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français ville, village ; ce qui indique que les villes se seront formées tout naturellement du nombre d’habitations bâties auprès d’une villa, ou propriété rustique ainsi appelée.

Aujourd’hui le mot villa n appartient plus qu’a la langue italienne, et ne signifie rien autre chose que ce que nous appelons en français, selon leur importance ou leur étendue, château, maison, bien de campagne, habitation de plaisance, ou possession rustique.

Le mot villa, dans les dfférens genres d’acception que lui donnèrent les Romains, fournit à la science archéologique des notions très-nombreuses, mais qui seroient, pour la plupart, assez étrangères à l’architecture. C’est pourquoi, ayant déjà consacré un article fort étendu à ce sujet, sous le rapport de maison de campagne, envisagée comme habitation de luxe et de plaisance chez les Anciens (voyezCAMPAGNE (Maison de)), je me bornerai ici à un petit nombre de détails fort abrégés sur la villa des Romains, considérée selon ses trois principales acceptions, et je terminerai cet article par une courte mention des plus célèbres villa de l’Italie moderne.

Les Romains avoient trois sortes de villa, et chacune avoit sa destination particulière. On peut dire aussi que, le plus souvent, chaque villa comprenoit les trois genres, savoir, la villa urbana, rustica fructuaria.

La villa urbana conteniot l’habitation du propriétaire. On y avoit toutes le commodités qu’on trouve dans les maisons de la ville. Vitruve lui donne le nom de pseudourbana.

La villa rustica contenait, non-seulement tout ce qui appartient à l’économie rurale, les étables, les écuries, les chambres pour serrer les instrumens d’agriculture, mais aussi la cuisine, la demeure de l’économe, et des autres personnes employées à la culture des biens du propriétaire.

La villa fructuaria étoit destinée à garder et conserver les fruits récoltés. Elle contenoit les greniers pour le blé, les magasins pour l’huile, lés caves pour le vin, etc.

La villa urbana étoit ordinairement construite sur un terrain plus élevé que ceux de la villa rustica et de la villa fructuaria. Elle avoit, en général, les mêmes distributions que les habitations de Rome. Noua renvoyons à tous les mots de ce Dictionnaire qui traitent de la disposition de l’intérieur des maisons, des palais de ville et de campagne.

Dans la villa rustica on trouvoit d’abord, en entrant, le corps de logis de l’économe, bàti à coté de l’entrée de la maison, afin qu’il pût observer les entrans et les sortans, ce qu’on y apportoit, ce qu’on en emportoit. On comptoit, d’après Vairon et Columelle, dans l’ensemble de cette distribution, lu demeure du caissier, au premier étage au-dessus de la porte ; un lieu de dépôt pour les instrumens aratoires ; les cel-


lules des esclaves ; la prison qui étoit souterraine ; l’infirmerie, la cuisine, les étables et écuries ; les logemens des bergers ; le bain des domestiques. Ces différentes parties de la villa rustica, plus ou moins grandes, selon la fortune des propriétaires, étoient placées autour de la cour, qui servoit aux usages journaliers et aux services du ménage. Au milieu de cette cour étoit un réservoir rempli d’eau de source, ou de pluie provenant de l’écoulement des toits. Dans les villa d’une plus grande étendue il y avoit deux cours semblables, l’une intérieure, l’autre extérieure.

La villa fructuaria contenoit les bâtimens dans lesquels on conservoit l’huile, le vin, le moût. Là étoient le grenier à foin et à paille, les pressoirs pour le vin et l’huile, enfin tous les autres greniers et magasins. Les greniers où on conservoit le blé étoient exposés au nord, quelquefois on les voûtoit et on les pavoit de petits carreaux de brique ; les magasins pour les différentes sortes de fruits étoient placés dans un endroit sec, avec des fenêtres vers le nord, garnies de volets pour qu’on pût les fermer de temps en temps, afin d’empêcher les fruits de sécher. Ils étoient construits, voûtés et pavés en pierre.

Autour de la villa, il y avoit plusieurs petites constructions, servant à différens usages, soit pour y jouir de la vue de ta campagne, soit pour y prendre les repas, soit pour y étudier loin de tout objet de distraction. Tel étoit l’Ornithon de Varron, dans sa villa près de Casinum. Pline avoit plusieurs édifices semblables, dans sa maison de Laurentum, comme on l’a vu à l’article MAISON DE CAMPAGNE.

Le plus grand des édifices auxquels on donne le nom de villa est celui qui fut la maison de campagne de l’empereur Adrien, et dont on voit encore d’immenses débris près de Tivoli. Nous en avoua donné ailleurs une description abrégée. Voyez ADRIENNE VILLE.

Il nous resteroit, pour compléter les notions que peut comporter le mot villa dans son emploi assez habituel, de donner ici quelques descriptions des modernes édifices de l’Italie en ce genre, si déjà ce sujet n’avoit dû trouver sa plate, au mot MAISON DE CAMPAGNE, et si l’on ne devoit être par trop embarrassé du choix de ceux de ces bâtimens, qui mériteraient de figurer au nombre des modèles de l’architecture.

En bornant le peu de notions qui entrent dans le plan de ce Dictionnaire, aux plus célèbres villa de Rome moderne, noua citerons comme une dis plus modernes et des plus magnifiques la villa Albani, ornée des plus précieux restes de l’antiquité, où Winckelimann puisa une partie des rares connoissances sur lesquelles s’est fondée sa réputation. Le cardinal Alexandre Albani a fait de cette villa, un lieu tout à la sois de délices et de magnificence, qui peut le disputer au plus grand