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savoir quelle nation aura, la première, apporté un soin particulier à l’établissement des communications entre les diverses contrées. Dès que plusieurs Etats eurent établis, entr’eux, des rapports plus particulier, dès qu’ils se furent occupés des intérêts du commerce, ils durent songer à douner aux routes les dispositions les plus propres à faciliter les voyages et les relations commerciales, On prétend que, de très-bonne heure, les Perses eurent d’excellentes chaussées. Selon Diodore de Sicile, Sémiramis en établit dans toutes les régions de son empire ; pour y parvenir, elle fit abaisser des collines et des montagnes, remplir les lieux bas et les vallons, construire des digues et des levées. Justin assure que Xerxés employa aussi de grandes sommes à la construction des voies publiques. Isidore, à la sin de son XV. livre, dit que les Chartaginois ont les premiers pavé leurs chemins.

Les auteurs anciens ne nous donnent point de détails qui puissent nous faire penser que les Grecs se soient fort occupés de la construction et de la bonne disposition de leurs voies publiques, Quoiqa’Hérodote dise que le soin de ces voies étoit, à Lacédémone, confié aux rois, il est permis de croire, que le plus grand nombre des petits étals dont la Grèce se composoit, mirent à l’établissement de leurs chemins, moins d’importance qu’à beaucoup d’autres objets. La chose s’expliqueroit, jusqu’à un certain point, par la position maritime de tout le pays qui, dans le fait, est une presqu’ile. On sait que c’est surtout l’avantage du commerce et de la circulation des marchandises qui porte à construire, à multiplier et à perfectionner les voies publiques. Or tout naturellement en Grèce le grand nombre des communications dut avoir lieu par mer, Un passage de Strabon semble confirmer ce qu’on avance sur l’infériorité des Grecs dans le travail des chemins. Les Grecs, dit-il, ont négligé trois choses, pour lesquelles les Romains n’ont épargné ni frais, ni travail : savoir, la construction des cloaques, celle des aquéducs et celle des voies publiques.

Ou voit assez quelles raisons particulières portèrent les Romains aux grands travaux qu’exigèrent leurs chemins. Ce ne fut point l’esprit du commerce, mais le génie de la guerre et des conquêtes, qui multiplia et perfectionna, chez eux, ces moyens de transporter facilement leurs légi ns dans toutes les parties de leur empire. C’est véritablement à eux qu’est due la gloire d’avoir porté au plus haut point de perfection la construction des voies publiques. Les restes de leurs grands chemins attirent encore aujourd’hui l’attention, et excitent l’admiration des peuples modernes, Voyez CHEMIN.

Nous ne trouvons aucun indice qui puisse donner à penser que, sous les rois, les rues de la ville de Rome, ou les routes en dehors de ses murs, aient été pavées. On ne peut, à cet égard,


ni nier, ni affirmer rien. Ce qu’on sait, c’est que ce fut cent quatre-vingt-huit ans après l’expulsion des rois, que fut entreprise une des pins belles voies pavées que les Romains aient établies. On veut parler de la voie Appienne, commencée l’an 442 de Rome, par le censeur Appius Claudius, qui la conduisit depuis Rome jusqu’à Capoue. Dans la suite, lorsque Rome eut étendu sa domination dans l’Italie méridionale, lavoie Appienne fut prolongée jusqu’à Brindes, ville qui, selon Strabon, étoit à ‘580 milles de Rome. Plus d’une voie semblable s’embranchoit à la voie Appienne.

L’an 512 de Rome, Aurelius Cotta établit une voix publique, qui, d’après son nom, fut appelée via Aurelia. Une seconde voie du mème nom fut ensuite appelée voie Emilienne, parce qu’elle fut terminée par AEmilius Scaurus.

L’an de Rome 533, fut établie la voie Flaminienue. Les opinions sont partagées sur le nom de celui à qui l’on doit son établissement. Les uns l’attribuent à Flaminius, général romain, qui fut battu par Anuibal auprès du lac de Trasimène ; d’autres au consul Flaminius, fils du général. Elle se prolongeoit jusqu’à Rimini, l’ancien Ariminium, Lepidus, le collègue de Flaminius dans le consulat, prolongea cette voie jusqu’à Bologne, et de là à Aquilia. Cette partie reçut le nom de via AEmilia Lepidi. Plusieurs autres s’embranchoient à celle-ci ; mais ces détails alongereint inutilement le plan auquel nous devons réduire cet article.

Les quatre voies Appia, Aurelia, Flaminia et AEmilia, dont on vient de faire mention, ont été les plus anciennes voies romaines. Etablies du temps de la république, elles furent prolongées dans les âges suivans, soit directement, soit au moyen de voies latérales, qui venoient y aboutir. A mesure que l’empire de Rome s’agrandit, les routes durent se multiplier. Beaucoup de censeurs, et d’autres magistrats cherchèrent à se concilier, par de pareils travaux, la saveur de leurs concitoyens.

L’an de Rome 580, les censeurs Flaccus et Albinus firent, selon Tite-Live, paver les rues de Rome, et couvrir de sable les chemins en dehors de la ville. Ils firent en même temps revêtir les deux côtés de grandes pierres. Caius Gracchus obtint surtout les bonnes graces du peuple, par le soin qu’il prit d’entretenir les voies publiques aux environs de Rome ; il les rendit non-seulement plus commodes et plus solides, mais, aussi plus belles.

Voici en peu de mots, quelques détails sur les autres voies publiques lus plus connues.

La via Ostiensis, une des plus anciennes communications de Rome, aveu les villes ou les contrées de l’Italie, alloit de la porta Ostiensis à la ville d’Ostie. Elle étoit des deux côtés, bordée en grande partie de maisons de campagne La via valeria alloit jusqu’à Hadria. Lavia