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sulfate de baryte ne se dépose que lentement, surtout vers la fin de l’opération, époque à laquelle ce sel reste souvent en suspension, & passe même à travers les filtres le plus épais. Si on lave le sulfate de barite sur un filtre, nouvel inconvénient, il faut détacher le sulfate du filtre ou les peser ensemble, & dans l’un ou l’autre cas on peut commettre facilement une erreur, surtout si l’on n’est pas très-exercé.

L’autre manière de précipiter l’acide sulfurique, que l’on propose ici d’adopter, consiste à prendre une dissolution titrée de chlorure de barium, c’est-à-dire, dont on connoît la proportion exacte en poids de chlorure de barium & d’eau, & de verser cette dissolution dans celle qui contient l’acide sulfurique, jusqu’à ce qu’il ne se fasse plus de précipité. Quand la précipitation approche de son terme, on doit ajouter le chlorure de barium par gouttes seulement ; on attend que le liquide soit éclairci avant d’en ajouter une nouvelle quantité ; ou bien, si l’on veut accélérer l’opération, on filtre une portion de la liqueur dans une petite éprouvette très-nette, & l’on verse une goutte de chlorure de barium dans la liqueur filtrée. Le même filtre peut servir pendant toute l’opération. Il n’est pas à craindre ici que le sulfate de barite passe à travers le filtre ; cela n’a lieu que lorsque l’eau ne contient plus en dissolution, ou presque plus, de matières salines ; car les sels s’excluant, en général, les uns les autres de la même dissolution, le sulfate de barite se trouve exclus du liquide, & précipité, quand celui-ci contient une certaine quantité de substances salines. La plupart des sels peuvent servir pour cet objet ; mais quand on doit peser le sulfate de barite, il faut prendre un sel volatil qu’on puisse expulser par la chaleur, comme le nitrate ou l’hydro-chlorate d'ammoniaque.

La quantité d’acide sulfurique, & conséquemment celle du soufre, est donnée par le poids du chlorure de barium employé ; car le nombre équivalent, ou le poids de l’atome du soufre, étant 20,116, & celui du chlorure de barium cristallisé 152,44, il suffira de faire cette proportion 162,44 : 20,116 :: le poids du chlorure de barium employé est à un quatrième terme, qui sera la quantité du soufre cherchée. Ce procédé, qui peut être généralisé, & dont l’utilité se fera facilement sentir dans le cas où le sulfate de barite, ou tout autre précipité entraine avec lui quelque substance étrangère, peut donner un résultat exact à un cinq centième près, & même à un millième ; mais comme on doit verser la dissolution de chlorure de barium goutte à goutte, & qu’avec un flacon cela est très-difficile, d’autant plus que les bords du goulot resteroient chaque fois mouillés de la dissolution, il est nécessaire de se servir d’une pipette formée par une petite boule portant deux tubes droits opposés, & dont l’un est effilé, pour qu’on puisse modérer plus facilement l’écoulement du liquide, en appliquant l’index sur l’ouverture de l’autre tube. Le tube effilé traverse un bouchon de liège destiné à fermer le petit flacon qui contient la dissolution, afin d’empêcher toute évaporation ; on remplit la pipette par aspiration, on applique aussitôt le doigt sur son extrémité supérieure, & on la retire avec la précaution de ne jamais lui faire toucher le goulot du flacon, pour ne pas y déposer du liquide : le flacon contenant la dissolution doit être léger, & ne contenir au plus que le double de la quantité de dissolution présumée nécessaire pour opérer la précipitation, afin de moins charger la balance qui doit en faire connoître le poids, & obtenir par conséquent plus de précision. On pèse le flacon avec sa pipette & son bouchon avant la précipitation, & on le pèse de nouveau après. On ne doit pas compter la dernière goutte, & on doit même prendre la moitié de celle ajoutée avant, & qui a terminé la précipitation. Pour faire cette correction, on fait tomber de la pipette cinquante gouttes, par exemple ; on en prend le poids, & on le divise par cinquante pour avoir celui d’une goutte.

Le nitre & le soufre étant déterminés l’un & l’autre avec précision, on obtient le charbon en retranchant leur poids de celui de la poudre soumise à l’analyse.

On a conseillé d’employer le carbonate de potasse, parce qu’il se pulvérise & se mêle mieux avec la poudre ; mais on peut aussi se servir de la potasse caustique. Dans ce cas, il est nécessaire d’ajouter un peu d’eau pour la dissoudre, & de chauffer doucement jusqu’à ce que cette eau soit évaporée, afin d’éviter les jets qui pourroient faire perdre un peu de matière. Enfin, on peut aussi employer, au lieu de capsule de platine, une capsule, un matras & même un tube de verre : à la vérité le verre se fend presque toujours par le refroidissement, mais il n’en résulte aucune perte. (Extrait des Annales de Chimie & de Physique, année 1821.)

Analyse du bronze. Comme on doit toujours faire précéder l’analyse d’un alliage de quelques essais, pour reconnoître la présence des métaux étrangers qui l’altèrent assez souvent, voici la marche qu’on pourra suivre à l’égard du bronze.

1°. On reconnoîtra la présence du cuivre par l’ammoniaque, qui a la propriété de colorer les dissolutions nitriques & sulfuriques du cuivre, en beau bleu céleste.

2°. Celle de l’étain, par l’acide nitrique, qui l’oxide avec rapidité. On distinguera l’étain de l’oxide d’antimoine, en ce que la dissolution muriatique du premier ne précipite pas par l’eau, pourvu qu’il y ait excès d’acide.

3°. Celle du zinc, par la propriété qu’il a d’être précipité en blanc par les alcalis de ses dissolutions sulfurique, nitrique & muriatique. Un excès d’alcali redissout ces précipités.

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