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FER – FER


liser, ajuster une motte de terre, & la rendre propre à la travailler sur le tour.

Tournette ; c’est un petit plateau fixé sur un pied, servant à porter les vases que l’on veut peindre ou façonner.

Tremper la terre ; c’est mettre la terre propre à faire de la fayence, dans une fosse remplie d’eau.

Trezaler ; ce terme se dit des petites fentes ou gerçures qui se font dans la couverte de la fayence.

FER, (Art du)

GROSSES FORGES, ACIER, &c.

NOUS devons présenter la description de l’art du fer, telle que M. Bouchu & M. Grignon, savans & habiles maîtres de forges, l’ont donnée dans l’ançienne Encyclopédie. Nous ferons seulement précéder leur doctrine de quelques observations préliminaires, que M. Bergman, célèbre chimiste Suédois, fait dans son Analyse du fer, traduite en françois avec des notes, en 1783, par M. Grignon, correspondant de l’académie royale des sciences.

Les arts en général, dit M. Bergman, font usage du fer dans trois états différens ; savoir, le fer cru, le fer battu & l’acier.

Le fer cru ou la fonte de fer moulée sous diverses formes se prête à une infinité de nos usages.

Le fer battu ou rendu ductile par une seconde opération, corroyé avec art sous le marteau, prend, entre les mains des ouvriers, mille formes utiles à nos besoins.

Enfin, le fer, sous le nom d’acier, possède, dans un degré éminent, la solidité, l’élasticité & la dureté.

Il est donc encore d’autres propriétés qui le rendent plus précieux que les deux variétés précédentes, & fournit aux arts une matière merveilleuse & propre à exercer la fécondité de leur génie. Au surplus, en quelque état que soit le fer, il est susceptible d’éprouver des altérations qui en font varier à l’infini la qualité & la propriété.

La différence que l’on apperçoit dans la qualité de la fonte de fer, ne dépend pas seulement du caractère des mines dont elle procède ; la forme & les dimensions des fourneaux de fonderie, la quantité & l’essence des charbons que l’on emploie à sa fusion, l’état des soufflets, la force, l’abondance & la direction de leur vent, sont autant de causes qui influent sur la qualité de la fonte ; les seules proportions différentes du charbon & du minerai que l’on jette ensemble dans le fourneau, produisent des fontes de caractères différens, que l’on distingue par des termes appropriés qui caractérisent les degrés de leur pureté.

Pour que la fonte puisse devenir malléable, il faut la soumettre de nouveau au feu, l’y affiner & l’y pétrir avec art, afin d’en obtenir beaucoup de bon fer avec le moins de frais possible.

Indépendamment du caractère des fontes, les dimensions des affineries, la qualité & la quantité des charbons, l’énergie & l’inclinaison du vent, sont des causes à considérer dont chacune produit des variétés infinies dans la qualité du fer ; & quand même il n’en résulteroit pas, le seul régime du feu & la méthode d’opérer suffiroient pour en faire naître un grand nombre.

Les méthodes de fabriquer le fer qui sont le plus en usage, se réduisent à deux ; l’une à la wallone ou à la françoise ; l’autre à l’allemande.

La méthode wallonne (observe M. Grignon), est celle par laquelle on affine la fonte dans un feu appelé affinerie plate, pour ensuite le chauffer & le suer dans un autre feu appelé chaufferie volante ou feu extenseur, parce qu’on tire le fer de ce feu pour le porter au marteau, afin de l’y corroyer & de l’étirer.

Par la méthode allemande, on affine & l’on chauffe le fer dans un même feu, que l’on nomme renardière.

Une troisième méthode participe plus ou moins des deux autres. Nous avons en France encore deux autres méthodes ; l’une à la catalane par laquelle on combine, dans le même feu, les trois opérations de la fabrication du fer, c’est-à-dire, la fusion du minerai, l’affinage de la fonte, & le suage du fer.

L’autre méthode se nomme à l’italienne ; on en fait usage dans le Dauphiné où l’on fond le minerai dans de hauts fourneaux ; la fonte en provenant est refondue & réduite en mazelle, que l’on affine & fait pâtir dans un autre "feu, lequel sert ensuite à avaler, corroyer & suer le fer avant de l’étirer.

On a abandonné presque entièrement d’anciens procédés ; l’un, par lequel on faisoit de petits lopins ; & l’autre usité par des paysans montagnards qui faisoient de grosses masses.

Il n’y a plus lieu d’être surpris, suivant M. Bergman, si le fer qui, par lui-même est un métal disposé à éprouver tant de changemens, paroît différer si essentiellement par la dureté, la ductilité, la ténacité & l’élasticité ; mais l’opposition de caractère la plus digne d’attention & que nous devons faire remarquer, est celle-ci : l’on trouve du fer

très-ductile