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Mais l’artiste peut ordonner plus à son gré le plan et le dessin des compartimens dont il forme son pavé. Certaines sujétions d’économie lui prescrivent souvent de mettre en œuvre de petits morceaux, ou des fragmens de marbres divers : c’est là qu’il fera preuve d’intelligence et de goût. L’art de la marbrerie, sous ce rapport, a beaucoup de ressemblance arec celui de sa marquetterie ou de l’ébénisterie, qui n’a guère que de fort petits morceaux de bois dont il puisse opérer la réunion. Le génie de l’ornement leur offre une multitude de détails légers qui ne demandent, pour produire les plus agréables effets, que ce que l’on peut appeler des échantillons, soit en bois, soit en marbre. Tels sont les méandres, les portes, les palmettes et tous les genres d’enroulemens qui forment tantôt les cadres, tantôt les divisions des objets, que le dessinateur imagine de faire entrer dans ces sortes de tableaux.

Il est peu de configurations qui ne se prêtent, soit en grand, soit en petit, à l’assemblage des marbres de différentes couleurs, au moyen desquels on peut produire dans les pavés un semblant de peinture, ou tout au moins l’imitation du travail de la tapisserie.

Nous ne pouvons passer ici sous silence, comme exemple unique et mémorable de ce que l’art peut faire en ce genre, le magnifique pavé du dôme de la cathédrale de Sienne, commencé par Ducio, et terminé par Dominique Beccafumi. On avoit cru, et Vasari lui-même avoit avancé que dans cette sorte de peinture, Beccafumi s’étoit étudié à produire les ombres des figures par des marbres gris ou noirs, opposés au marbre blanc, pour faire les clairs. Mais M. Mariette s’est convaincu et a prouvé, que tout le travail consistoit en traits tracés avec des couleurs, dont la propriété étoit de pénétrer le marbre jusqu’à une certaine profondeur.

Du reste, on ne sauroit trop admirer, dans les compartimens de ce pavé, la suite des sujets d’histoire qui y sont tracés en figures de grandeur naturelle, et même au-dessus. Mais leur description ne pourroit regarder que le Dictionnaire de Peinture.

Tout ce qui regarde les opérations pratiques du pavement moderne des rues ou des chemins, ayant été traité an mot Chemin, et ce qui se rapporte au goût des pavés de luxe, rentrant dans l’ordre des notions de la décoration par le dessin et la peinture, nous nous contenterons d’indiquer dans la nomenclature suivante, les différentes manières de faire les pavés.

Pavé de briques. Pavé dont la masse se compose de briques potées de champ, quelquefois en épi, ou ce qu’on appelle point de Hongrie (tel est le pavé de la ville de Venise), quelquefois posées à plat, d’autres fois faites en forme barlongue et à six pans, etc.

Pavé de cailloux. Pavé qui est fait par un assemblage ou de petits cailloux cimentés, ou de gros cailloux de rivière, posés de champ les uns près des autres. On appelle galets les cailloux que la mer rejette sur ses rivages, et on les emploie aussi au pavement dans les villes maritimes.

Pavé de grès. C’est un pavé qu’on fait de quartiers de grès de huit à neuf pouces, presque de figure cubique. On s’en sert à Paris pour paver les rues, les cours, et, dans une partie de la France, pour paver les grands chemins.

On appelle pavé refendu le pavé qui est de la demi-épaisseur du précédent, et dont on pavé les petites cours, les cuisines, les écuries, etc.

On appelle pavé d’échantillon celui qui est de grandeur ordinaire, selon la coutume de Paris.

Le pavé de grès est le meilleur. L’usage en a été introduit à Paris et aux environs, par le roi Philippe-Auguste, l’an 1184.

Pavé de lave. Pavé fait avec les pierres produites par les volcans. Ces substances sont de natures différentes. Il en est de plut dures, et qui ne se travaillent guère qu’en se cassant. On les emploie à paver, tantôt en très-grands morceaux unis à joints irréguliers, comme les Romains le pratiquèrent dans le pavement de leurs routes, comme on le pratique encore à Florence dans le pavement de ses rues, et tantôt en petits blocs carrés, comme on le fait aujourd’hui à Rome. Il est une pierre de lave qui se taille en dalles quadrangulaires, et qu’on pique. C’est ainsi qu’est parée la ville de Naples.

Pavé de marbre. C’est celui qu’on fait, soit en dalles de marbre, soit en carreaux d’égale dimension, ordinairement de deux couleurs, soit en grands compartimens que l’architecte dispose en plan, de manière à ce que les lignes et les configurations de ces compartimens correspondent aux corps principaux, aux dispositions des voûtes, des plafonds, et aussi de leurs ornemens.

Le plus bel exemple qu’on puisse citer, à Paris, de ces sortes de pavés, dans de grands monumens, est celui du pavé de la coupole des Invalides.

Pavé de moilon. Pavé fait de moilons de meulière posés de champ, pour affermir le fond de quelque grand bassin ou pièce d’eau.

Pavé de pierre. On appelle de ce nom, pour les distinguer de ceux qu’on fait en marbre, les pavés de pierre commune mais dure, et qu’on taille en dalles de toute grandeur ou en carreaux quadrilatères. On peut se dispenser de citer les exemples de ce genre de pavés, tant ils sont multipliés.

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