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de sa largeur, au lieu du neuvième qu’indique Vitruve. Sur son tympan on voit plusieurs trous, qui semblent indiquer qu’il auroit servi de fond à quelques sculptures eu bas-relief. A la cymaise inférieure de la corniche, au milieu de la frise, et sur le haut de l’architrave, on reconnoît la place qu’auroit occupée un aigle les ailes étendues, emblême soit de Rome, soit de l’apothéose de l’empereur.

Il ne reste plus rien de la couverture antique. Le toit moderne est posé sur une cymaise grosière, qui fut substituée, dans le moyen âge, à l’ancienne déjà dégradée.

Après la chute du paganisme, ce modeste édifice échappa à la destruction de presque tous les temples des faux dieux. Au neuvième siècle il fut transformé en église, consacrée à la Sainte-Vierge. Ce fut alors que pour agrandir le local intérieur, on abattit les murs de la cella, et on lia par une muraille les colonnes, en arrasant les cannelures qui dépassoient trop le parement de la construction nouvelle. L’ancienne entrée fut condamnée, et on perça le mur du posticum, afin que, selon les rites du christianisme, la porte d’entrée sût du côté de l’occident. Plus d’une innovation y fut encore introduite, surtout par l’érection d’un clocher sur la façade. Ayant cessé, par une succession de révolutions, d’être une église, l’édifice est devenu un Musée, où l’on conserve tous les restes d’antiquité que recèle encore le terrain de celle ville et de ses environs.

Il y aurait à citer et à décrire plusieurs autres débris d’antiques monumens, qui sur les lieux même offrent plus d’intérêt, par les moyens qu’ils donnent de retrouver leur ensemble. Tels sont des restes de rampes d’escaliers qui conduisoient, à ce qu’on croit, au temple de Jupiter. Telles sont des portions de salles qu’on croit avoir appartenu à des thermes. Tel est encore un fort beau fragment do portique, qui, dit-on, fit partie du forum, et qui, dans son intérieur, est décoré de colonnes corinthiennes.

Mats un des plut curieux monumens antiques de Vienne, et des mieux conservés, est celui qu’on voit a quelques pas de cette ville, hors du la porte d’Avignon, et qu’on nomme l’Aiguille. C’est une masse qu’on peut appeler pyramidale, considérée dans son ensemble, mais dont la partie supérieure lient beaucoup plus de la forme et de la proportion obéliscales. Le monument se compose, dans sa partie inférieure, d’un massif quadrangulaire, percé de quatre arcades, à la manière des Janus. Ses quatre angles sont flanqués d’une colonne élevée sur un piédestal ; son chapiteau, extrêmement évasé et taillé en biseau, tient, par sa forme, du dorique et du corinthien. Au-dessus de l’entablement est établie une plate forme, dont l’obélisque occupe le centre.

Cet obélisque doit avoir été composé d’une


vingtaine d’assises de pierre, et dut avoir une trentaine de pieds en élévation. Le dessin qu’on en voit dans l’ouvrage des monumens de Vienne, présente une coupe de tout le monument, et cette coupe fait voir que le centre de la construction de l’obélisque étoit vide, soit pour en alléger le poids, soit par raison d’économie de matière. Dans son entier l’édifice peut avoir une cinquantaine de pieds de hauteur.

Quelle fut la destination de ce monument ? Aucune inscription ne l’apprend, et toutes les traditions sur de semblables sujets sont de peu de poids. Aujourd’hui on lui donne le nom de cénotaphe. Selon cette opinion, ce n’auroit été qu’un tombeau vide. Anciennement on lui donnoit le nom de sépulcre. On auroit peine à adopter cette dernière dénomination. Pour croire à cet emploi, il saudroit supposer, ou que les quatre arcades auroient été jadis fermées, pour servir de chambre sépulcrale, ou qu’il y auroit en sons ce monument des excavations et constructions, dont on n’a jamais eu connoissance. Mais dans l’ignorance où nous sommes d’un trés-grand nombre d’usages de l’antiquité, il vaut mieux s’abstenir d’explications, qui ne peuvent être que de vaines hypothèses.

VIF, VIVE, adj. On emploie quelquefois ce terme comme indéclinable, C’est ainsi qu’on en use pour dire le tronc ou le fût d’une colonne, la partie dure d’un mœllon, d’une pierre, que recouvre cette couche que l’on appelle le bousin. Ainsi, on dit d’un bloc de pierre, d’un mœllon, qu’ils sont ébousinés jusqu’au vif, quand on en a atteint le dur avec la pointe du marteau.

On use encore de ce mot au féminin, en désignant dans la taille de la pierre, la vivacité des angles que l’outil y produit, et qui entre dans la perfection de l’appareil et du travail de quelques autres matières. Ainsi, on dit de la pierre, du bois, des métaux, dont les angles sont aigus et ne sont ni émoussés ni arrondis, qu’ils sont taillés à vive arête.

VIGNOLA. Voyez Baroccio.

VILLA. Ce mot signifie en latin, soit une maison de campagne, soit une métairie ou ferme. Cependant quelquefois nu s’en est anciennement servi, pour désigner une bourgade, un village. Le mot villa a encore conservé cette double signification dans les bas temps de l’empire et dans le moyen âge. On le trouve employé dans les Capitulaires de Charlemagne.

Il est certain que beaucoup de ces villa, soit maison de campagne, soit métairie, ont été l’origine d’une infinité de villes, de bourgs et de hameaux, dont nous voyons encore aujourd’hui que les noms commencent ou se terminent par le mut villa. C’est de la que sont venus les mots