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TABLEAU A FAIRE

A la suite de cette énumération des impôts, cet écrivain assure, en derniere analyse, que sa patrie, qui ne devoit au premier janvier 1776, qu’environ cent millions d’intérêt pour ses dettes, étoit au premier janvier 1782, chargée de près de deux cents millions d’intérêt, argent de France.

A ce résultat, qui est confirmé par le discours de M. Pitt, chancelier de l’échiquier, au parlement, le premier février 1783, nous ajouterons le tableau de la situation des finances de l’Angleterre, mis sous les yeux de la chambre des communes au mois de mars suivant.

Dettes fondées & non fondées, arrêtées le 31 janvier 1783, montant à cent trente-deux millions trois cents cinquante-quatre mille cent vingt-sept livres, treize schellings neuf pences sterling, portant un intérêt annuel TABLEAU A FAIRE

Jusqu’en 1769, les fonds de la caisse d’amortissement servoient à éteindre partie des capitaux dûs par la nation, & fournissoient aussi des secours pour subvenir au défaut des revenus annuels, lorsque les circonstances le demandoient.

Voici l’origine de cette caisse. Pendant long-tems on n’avoit point pensé, (dit l’auteur des Mémoires sur les impositions de l’Europe, à l’article Angleterre), dans cet état, au remboursement des dettes ; cependant on s’en est occupé plutôt qu’en France, où cet objet n’a réellement été pris en considération qu’en 1749.

Quelques excédens qui se trouverent dans certaines branches du revenu anglais, donnerent la premiere idée d’une caisse d’amortissement pour la libération des dettes de l’état, & elle fût adoptée par le parlement. Il ordonna que ces excédens, dont il s’étoit jusques-là réservé la disposition, seroient apurés, réunis & portés dans une caisse dont les fonds furent destinés à retirer les billets de l’échiquier, & à racheter à mesure les capitaux de la dette.

La réduction qui se fit ensuite de l’intérêt de la dette nationale, de six à cinq pour cent, produisit un accroissement dans l’excédent des impôts ; mais les fonds de cette caisse qui auroient alors libéré la nation des cinquante millions qu’elle devoit, s’ils eussent été fidélement employés à cet objet, furent souvent distraits de leur destination, & appliqués à d’autres usages.

Ces fonds avoient été accrus encore, par la réduction faite sous George II, de l’intérêt de la dette nationale, de cinq à quatre pour cent, & même à trois pour cent. De pus, le parlement avoit chargé cette caisse, depuis 1752 jusqu’en 1762, du paiement de diverses rentes ou annuités qui absorboient les quatre millions qui y étoient versés, à l’exception d’un million & demi. Au lieu d’employer cette somme à diminuer la dette tous les ans, on a été obligé de la faire servir à des besoins pressans, ensorte que souvent les délégations données sur la caisse d’amortissement, ont surpassé d’un demi million sterling les fonds qui doivent y être portés.

Ces fonds sont composés de trois articles.

1o. Des droits agrégés généraux, & de la compagnie du sud.

2o. Des droits consolidés, ou rendus perpétuels.

3o. Des sommes que l’on tire du subside accordé chaque année, & qui servent à remplir les non-valeurs que souffrent les fonds destinés au paiement des rentes ou annuités.

La dette publique & les impôts sont immenses en Angleterre, dit le célèbre panégyriste de Colbert, si on les compare à la réproduction ; aussi tout y est fort cher ; mais les charmes de la liberté servent jusqu’à présent de dédommagement.

Le même écrivain, devenu homme d’état, après avoir observé que la clarté & la franchise n’ont besoin que de parler à la raison pour inspirer la confiance publique, ajoute : C’est pour avoir suivi constamment cette maxime, que l’Angleterre trouve encore à présent jusqu’à trois cents millions dans une année, & qu’elle déploie une somme d’efforts & de puissance qui n’est dans aucune proportion avec ses richesses numéraires & sa population. (Compte rendu au roi en 1781).