Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/623

Cette page n’a pas encore été corrigée
VOL VOL 615


ductions naturelles, des applications aux détails des disférentes parties d’ouvrages, qu’aucune règle ne sauroit assujettir à des types nécessaires. Les objets naturels dont nous parlons, semblent être eux-mêmes des caprices de la nature, et ce qu’on appelle en architecture, de l’ornement est aussi, ce qui en est la partie qu’on peut appeler capricieuse.

Le système d’enroulement et de volute, a trouvé le moyen de se naturaliser, dans un assez grand nombre d’objets, devenus comme parties constituantes de l’architecture. Telles sont les modilons et les consoles, qui, comme on le sait, se composent de deux volutes, ou enroulemens inégaux, qu’on met diversement en œuvre, selon que l’enroulement le plus fort est eu haut, ou en bas. Il est une multitude d’autres emplois des volutes soit comme supports, soit comme anses des vases des trépieds des autels, etc.

Mais l’emploi de la volute le plus important, est celui qu’on lui a donné dans les chapiteaux des ordres corinthien et ionique. C’est surtout à l’égard de ce dernier, que la volute joue le principal rôle, puisque son chapiteau consiste essentiellement dans ses volutes, dans leur ajustement, leur circonvolution, leurs détails accessoires. Certainement on n’ira point croire avec Vitruve que les volutes du chapiteau ionique, représentent la coisfure des femmes, et les boucles de leurs cheveux. Ce n’est pas là le seul cas où nous ayons eu à combattre cet architecte, dans l’abus qu’il a fait de quelques idées métaphoriques, et de quelques allusions que le génie grec a pu saire des procédés de la nature aux pratiques de l’architecture, Ainsi a-t-on cru trouver dans les proportions disférentes des corps de l’homme et de la femme, une sorte d’analogie avec les ordres des colonnes, selon que l’un aura le caractère de la force, et l’autre celui de l’élégante. Mais ce n’est là qu’un rapprochement d’idée, et non de réalité. Il en est de même de l’application des mots capita, chapiteaux, aux couronnemens des colonnes, couronnement qui forment dans le fait leurs têtes. Mais nul rapprochement d’imitation à tirer de là ; encore moins d’une tête de femme, avec la décoration du chapiteau ionique. Non qu’on veuille nier, qu’à prendre cette transposition d’idée, dans sa plus grande généralité, le goût ait pu inspirer aux Grecs, de donner à l’ordre qui tient le milieu entre la force et la richesse, le caractère d’élégance dont la tête de la semme parée de sa chevelure fait naître le motif.

Du reste rien de commun entre celle cossure, et les détails décoratifs du chapiteau ionique. D’où les Grecs auront-ils donc tiré les élémens de sa composition et de son ajustement ? Rien je pense ne seroit plus vain que cette recherche. Dès qu’on n’y voit aucun emprunt fait aux productions naturelles, ni aucune analogie entre des


balustres ou des volutes elles parties constitutives de la charpente, il ne reste à chercher son origine que dans le goût de l’ornement, et cette sorte d’instinct, qui n’a d’autre principe et d’autre but t que le plaisir des yeux.

Dans la vérité et lorsqu’on pénètre jusqu’au fond des choses, on en doit dire autant du chapiteau corinthien. Quoique ce chapiteau soit composé tantôt de fenilles d’acanthe, tantôt de seuilles de laurier, imisées sans doute d’après des productions naturelles, qui pourroit dire que ce ne soit pas une invention purement décorative et appartenant au génie de l’ornement ? Car nous ne supposerons pas avec quelques rêveurs en ces matières que cela soit imité des branches d’arbres. Il n’y a personne qui ne sache aujourd’hui que le type des chapiteaux à seuillages est d’invention égyptienne ; et les Egyptiens, qui ne crurent jamais que leurs colonnes aient eu des arbres pour modèles, crurent encore moins que les feuilles de lotos dont ils ornèrent leurs chapiteaux auroient été la conséquence d’une imitation à laquelle rien n’auroit pu les porter. Les Egyptiens et les Grecs après eux ne crurent faire rien autre chose que de l’ornement.

Le chapiteau corinthien n’est donc comme le chapiteau ionique, qu’une pure et simple composition décorative pour le plaisir des yeux. Et ce qui le prouveroit encore si cela avoit besoin de preuves, c’est qu’aux caulicoles de leurs acanthes et à la disposition de leurs feuilles, ils ajoutèrent d’assez nombreuses volutes.

Effectivement les volutes du chapiteau corinthien, qui sont au-dessus des caulicoles, sont au nombre de seize, huit angulaires, et huit autres plus petites, appelées hélices. Quelle qu’ait pu être l’origine du chapiteau en forme de vase, selon les uns, ou de pannier selon d’autres, entouré de feuillages d’acanthe, d’olivier ou de laurier, il est évident, que les volutes qui sont partie de tout cet ajustement, n’y ont pu être introduites par aucun autre principe, que par celui du goût et n’ont été limitation d'aucune chose naturelle.

Il en fut de même du chapiteau ionique dont les volutes forment et le caractère et le principal ornement. Aussi les architectes se sont-ils souvent exercés sur la meilleure forme à lui donner, et sur la méthode d’en traçer les contours. Nous allons rapporter ici celle que Perrault adopte dans son Traité de l’ordonnance des cinq espèces de colonnes.

« Pour tracer le contour de la volute, il faut commencer par l’astragale du haut de la colonne, qui doit avoir deux douzièmes d’épaisseur, et s’étendre à droite et à gauche, autant que le diamètre du bas de la colonne. Cet astragale étant marqué sur la sace où l’on veut tracer la volute, il faut tirer une ligne à niveau, par le milieu de l’astragale, et la faire passer