Page:Encyclopédie méthodique - Finances, T1.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée
47
ANN — ANT

ordinaire, d’une rente viagere sur l’état.Si le prêteur venoit à mourir dès la premiere année du prêt, la famille n’auroit jamais perdu que la partie des intérêts, & recouvreroit en entier le capital aux fermes fixés : ainsi, 1o. l’intérêt de cet emprunt pourroit être fort bas. 2o. Il n’est point de chef de famille qui ne trouvât de l’avantage à placer quelque somme, de cette maniere, sur la tête d’un ou de plusieurs enfans. En fixant cet intérêt à deux & demi, ou même deux pour cent, l’état trouveroit des prêteurs en grand nombre.

Supposons des annuités viageres dont le capital seroit remboursable en dix paiemens égaux, dans l’espace de dix années, portant deux & demi pour cent d’intérêt jusqu’à la mort du prêteur.

En portant trente mille livres, on recevroit 1o. en dix ans trente mille livres. 2o Sept cents cinquante livres de rente pendant toute sa vie.

Le premier remboursement de trois mille livres, replacé à quatre & demi pour cent, pendant neuf ans rapporteroit TABLEAU A FAIRE 1215 liv. Le second, pendant huit ans 1086 Le troisieme, pendant sept ans 945 Le quatrieme, pendant six ans 810 Le cinquieme, pendant cinq ans 675 Le sixieme, pendant quatre ans 540 Le septieme, pendant trois ans 405 Le huitieme, pendant deux ans 270 Le neuvieme, pendant un an 135 Le dixieme, de 3000 liv. néant. 6078 De plus, pendant chacune des dix années 750 Pour la rente viagere 7500 13575

Si ce même argent eût été placé pendant dix ans à quatre & demi pour cent, il n’eût produit que 13500 liv. en intérêt.

On auroit donc reçu, par la forme proposée, une somme plus forte que par le placement ordinaire, & l’on auroit la jouissance de son capital au bout de dix ans, & de plus une rente viagere de 750 livres.

Quand même le prêteur mourroit quinze jours après son placement en annuités, il n’y auroit que sept mille quatre cent vingt-cinq livres de perdues sur les arrérages.

Ainsi le risque est le même que celui d’une rente à dix pour cent, puisque en s’exposant à perdre en dix ans 7425 livres sur les arrérages, on peut se procurer une rente viagere de 750 liv.

L’avantage de l’état n’est pas équivoque.

1o. Avec un fonds de deux millions pendant dix ans, il peut s’en procurer un sur le champ de cent millions. 2{{o. Il ne paieroit que deux millions cinq cent mille livres d’arrérages, & par toute autre voie le paiement annuel sera plus fort. 3o. Les arrérages s’éteindroient successivement. 4o. La vie commune des hommes étant évaluées à vingt-cinq ans, il est clair que l’état n’auroit payé pour éteindre sa dette dans les vingt-cinq années, que cent soixante-deux millions cinq cent mille livres ; au lieu que par une rente viagere à sept & demi pour cent, l’état auroit payé cent quatre-vingt-sept millions dans le même espace de vingt-cinq ans.

Par un emprunt sans terme, à cinq pour cent, l’état auroit paié cent vingt-cinq millions en vingt-cinq ans, & resteroit encore chargé du capital.

Les annuités simples, sans rente viagere, sont donc une forme d’emprunt préférable à toute autre : car cent millions empruntés & remboursables en dix ans, seroient acquités, avec les intérêts, en dix années & demie, par un fonds annuel de douze millions cinq cent mille livres, & à l’expiration des dix années, l’état n’auroit payé en tout que cent trente-deux millions cent vingt-neuf mille cent vingt-huit livres.

L’expédient des annuités viageres n’est bon que dans un moment où l’on seroit forcé de faire des conditions très-avantageuses aux prêteurs.

Les coupons des loteries, dont la mise porte intérêt, sont, à proprement parler, des annuités, puisqu’à l’expiration d’un nombre déterminé d’années, le capital se trouve remboursé, après avoir procuré la chance des primes fixées. La loterie royale de 1744, celles de mars & juin 1757, celles de 1777, 1780 & 1783, ont été instituées sur ce plan. Voyez Loteries, Rentes.

« ANTICIPATIONS, s. f. Les anticipations sont une disposition des revenus du roi, faite à l’avance par la négociation de rescriptions ou d’assignations à un terme plus ou moins long. Les personnes qui ne veulent placer leur argent que pour un tems, recherchent ces sortes d’effets. Ainsi, même en tems de paix, il y auroit de l’inconvénient à supprimer entiérement ce genre d’emplois, parce qu’on écarteroit peut-être de la circulation beaucoup de fonds qu’il est utile d’y entretenir ; mais en même tems on ne peut se dissimuler que c’est une maniere d’emprunter dont il est facile & dangereux d’abuser.

» On est porté à l’étendre, parce qu’elle n’exige aucune formalité, & qu’on peut l’employer obscurément. Le soulagement d’un embarras présent décide. On espere qu’à l’échéance des assignations qu’on délivre, on en négociera d’autres en remplacement. Une circulation trop considérable s’engage, & le soutien de cette circulation dépendant absolument de l’opinion, le ministre des finances qui en conçoit le péril, est obligé de vivre dans une inquiétude continuelle.

» C’est du milieu de pareilles circonstances qu’est né l’ancien pouvoir d’un banquier de la cour. Choisi pour intermédiaire de ces négocia-