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AVERTISSEMENT.

autres ont répondu aux sollicitations qui leur ont été faites, par des phrases majestueusement contournées, qui signifioient que leur bonne volonté étoit enchaînée par leur devoir, ou plutôt que leur importance tenoit à leur discrétion ; comme s’il eût été question de révéler le secret de l’Etat, quand on demandoit simplement à connoître, avec exactitude, les produits de quelques impositions dans certains pays ; les formes de leur répartition, & celles de leur recouvrement. Et ces difficultés, on les faisoit dans un tems peu éloigné de celui ou le tableau général des finances venoit d’être mis sous les yeux du public, & n’avoit pas moins servi à gagner sa confiance, qu’à s’attirer l’admiration des gouvernemens voisins !

En France, où tout se fait pour le souverain & par le souverain, la nation est peu instruite de la situation des revenus publics. Loin d’exciter son zèle par cette confidence, à laquelle elle n’a jamais été admise que par des hommes d’Etat, supérieurs aux petites vues & aux petites craintes de la médiocrité ; tout s’arrange de façon qu’elle ne connoît pas plus la totalité des recettes que celle des dépenses. Le moyen, après cet état des choses, d’obtenir des renseignemens de gens jaloux d’agrandir leur importance, par l’opinion qu’ils sont les confidens de l’Etat, & persuadés que le mystere & les ténebres doivent sans cesse envelopper leurs actions, leurs paroles, & jusqu’à leur silence !

Il a même été un tems où l’on a porté cette politique, aussi étroite que rigoureuse, jusqu’à défendre sévèrement de rien écrire sur les matieres d’administration ; comme si des hommes sensés, des citoyens pleins d’amour pour leur patrie, après avoir mûrement réfléchi sur les causes de son bonheur, ne pouvoient pas avoir le droit de proposer leurs idées, en y joignant la sagesse de dénoncer, non des personnes, mais des abus inhérens à la nature des choses établies, & en montrant la nécessité & la possibilité de les réformer.

N’est-ce pas dans les ouvrages de plusieurs écrivains sur l’économie politique, qu’on a souvent trouvé des vues que leur utilité a fait adopté par l’administration ? N’est-ce pas d’après les réclamations réitérées des hommes éclairés, sur l’évidence des avantages de l’exportation des grains, présentée dans de bons livres, que cette liberté a été accordée généralement, & qu’elle l’est encore particuliérement ? Voyez ce qui a été dit au mot Annuel.