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le saint-siège tirait auparavant de tous les revenus ecclésiastiques qui vaquoient.

Au reste, on porte de jour en jour des atteintes au concordat germanique, & les réformes de l’empereur actuel serviront peut-être de règle aux autres princes catholiques d’Allemagne.

Rapports de l’empire avec le Portugal. Le Portugal n’a aucune relation directe avec le corps germanique. Ce royaume, situé à l’extrêmité de l’Europe, est si éloigné de l’Allemagne qu’il n’y fait aucun commerce par terre. Le commerce maritime qui se fait entre le Portugal & les villes anséatiques, est trop peu considérable pour en parler ici. En un mot, l’empire n’a d’autres liaisons avec cette couronne, que celles qui naissent du système général de toutes les puissances européennes.

Rapports de l’empire avec l’Espagne. L’Espagne fixoit toute l’attention du corps germanique, à l’époque où son trône étoit occupé par des princes de la maison d’Autriche. Charles II, dernier roi d’Espagne de la ligne autrichienne, mourut en 1700. Philippe, duc d’Anjou, de la maison de Bourbon, & Charles, archiduc d’Autriche, réclamoient l’un & l’autre cette succession ; la guerre éclata bientôt entre ces deux princes & leurs alliés ; elle mit presque toute l’Europe en combustion, & l’empire s’en mêla. En 1713, la paix fut signée à Utrecht ; Charles VI y fut reconnu empereur, & Philippe V roi d’Espagne. L’Allemagne fut ainsi délivrée de toutes les querelles que lui attiroit l’Espagne ; les grands seigneurs espagnols ont perdu peu à peu l’influence qu’ils avoient autrefois à Vienne, & sur les affaires de l’empire. Cependant, comme il y a encore plusieurs états en Italie qui faisoient partie de la succession d’Espagne, & qui étoient fiefs de l’empire, on n’a jamais pu déterminer d’une manière assez précise, les droits & les possessions de chaque compétiteur. Les descendans de Philippe V forment toujours quelque nouvelle prétention sur les provinces d’Italie, & ces prétentions sont toujours contestées par la maison d’Autriche ou par celle de Lorraine. Ces deux puissances se sont souvent battues en Italie : l’empire a été entraîné, directement ou indirectement dans la querelle, & il seroit à souhaiter pour son repos qu’un traité solemnel terminât eette dispute.

Rapport de l’empire avec la France. La France est celle de toutes les puissances que l’empire doit craindre & ménager le plus. Les écrivains d’Allemagne accusent cette couronne de chercher à établir sa domination le long du Rhin ; ils disent que cet aggrandissement ne peut se faire qu’aux dépens de l’Allemagne, qui y perdroit des sommes considérables ; que le corps germanique doit réunir toutes ses forces, pour empêcher la France de s’étendre davantage, & laisser au moins les choses dans l’état où elles sont aujourd’hui. Cet article forme l’objet le plus important de la politique de l’empire ; car lorsqu’il s’agit de sa propre conservation, on ne doit épargner ni les négociations ni les armes.

Quelques docteurs allemands, plus recommandables par leur savoir que par leur jugement & leur pénétration, ont fait envisager la couronne de France & le grand-turc, comme les deux ennemis naturels du nom germain. Ils ont inculqué ce principe à la jeunesse ; &, comme les préjugés de l’école se détruisent difficilement, cette assertion est devenue proverbe, & la maison d’Autriche a eu soin de l’entretenir. Rien cependant ne paroît plus faux ; la France est éclairée aujourd’hui sur ses véritables intérêts ; elle ne songe qu’à entretenir l’équilibre, & elle vient d’en donner une belle preuve dans son traité avec l’Angleterre. Les princes d’Allemagne ne savent pas toutes les obligations qu’ils ont à la France ; ils ont été trop heureux de rencontrer une puissance assez formidable pour occuper la maison d’Autriche. Il y a long-temps que la liberté germanique ne seroit plus, si la maison de Hapsbourg n’avoit pas trouvé un contre-poids dans celle de Bourbon. Qu’on se souvienne comment Charles-Quint & tous les empereurs dont la puissance a été excessive, traitoient les plus grands princes de l’Allemagne. À mesure que ces empereurs portoient quelque coup funeste à la France, ils prenoient un ton plus fier en Allemagne ; & il paroît sûr que les princes germains ne seroient aujourd’hui que de simples vassaux, si la France n’eut été la protectrice indirecte de leurs prérogatives. Combien de fois n’a-t-elle pas assisté la maison de Bavière, soit pour lui faire obtenir justice sur ses prétentions, soit pour la mettre à l’abri des desseins qu’on avoit contre elle ? N’est-elle pas devenue l’allié naturel de la Bavière ? Plusieurs autres états de l’Allemagne ne sont-ils pas dans le même cas ? Toute guerre d’ailleurs que l’empire entreprend contre cette couronne, expose une grande étendue de pays, & nommément ceux de l’électeur Palatin & de l’électeur de Trêves. Qui est-ce qui dédommage ces princes des maux que leurs états ne peuvent manquer de souffrir ? L’empire doit donc avoir toutes sortes de ménagemens pour le roi de France, & éviter, autant qu’il est possible, la guerre avec lui.

Rapports de l’empire avec les cantons Suisses. Les Treize-Cantons Suisses sont de bons & tranquilles voisins ; leur pays sert de rempart à l’empire. Ils peuvent être d’une grande utilité au corps germanique, & il n’y a pas d’apparence qu’ils songent jamais à lui nuire. Ainsi il convient d’entretenir avec ces républicains une sincère amitié.

Rapports de l’empire avec l’Italie. L’Italie a des intérêts fort compliqués avec l’Allemagne. Char-