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tourillons. Il a été abandonné à cause de son peu de solidité.

Affuts à flèche. Ils étoient composés de deux flasques accolés à une pièce de bois qui servoit en effet de flèche quand on vouloit les manœuvrer. Ils n’ont été en usage qu’à l’armée d’Egypte, où le dénuement de bois de longueur les avoit fait adopter. Ces affûts élevoient le canon de cinq pieds neuf pouces au-dessus de la plate-forme, ce qui les avoit fait appeler affûts-chameaux.

Affuts marins. Ils font destinés à manœuvrer le canon à bord des vaisseaux. On en fait usage à défaut d’affûts de côtes pour les pièces en fer. Ils consistent en deux flasques courts, assemblés par des goujons, le dessous dégagé en arc de cercle, & coupés carrément en quatre degrés en arrière pour les alléger. Ils font supportés par quatre roulettes dont les essieux sont en bois.

Ces sortes d’affûts se construisent promptement & à peu de frais, mais ils sont difficiles à manœuvrer & sont peu élevés au-dessus de la plate-forme.

Affuts à mortiers. Ils sont composés de deux flasques en fer, assemblés par deux entretoises & par des boulons ; ces flasques sont coulés à masselotte. On s’est occupé, depuis que les mortiers existent, à chercher la matière la plus solide pour faire leurs affûts. On les a eus tantôt en fer coulé, tantôt en bois, ensuite en fer battu ; on en a fait aussi en bronze, ce qui étoit très-dispendieux.

Les premiers affûts ont été en bois ferré ; on a trouvé qu’ils duroient trop peu & que leurs ferrures coûtoient beaucoup de façon ; on a préféré dans la suite les affûts de fer coulé, parce qu’ils sont moins coûteux & qu’ils durent long-temps quand la fonte est grise, douce & onctueuse (si l’on peut s’exprimer ainsi). Pour s’assurer que la fonte de ces affûts est suffisamment douce, on perce à froid les trous des boulons qui assemblent les flasques, parce que le fer coulé qu’on peut percer avec des forets n’est pas cassant, & il doit résister aux efforts du recul. Toutefois, ces affûts sont lourds, détruisent promptement les plates-formes, & sont difficiles à remettre en batterie quand ils sont d’un gros calibre.

On les éprouve en tirant trois fois de suite avec leurs mortiers respectifs chargés à chambre pleine, le mortier pointé à soixante degrés & l’affût placé sur une plate-forme horizontale. On reçoit ceux qui ont soutenu cette épreuve sans être dégradés ; mais ceux qui manifestent des fentes ou des cavités sont rebutés & cassés.

Les diverses parties, tant en fer qu’en bois, qui composent l’affût à mortier sont : deux flasques en fer coulé, deux entretoises en bois, deux douilles pour tenons de manœuvre, deux tenons de manœuvre, trois boulons d’assemblage & deux seulement pour le mortier de huit pouces, deux sus-bandes, quatre étriers de sus-bande, un coussinet à tourillons, une plaque de renfort au talus du coussinet, deux chevilles à double mentonnet.

Affûts d’obusier. Ils ont à peu près la même forme que ceux des canons. Il n’y a de différence essentielle que dans leur semelle, qu’il a fallu rendre mobile pour pouvoir tirer jusqu’à l’angle de quarante-cinq degrés. On n’a pas fait de seconds logemens des tourillons à ces affûts, parce que leur poids n’est pas considérable & que d’ailleurs ils sont trop courts pour cela. On monte celui de huit pouces sur l’avant-train à canon de douze, & celui de six pouces sur l’avant-train du canon de huit.

Le[s] parties en bois qui composent l’affût d’obusier sont : deux flasques, quatre entretoises, une semelle, un essieu, deux roues. Les ferrures principales sont : deux clous rivés de crosse, un anneau carré porte-levier, un crochet porte-levier, un crochet à pointe droite porte-écouvillon, un crochet à fourche porte-écouvillon, deux doubles crochets de retraite, deux chaînes d’attelage & deux crochets de retraite, six boulons d’assemblage, deux bouts d’affût, deux recouvremens de talus de flasques, deux sous-bandes, chevilles à tête ronde (6 pour l’obusier de 8 pouces & 4 pour celui de 6 pouces), deux chevilles à mentonnet, deux chevilles à tête plate, deux bandes de renfort, deux têtes d’affût, quatre liens de flasques, une lunette, une contre-lunette, un boulon de lunette, un anneau d’embrelage, quatre anneaux de pointage, deux anneaux carrés de manœuvre, deux plaques d’appui de roues, deux plaques de frottement de sassoire, une vis de pointage & son écrou en cuivre, deux sus-bandes, deux chaînettes de sus-bandes, deux clavettes de sus-bandes, deux équignons, deux brabans, deux happes à anneau, deux heurtequins, deux étriers d’essieu.

Affûts à pierriers. Ils sont en fer coulé, ayant la même forme que ceux des mortiers de huit pouces. Ils étoient précédemment en bois. (Voyez l’article Affûts à mortier.)

Affûts de place. Ils font composés de deux flasques formés par trois madriers assemblés, à crémaillère ou à adent, & dont celui de dessous est délardé en arc de rercle. Ils sont montés sur deux grandes roues & une roulette placée sur le devant entre les flasques. Les affûts de place ont l’avantage de porter le canon à la hauteur de 1 met. 62 (5 pieds), au lieu que ceux de siége ne l’élèvent qu’à environ 1 met. 13 (3 pieds 6 pouces) au-dessus du sol de la batterie. Cet objet est essentiel dans une place assiégée, parce qu’il est dangereux de trop ouvrir le parapet, le canon de l’assiégeant pouvant alors inquiéter, à travers les embrasures, les manœuvres qui se font sur le rempart.

Cet affût est placé sur un châssis mobile que