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entendre de la nef du temple de Jupiter Olympien ?

Ce qui est fort à regretter, c’est que les dessins dont Vitruve avoit accompagné les dix livres de son Traité, soient perdus. Ou ne sauroit dire combien de difficultés et d’obscurités auroient été levées et éclaircies à l’aide de ce langage, qui dit par un seul trait, et avec la plus grande clarté, ce que toutes les explications et toutes les tournures de phrases ne sauroient faire comprendre.

Nous avons déjà vu qu’on avoit tenté d’attribuer à Vitruve l’arc de Vérone, où on lit son nom, et que cette opinion avoit été complètement réfutée. Cet architecte ayant vécu sous le règne d’Auguste, quelques critiques ont imaginé de lui attribuer l’érection de l’arc de triomphe de Rimini, élevé l’an 727 de Rome, sous le septième consulat d’Auguste. (Voyez RIMINI.) Fabretti, et ensuite Temanza, n’ont pas eu d’autre raison en faveur de leur conjecture, que le synchronisme de l’existence d’Auguste et de Vitruve, comme si à cette époque il n’y eût pas eu dans l’empire romain d’autre architecte que Vitruve. On a d’ailleurs trouvé, dans l’ouvrage même de cet architecte, une assez forte preuve qu’il n’avoit point été l’auteur de ce monument. En effet, il désapprouve, comme une sorte de pléonasme architectural, l’emploi des denticules placés sous les modillons, le denticule paroissant, dans le système d’imitation emprunté à la construction des couvertures eu bois, avoir la même origine que le modillon. Or, ce double emploi se rencontre à l’aie de Rimini, et l’on doit croire qu’il appartient à un architecte théoricien, plus qu’à tout autre, d’être dans la pratique fidèle aux règles de sa théorie.

S’il est vrai qu’un auteur se peint ordinairement dans ses écrits, Vitruve nous donne partout de lui l’idée d’un homme fort modeste, éloigné de toute brigue, d’une probité sévère, et ce qui paroît devoir encore le confirmer, c’est qu’il ne parvint que dans un âge fort avancé, à recueillir quelques fruits de ses nombreux travaux.

VIVE-Arete. Voyez VIF.

VIVIER, sub. m. Pièce d’eau vive, selon ce qu’indiqueroit la formation du mot, où l’on entretient et où l’on nourrit des poissons.

L’établissement des viviers dans les maisons de campagne, fut un des principaux luxes des riches Romains. Ils ne se contentoient pas d’avoir des étangs pour y conserver plusieurs sortes de poissons d’eau douce, ils en creusoient encore sur le bord de la mer, dont ils dérivoient l’eau pour y nourrir des poissons de mer. Plusieurs des maisons de campagne des environs de Rome ou de Baies, devinrent célèbres par le revenu des viviers où le propriétaire nourrissoit des poissons rares. Quelques-uns de ces poissons, tels que la murène, donnérent leur nom à ceux qui en commerçoient,


et firent aussi leur fortune. Hortensius avoit des viviers dont l’établissement lui avoit coûté des sommes immenses, et dont l’entretien n’étoit pas moins dispendieux. Lucius Lucullus ne fut pas moins célèbre par ses dépenses en ce genre. Dans. sa campagne’ près de Naples, il fit percer des montagnes pour dériver l’eau de la mer et la conduire à ses viviers. Dans une autre de ses villa, près de Baies, il somma son architecte de ne point épargner sa fortune, pour creuser des canaux souterrains entre la mer et ses étangs.

Ces étangs avoient aussi pour objet de procurer aux maîtres de ces campagnes le plaisir de la pêche. Parmi les peintures d’Herculanum, il y en a plusieurs qui représentent de ces sortes de scènes. Pline le jeune a fait la description de ses campagnes situées sur le bord d’un lac. Dans l’une de ces maisons il avoit l’agrément de pouvoir pêcher lui-même de sa chambre.

Nos grands, dit Cicéron, se croient les plus heureux des hommes lorsque, dans leurs viviers, ils possèdent un mulet ou une barbue de mer, qui vient prendre la nourriture de leurs mains ; et Pline nous assure que, dans les viviers de César, il y avoit plusieurs poissons qui approchoient lorsqu’on les appeloit. Les étangs ou viviers creusés dans le roc passoient pour être les meilleurs. Au défaut de roc on battoit bien la terre sur les bords. Dans le fond, ou le sol, on creusoit différentes cavités ; quelques-unes étoient taillées carrément, c’est là que se reposoient les poissons à écailles ; d’autres contournées en spirale étoient destinées aux murènes. On donnoit communément à l’eau neuf pieds de profondeur au-dessous de la surface de la mer. Divers canaux étoient pratiqués. les uns pour amener les eaux, les autres pour leur décharge ; ces derniers avoient des grillages pour empêcher les poissons de sortir avec l’eau. Pour que les poissons ne trouvassent aucune différence entre ces eaux renfermées, et celles des fleuves ou delà mer, ou ménageoit pour leur retraite, des blocs de rochers que l’on couvroit d’algues et de piautes aquatiques.

VOIE, subst. fém. du mot latin via, chemin, route, etc.

Au mot CHEMIN (voyez cet article), nous avons rendu compte, avec assez de détails, de la partie qui entre naturellement dans les travaux de l’art e bâtir, et qui regarde la construction, l’établissement et l’exécution des grands chemins, soit chez les Anciens, soit chez les nations modernes, et nous avons renvoyé à l’article VOIE, ce qui regarde les connoissances historiques et archéologiques que ce mot comporte. Nous réduirens toutefois aux notions les plus essentielles, ce que le lecteur peut exiger de nous sur cet objet.

L’histoire nous a transmis trop peu de détails exacts sur les chemins et les voies publiques des plus anciens peuples, pour qu’il soit possible de