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mines, & les caraïbes si fiers & si mélancoliques, mourant dans l’esclavage, le cabinet de Madrid renonça à des conquêtes qu’il jugeoit de peu de valeur, & qu’il ne pouvoit ni faire, ni conserver sans des guerres continuelles & sanglantes.

Les anglois 8c les françois, instruits de ce qui se passoit , hasardèrent quelques foibles arméniens pour intercepter les vaisseaux des espagnols qui passoient dans ces parages. Leurs succès multiplièrent les corsaires. La paix qui règnoit.fouvent en Europe,,n’e.mpêchoit pas les expéditions. L’usage où étoit TEspagne , d’arrêter tous les bárímens qu’elle trouvoit au - delà du tropique , justifioit ces pirateries. . ’Les anglois Sc les françois fréquentoient de-- puis long-temps les Isles du vent-, fans avoir songé à s’y établir, ou fans en avoir trouvé les moyens. Peut-être craignoient-ils de sc brouiller avec les caraïbes dont ils étoient bien reçus ; peut-être ne jugeoient-ils pas digne de leur atren--tion un fol qui ne produisoit aucune des "denrées qui étoient d’usage dans Tancien monde. Enfin. dès anglois conduirs par Warner ,’ des françois aux ordres de X>enambuc , abordèrent en rèij à Saint-Christophe, le même jour , par deux côtés opposés. Des échecs multipliés convainquirent les uns Sc les autres qu’ils ne s’enrichiraient sûrement des dépouilles de Tennenli commun , que lorsqu’ils auraient une demeure fixe , des ports , un point de ralliement. Comme- ils ri’avoient nulle idée de commerce, d’agriculture Sç de conquête, ils partagèrent paisiblement les côtes de Tille .où le hasard les avoit réunis. Les naturels du pays s’éloignèrent d’eux ,, en leur disant : il faut que la terre soit bien mauvaise cher vous , ou que vous en aye^. bien peu , pour en ve- ìtlr chercher si loin a travers tant de périls.

La cour de Madrid ne prit pas un parti si pacifique. Frédéric de Tolède, qu’elle envoyoit en 1630 au Brésil avec une flotte redoutable destinée contre les hollandois, eut ordre d’exterminer, en passant, les pirates qui, suivant les préjugés .-de’cette puissance, avoient usurpé une de ses possessions. Le voisinage de deux nations actives, industrieuses C3usoit de vives inquiétudes aux espagnols. Ils sentirent que leurs Colonies feraient . exposées , si d’autres peuples parvenoient • àse fixer dans cette partie de TAmérique. Les françois Sc les anglois réunirent inutilement leurs foibles moyens. Us furent battus ; ceux qui ne furent pas tués ou faits prisonniers -,

se réfugièrent aVec précipitation

dans les ifles ’ voisines. Le danger passé , la plupart retournèrent àTeurs-hâbitations. L’Espagne , occupée d’intérêts qu’elle croyoit plus importans, ne les in- . quiéta "plus , Sc sc reposa peut-être de leur destruction sur leur jaJousie. ’ "-’

. Dans les premiers temps, les anglois Sc les

-.. f jançois faisoient cause commune contre’ les caraïbes 5 mais cettë efpècé’de société fortuite étoit souvent interrompue ; elle n’émportoit point d’engagement durable , encore moins de garantie des possessions réciproques. Quelquefois les sauvages avoient Tadresse de faire la paix-, tantôt avec une nation, tantôt avec l’autre , Scpar là ils sc ménageoient la douceur de n’avoir-qu’un ennemi à la fois. C’eût été peu pour la sûreté de ces insulaires, si l’Europe qui ne songeoit guère à un petit nombre d’avanturiers dont lès courses ne lui avoient encore procuré aucun bien, Scqui n’étoit pas d’ailleurs assez éclairée pour lire dans l’avenir, n’eût également négligé le soin de les gouverner, Sc de les mettre en état de pousser ou de reprendre leurs avantages. L’indifférence des’deux, métropoles détermina, au mois de janvier 1660, leurs sujets du nouveau monde à faire eux-mêmes une convention qui assurait à chaque peuple les possessions que lés événemens variés de la guerre lui avoient donnés, 8c qui n’avoient eu jusqu’alors aucune consistance. Cet. acte étoit accompagné d’une ligue offensive Sc défensive, pour forcer Tés naturels du pays à accéder à cet arrangement, ce que la crainte leur fit faire la même année. j. ’ Par ce traité qui assura la tranquillité de cette partie de TAmérique , la France conserva la Guadeloupe’, la Martinique, la Grenade, 8c quelques-autres propriétés moins importantes. L’Angleterre fut maintenue à la Barbade, à Nieves, à Antigue, àM’ontferrat, dans plusieurs autres ifles de peu’ de’valeur. Saint-Christophe resta en commun aux deux puissances. Les caraïbes furent concentrés à la Dominique Sc à Saint-Vincent , où tous les membres épars de cette nation se réunirent. "Lëur population n’excédoit pas alors six mille hommes. - - A cette époque , les établissemens anglpisqui, sous, un gouvernement supportable, quoique vicieux, avoient acquis quelque consistance, virent aûgmëritèr leur propriété. Les Colonies françoiscs au contraire furent abandonnées d’un grand nombre de leurs habitans, désespérés d’avoir encore à gémir sous les entraves des privilèges exclusifs. Ces hommes passionnés ppur la liberté sc réfugièrent à la côte septentrionale de S. Domingue, qúi serv.oit d’asyle à plusieurs avanturiers de leur nation , ’depuis environ trente ans qu’ils avoient été chassés de Saint-Christophe. Voya^ l’art. SAINT-DOMINGUE. SECTIÒNSECONì>E. De l’état où se trouvolent les Antilles , lorsqueles européens y firent des établiffemens. Le ~íól des Antilles est en-général une’couche d’argile ou de tuf plus ou moins épaisse’, fui ùn noyau de pierre’ou de roc vif. Ce tuf Sc cette argile ont différentes qualités plus propresles unes que les autres à la végétation. Là ou Targlie moins