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après qu’il a cessé d’être la couverture du palais de Romulus.

Lorsqu’on parcourt en plus d’un pays (et qui ne l’a pas remarqué en quelques régions de l’Italie ?) les bâtimens rustiques de certains habitans des campagnes, on ne sauroit voir sans beaucoup d’intérêt, de grandes constructions circulaires s’élevant en pointe, à une sort grande hauteur, sur un diamètre de 50 à 60 pieds, formées de poutres inclinées, jusqu’au sommet ouvert par un grand œil qui éclaire cet intérieur. Eh bien ! voilà que s’est perpétué jusqu’à nos jours le modèle primitif de la voûte sphérique et conique du tombeau d’Atrée, à Mycènes, et de celui de Mynias, à Orchomène, dont nous avons précédemment parlé.

Or quel homme de bons sens oseroit dire, que ces huttes rustiques sont des imitations de nos coupoles, au lieu de croire que les usages des premiers temps de la Grèce avoient donné dans les constructions circulaires de la charpente l’idée et le modèle du tholos ? Certes il seroit contre toute loi de l’instinct en fait de construction, d’imaginer que les tholos avoient été construits par assises de pierres de taille, en forme de voûte conique, avant que l’usage d’une semblable forme, accréditée par la charpente, eût inspiré à l’architecture, l’idée et le besoin de la réaliser, dans une matière plus durable. Ainsi veut la nature que l’on aille du facile au difficile, du simple au composé de l’économique au dispendieux.

Tout nous dit donc que la voûte en pierre eut, chez les Grecs, son origine, et trouva sou principe dans la construction en bois, ou la charpente, comme toute autre espèce de contruction, et y fut redevable de son système étémentaire, de ses formes principales, et des détails d’ornement ou de ses profils, au type originaire qu’on appelle la cabane, c’est-à-dire, l’assemblage du bois dans les premiers édifices. Disons encore que cet emploi du bois ne cessa jamais d’être usuel en Grèce. C’est ainsi que chez les Modernes, malgré le perfectionnement et de l’art et de la science de voûter en pierre, on ne cesse pas pour cela d’employer, dans plus d’un cas, le bois à former les plus grandes couvertures cintrées ou sphériques des dômes. Je dois en effet citer encore ici le Philippeum d’Olympie. (Voyez ce mot. ) Construit par Philippe roi de Macédoine, par conséquent dans la plus belle période des arts, il formoit une rotonde entourée de colonnes, dont la périphérie étoit en briques, et de ce corps du bâtiment s’élevoit une coupole composée de poutres taillées pour faire le cintre, et aboutissant toutes à une clef de bronze, qui lioit leur assemblage.

Nous n’aurions que trop d’exemples à citer de l’emploi du bois ou de la charpente, pour les couvertures des temples, qui, vu le système de leur plan, ne paroissent avoir été que rarement voûtés en pierres ou en maçonnerie solide. Mais


on ne peut se refuser à croire, que plus d’une de ces couvertures fut cintrée, et construite, par l’art de la charpente, en voûte. Il n’y a lieu au reste d’insister sur ce point, que pour montrer, dans la réciprocité de ces exemples, l’accord constant qui dut régner entre le modèle et son imitation.

Comment se refuser encore à croire que dans un pays, où toute construction dut commencer par le bois, on ne débuta point par faire les portiques ou les arcades, de la manière que l’on voit aujourd’hui les charpentiers s’y prendre pour faire des cintres, c’est-à-dire par deux morceaux de bois inclinés en partant des piliers faisant piédroits, et allant en angle se joindra au sommier, de telle sorte, qu’il ne reste plus qu’un segment de cercle à y ajouter dans le haut, pour en faire une arcade plein cintre.

Est-il nécessai de prouver, par exemple, que nulle part on n’a dû commencer par faire des ponts en pierre, et que partout ils ont remplacé les ponts en bois ? Si chez les Grecs et chez, les Romains, on fit d’abord en charpente les théâtres, il est bien probable que ces édifices économiques, mais aussi moins durables, surent composés, peut-être avec moins d’étendue, mais cependant sur le même plan, et dans les sormes, que l’on transporta à des constructions plus durables. La chose est encore plus certaine, et mieux prouvée des temples construits dans les premiers siècles de la Grèce, et cet usage avoit été commun aux anciens Etrusques, dont les Romains transportèrent chez eux la pratique conservée jusqu’au temps de Vitruve, qui, dans sa description du temple toscan, nous le fait voir comme un assemblage de pièces de bois.

La nature des choses et les faits démontrent, que partout où il y eut des bois de construction, on dut bâtir en charpente, avant de le faire en maçonnerie et en pierres de taille. Ainsi le bois dut devenir le premier générateur d’un grand nombre de dispositions, le principe élémentaire de beaucoup de sormes, qui passèrent ensuite dans la construction en pierres, où elles reçurent, par de nouvelles modifications, la perfection qu’elles pouvaient atteindre ; et l’art de voûter fut nécessairement un de ces complémens de l’art de bâtir.

Ce que tous les documens historiques on théoriques, et les faits même nous apprennent, à cet égard, de l’architecture antique, nous le savons, et nous le voyons arriver de même dans le moyen âge, pour la construction des églises gothiques, Toutes celles qui existent nous apprennent qu’elles ne datent guère que du onzième et du douzième siècle. On parle de leurs commencemens, car pour la plupart elles surent l’ouvrage de plusieurs siècles. Or il est peu de constructions, en pierres, où le système et les pratiques de la charpente soient plus clairement prononcés, que dans les