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I Si l’on admettou cette tradition , l’art aurcît été plus ancien en Italie que le voyage qu’y fit le premier Dédale : mais en la regardant même comme fabuleufe , elle fait préiumer du moins que la ftatufire y avoit pris naiffance dans une haute antiquité.

Romulus , & tous les Rois fes fuccefleurs , ayoient eu des ftatues, & l’on croyoit qu’ils fe les étoient érigées eux-mêmes. Cette opinion fait remonter l’exercice de l’art à Rome iufqu’ayant l’an 716 avant notre ère , qui eft l’époque à laquelle on place la mort de Romulus Mais fi les artiftes étoient dès lors capables de faire en bronze des flatues-portraits , il failoit que , depuis plufieurs fiècles , la fculpture fût connue dans l’Italie. Il failoit que l’art de jetter en bronze les ftatues y eût été inventé au moin ? à-peu-près vers le même temps où il fut trouvé en Grèce par Rhé.cus.

La ftatue de Janus à deux faces paflbît pour avoir été dédiée par Numa , qui mourut 672 ans avant notre ère.

Du temps de Tarquin l’ancien , dont le règne finit l’an 578 avant l’ère vulgaire , furent pofées les ftatues de deuxfibylles & celle de l’Augure Attus Navius. C’eft à-peu-près à la même époque que fleurirent à Sicyone les deux frères Dipœnus & Scyllis nés en Crète.

Horatius Codes obtint les honneurs d’une ftatue, pour avoir arrêté feul les ennemis fur le pont fublicion , l’an 507 avant notre ère, La même année, une ftatue équeftre fut érigée à Clélie qui s’étoit fauvée avec les autres otages donnés à Porfenna. A cette époque, Bupale & Athénis fon frère, Périllus, Bathyclès , & peut-être Callimaque s’étoient déjà fait un nom dans la Grèce.

Spurius Cafîius qui fut tué par fon père 487 ans avant notre ère , fur le foupçon qu’il afpiroit à la royauté, s’étoit fait ériger lui-même uneflatue de bronïe. Du produit ds la confifcation de fes biens, fut confacrée une ftatue, aufli de bronze , à Cérès. Les Romains , ainfi que les Grecs, accéléroient fur le. bronze la belle teinte que lui donne la vétufté , en le frottant d’un enduit de bitume-, ufage bien préférable au luxe barbare de la dovure, qui cache toujours plus ou moins les iinefles de l’art.

Hermodore d’Éphefe, qui interprétoit les loix

que publioient les Décemvirs, fut récompenfé par les honneurs d’une ftatue l’an 451 ou 450 avant notre ère. On conferva par des ftatues la mémoire des Ambaffadeurs Tullus Clœlius , Lucius, Roffius, Spurius Nautius, Caïus Ful-’cinius qui furent tués par les Fidénates, dans leur légation , vers 438 ans avant l’ère vrlgaire. La fculpture, e-xercée par Phidias, jettoit alors dans la Grèce le plus grand éclat. Des ftatues furent élevées à Pythagore & ï Alpibiade dans la gjace des comiees de Rome, S C U


pendant la guerre contre le Samnites qui commença l’an avant notre ère 343 & dura 60 ans. Une ftatue fut élevée à Hercule l’an 305 , en reconnoiffance de deux viftoires remportées fur^ les Samnites. C’étoit alors que, dans la Grèce , Lyfippe joignoit la grâce da la compofltion & : les charmes d’une belle exécution, au caraftère de grandeur Se de fien» que l’art avoit reçu de Phidias. P. Junius & Titus Coruncanus furent tués par ordre de Teuta ou plutôt Teuca, Reiiie des Illyriens , l’an 230 avant notre ère : ils eurent après leur mort les honneurs d’une ftatue. Qijand les Romains, l’an 146 avant notre ère, eurent pris la riche Corinthe, & rempli leur capitale des ftatues qu’ils avoie’nt enlevées de cette ville ; quand, l’année fuivante, ils eurent fournis la Grèce, & l’eurent .chargée en province romaine fous le nom d’Athaïe , ils purent faire exercer les arts par des Grecs & , dès cette époque nous avons lieu de douter fi les ftatues qu’ils firent élever n’étoient pas des ouvrages des vaincus. Nous devons donc terminer ici l’hifloire de la ftatuaire chez les Romains. Si Cornélie, inète des Gracques, donc le plus jeune fut tué l’an m avant notre ère, eut les honneurs d’une ftatue ^ fi l’on éleva à Marius, qui fut Conful pour la feptième fois 86 ans avant l’ère vulgaire, autant de ftatues qu il y avoir de rues dans Rome, nous avons lieu da foupçonner que tous ces ouvrages de l’art, faits par des Grecs, étoient étrangers à l’înduftrie Italique,

Pline marque fon étonnement de ce que l’origine des flatues de bronze remontoit en Italie a la plus haute antiquité, & de ce que l’on. le contenta long-temps de conTacrer aux dieux des flatues de bois ou d’argile 5 tandis qu’on employoit à la gloire des hommes une induit trie plus fomptueufe. IWais je vois aufli que, chez les Grecs , on confacra lon,g-temps aux dieux des ftatues de bois ; je vois qu’en certains endroits, en certains temples, cet ufage continua lors même que les ftatues de bronze ou de marbre furent devenues communes, & je fuis porté à croire que cet ufage avoit quelque chofe de religieux. Comme on confactoit aux prières certaines paroles anciennes ou étrangères , dont on ne comprenoit pas le fens , on conferva aulFi très-long-temps, par refped pouc les pratiques anciennes, la manière de repréfenter les dieux qu’avoit d’abord impofée la ’ néceffité. ( L. )

Sculpture. Lafdulpture (i) z^rès l’hiftoire, ( I ) Cet article avoit été compofé pour l’ancienne Encyclopédie. L’auteur en fit la leâuie à l’Académie ïoyalq de Pçjmwç H 5c«lfitur£ , le 7 Juin de l’année A a a i j