tous les confédérés, fut appellée le bonheur de la grècs : premier & peut-être unique exemple, qu’un impôt ait obtenu les applaudissemens de tous ceux qui en supportoient le poids.

On en trouve rien de détaillé dans les historiens, sur les finances des Lacédémoniens. On voit seulement, par les Loix de Licurgue, que ceux qui avoient trois enfans, n’étoient sujets qu’à une taxe médio-

  1. Hoc erit jus regis qui imperaturus est vobis & segetes vestras & vinearum reditus addecimabit, greges quoque vestros addecimabit, dit le prophète aux Israélites.
  2. Histoire universelle, trad. de l’anglois, édition in-4. tom. 4. pag. 412.
  3. Hist. greq. lib.i, pag. 430.
  4. Oratio adversius Leptinem.
  5. Thucydide, lib. 7, num.. 28, dit que les peuples soumis à la domination des Athéniens payoient, par forme de tribut, le vingtième des marchandises qu’ils transportoient par mer.
  6. Xénophon rapporte que cet impôt n’étoit pour les alliés que du centième de la valeur des marchandises.
  7. Voyez l’ouvrage de M. Bouchaud, intitulé : de l’impôt du vingtième sur les successions, in-8. 1772.
  8. Le talent, suivant Budée, dans son traité de asse, est estimé environ 1400 liv.