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ARL — ARM

fermé dans des coffres, c’est la même chose, à l’égard des prix, que s’il étoit anéanti. Si les denrées restent dans les greniers, il s’ensuit le même effet. L’argent & les denrées ne se rencontrant jamais, alors il n’en résulte aucun changement dans les prix.

» Il paroît, par les calculs les plus exacts, que depuis la découverte de l’Amérique, les prix de toutes choses n’ont que quadruplé. Cependant, personne n’oseroit assurer, qu’il n’y a que quatre fois plus d’argent, qu’il n’ en avoit dans le quinzieme siecle.

» Les Espagnols & les Portugais, de leurs mines ; les Anglois, les François & les Hollandois, de leur commerce d’Afrique, & par leurs interlopes, dans les Indes occidentales, tirent environ sept millions par an, dont la dixieme partie ne va pas aux Indes Orientales. Cette seule somme, en dix ans, doubleroit probablement l’ancien fonds d’argent en Europe. Le changement dans les mœurs & dans les coutumes, est la seule raison satisfaisante que l’on puisse donner, de ce que les prix de tout ne se soit pas élevé à un dégré beaucoup plus exhorbitant. Mais la prodigieuse augmentation du commerce, a augmenté le besoin du gage des échanges, proportionnellement à la quantité des pays devenus commerçans. Les manufactures de luxe & de commodités multipliées dans toute l’Europe ; l’usage plus commun de la vaisselle ; l’argent transporté aux Indes Orientales, tout cela fait une compensation vague & impossible à apprécier, & empêche que tout n’éprouve un sur-haussement de prix, qui seroit effrayant, s’il étoit dans une juste proportion avec l’accroissement de l’argent ».

Selon M. Melon, (chap. 24) la trop grande quantité d’argent, ou de gages quelconques des échanges, seroit bien plus nuisible que l’insuffisance de ce gage. Car si ce gage manquoit, les crédits publics pourroient le remplacer ; au lieu que si l’argent devenoit commun, comme le fer ou les pierres, il ne pourroit plus être la commune mesure des denrées, parce qu’il seroit donné sans mesure. Il faudroit nécessairement revenir à un autre gage moins commun ; & en attendant les conventions générales là-dessus, que le besoin rendroit promptes, le commerce, sans doute, recommenceroit par échanges des marchandises.

On estime qu’il y a maintenant en France (1773) près de deux milliards d’argent en especes, & que l’accroissement annuel est d’environ trente millions.

(Éloge de Colbert, qui a remporté le prix à l’Académie).

Voyez Banque, Intérêt, Luxe, Monnoies.



ARLES, ville de France, sur le Rhône, & l’une des plus considérables de la Provence. En ne la considérant que du côté de ses privilèges relatifs aux droits des fermes, on se bornera à dire qu’elle est exempte de gabelles.

Ses habitans ont le privilège de prendre chaque année dans les salins de Badon, situés à trois lieues de cette ville, soixante gros muids de sel, composés chacun de cent quarante-quatre minots, pour leur consommation seulement, en conformité de l’article 123 du bail de Forceville.

L’arrêt du conseil du 15 mai 1731, autorise les consuls d’Arles à donner des billets aux pêcheurs, comme aux autres habitans, pour se procurer le sel nécessaire à leur consommation & à celle de leur famille ; mais le sel qu’exigent leurs salaisons, ne peut être délivré que sur des billets séparés. La quantité en est fixée à quarante liv. pour un quintal d’anguilles, & pour un de carpes, loups, muges, & autres poissons de même qualité ; le tout poids de table, qui est d’un seizieme plus foible que le poids de marc.

Le même arrêt ordonne qu’il sera délivré à chaque chiourme de pêcheurs, pour la salaison d’un quintal de sardines, melettes, maquereaux & autre petits poissons, six émines de sel ; sous la condition de représenter le poisson frais qu’ils voudront saler dans la ville, & de souffrir la visite des employés après qu’il aura été salé ; mais la représentation de ce poisson ne peut être exigée qu’une fois.

Les chaircuitiers d’Arles ont le droit de prendre trente livres de sel, poids de table, pour la salaison d’un quintal de chair. Cette quantité de sel peut être augmentée suivant leurs représentations, dans le cours de l’année, pourvu qu’ils déclarent au contrôleur des gabelles preposé par le fermier, ce qui leur est nécessaire, en raison des salaisons qu’ils veulent faire.

Le dénombrement des habitans d’Arles, qui participent à son privilège de franc-salé, doit être remis chaque année, par les consuls, au commis de l’adjudicataire, qui l’inscrit sur un registre appelé sexté.

Il est défendu de porter du sel hors du territoire d’Arles, à peine d’être traité comme faux-saunier.

Voyez Franc-salé, Privilèges.



ARMEMENT. On appelle armement l’action par laquelle un navire est mis en état d’entreprendre le voyage, ou de remplir l’objet auquel il est destiné, par l’avituaillement de tout ce qui est nécessaire à la subsistance de l’équipage, & par l’approvisionnement d’une cargaison convenable.

On distingue, en conséquence, autant d’armemens qu’il peut y avoir de sorte de commerce ; dans ce sens on dit, armer ou faire un armement pour Guinée, pour les Colonies, pour la pêche, pour la course. On peut même appliquer ces mots à tous les pays où se rend un navire, & dire, armer pour la Russie, pour la Suede, la Hollande, l’Angleterre, &c. Mais comme ces armemens ne