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nombre des entreprises, que la puissance et la fortune de beaucoup de princes ont réalisées.

La villa Borghèse on villa Pinciana, égale en richesses d’antiquité à la précédente, avant qu’elle en ait été dépouillée, est moins remarquable par la beauté et le goût du bâtiment, que pur la grandeur, la variété de ses jardins, et des ornemens qu’on y a ajoutés, à la fin du dernier siècle.

La villa Pamphili, construite et ornée par Algardi, est regardée comme la plus considérable de toutes celles qu’on visite, surtout pour la richesse et l’étendue de ses jardins, dont on porte le circuit à prés de deux lieues.

Si l’on vouloit augmenter cet article de la mention de toutes les célèbres villa qui existent dans les environs de Rome, il faudroit faire mention à Tivoli de la célèbre villa d’Est, aujourd’hui à peu près abandonnée, mais qui, malgré son état de délaissement, présente encore dans la situation théâtrale de son palais, dans les beaux restes de ses plantations, et dans le grand parti de son ordonnance, une de ces entreprises qui portent notre esprit à se figure les magnificences de l’antique Rome.

Frascati, aujourd’hui le lieu de délices de Rome moderne, renferme un fort grand nombre de villa qui doivent leur agrément principal, et à la beauté des sites, et à l’abondance des eaux et des cascades qui ornent les jardins.

On ne sauroit terminer cet article sans citer un dus chefs-d’œuvre de l’architecture du seizième siècle en ce genre. On veut parler de la villa Madama, construite par Raphaël et Jules Romain près de Rome entre la pota Angelica et Ponte-Mole. Abandonné, aujourd’hui ce charmant édifice est devenu pour les artistes, comme une supplément à l’élude des ouvrages antiques du même genre, dont te temps et la destruction ont anéanti tous les vestiges.

VILLE, s. f. Nom général qu’un donne à un grand assemblage de maisons, de rues, de places, de quartiers, soit que cet ensemble d’habitations se renferme dans une enceinte de murs ou de remparts, qui s’opposent à son agrandissement, soit qu’il occupe un terrain illimité.

Toute ville étant un assemblage de constructions, œuvres de l’art de bâtir, sons quelque point de vue que l’on considère cet art, et quelqu’étendue qu’on veuille lui donner, on ne sauroit nier que les villesne doivent plus ou moins, non-seulement leur existence matérielle, mais encore leurs avantages, leurs commodités, leurs agrémens, leur beauté, leur renommée, à cette multitude de pratiques, de dispositions qui forment la réunion des travaux de l’architecture. C’est en raison de ce qu’il sera plus ou moins entré d’action ou de coopération de cet art, sous le rapport de goût et de beauté, dans l’ensemble


ou les détails du plan, ou des bâtimens d’une ville, que celle-ci acquerra plus ou moins de célébrité. Il faut reconnoître aussi que la nature des pays, des lieux et des climats, peut être tantôt favorable, tantôt contraire au développement des causes d’où dépendra la beauté d’une ville. Il n’y a personne qui ne sache que, tantôt le manque de matériaux propres aux grandes constructions, tantôt la mauvaise qualité de ces matériaux, privent certaines villes riches et populeuses de la beauté et de la magnificence, que de moindres cités se sont acquises. Les conséquences de cette seule cause sont très-nombreuses, car elles ont une action plus puissante, qu’on ne sauroit le dire, sur la direction du goût, sur l’emploi de la richesse, sur les habitudes politiques et morales, et sur le genre d’ambition de chaque nation, pour l’embellissement des villes. Ce n’est pas non plus ici le lieu d’énumérer toutes les causes morales, qui tendent an développement de l’architecture, en rendant son luxe nécessaire an soutien d’un grand nombre d’institutions. Ce qu’on vient de dire suffit pour faire voir, de combien de principes divers dépend la beauté d’une ville.

Mais un des plus sensibles, est celui qui se confond avec la cause, souvent fortuite, qui a donné naissance à une ville. Car c’est souvent de ce principe originaire, qui, par la différence des situations, influe sur sa prospérité future, que résultera aussi la facilité ou la difficulté pour l’art, d’en rendre les effets et les résultais plus ou moins propices aux beautés de l’architecture.

A l’exception de quelques pays, où l’usage de fonder des villes nouvelles fit adopter (comme on le dira) des pratiques qui les établissoient sur un principe d’ordre et de régularité assez uniforme, nous voyons que, presque partout, les villes, et surtout les plus grandes, durent leur origine, à ce qu’on peut appeler les causes fortuites, (Voyez RUE. ) Quelques maisons, d’abord isolées sur une route, finissent par se trouver rapprochées, si le commerce, ou quelques communications importantes, y conduisent les voyageurs. Ces maisons forment un bourg, et si les mêmes causes continuent d’avoir lieu, le bourg devient une ville, modique d’abord, mais susceptible d’une augmentation indéfinie, pur la réunion progressive qui s’opérera, des bourgs établis à peu de distance d’elle, et qui, par le nom de faubourg qu’on leur donne, nous apprennent da quelle manière cette ville s’est augmentée.

Cette lente et progressive formation de beaucoup de villes, est souvent ce qui rend très-difficile d’y opérer par la suite, les dispositions régulières que l’on aimeroit à y trouver. Il est des lieux propices à ces agrégations de maisons, et aux réunions nombreuses d’habitans, qui forment les grandes villes. Telles sont certaines situation voisines d’une grande rivière, ou sur certains penchans de montagnes, qui mettent à l’abri de