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Lyon. Elle fut, sons l’empire romain, une des plus puissantes de la Gaule transalpine. Elle a conservé beaucoup de débris d’antiquité, et quelques restes encore assez remarquables de plusieurs de ses anciens monumens.

Les environs de Vienne témoignent de son ancienne importance, par des vestiges de routes, surtout de la via Aurelia, dont une partie, reconnoissable aux blocs irréguliers dont toutes les voies romaines étoient formées, existe encore à peu de distance de la ville. Il paroît que plusieurs aquéducs y conduisoient d’abondantes eaux. On en trouve des parties dans toutes sortes de directions. Il y en avoit un formé de trois conduits parallèles. Le mieux conservé des trois a été restauré en 1721, et il suffit aujourd’hui, aux besoins de la ville moderne. Sa construction est en maçonnerie de mœllons appelés par les Romains opus incertum.

Il subsiste encore un massif irrégulier dans sa base, à cause des différens angles du rocher de l’ancienne citadelle, qui est du même genre de construction.

La situation de Viennesur les flancs de plusieurs montagnes escarpées, avoit exigé, pour les grands édifices, des substructions considérables. Les Romains avoient élargi et étayé les différens plateaux naturels, par des massifs répartis suivant l’inégalité du sol, depuis le bas jusqu’au sommet du roc de la citadelle. Il y avoit dans quelques-unes de ces substructions, de grands escaliers, par où l’on montoit à plus d’un édifice.

Le plus remarquable de ceux qui subsistent, à peu près en entier, est le temple qu’on appelle d’Auguste et de Livie. On avoit été long-temps divisé sur le nom et la destination de ce monument. Quelques-uns prétendoient que c’étoit un prétoire, d’autant plus que la tradition et les chroniques apprenoient qu’on y avoit rendu la justice. Cependant plusieurs exemples prouvant que plus d’un temple avoit servi aussi de salle d’audience, les deux opinions s’étoient accordées. Mais la lecture de l’inscription dont il ne restoit plus que les trous, dans lesquels avoient été scellées les lettres de bronze, a démontré que sa destination principale avoit été d’être un temple.

Sa longueur totale est de cinquante-cinq pieds, sa largeur de trente, et la hauteur de trente-cinq. L’édifice est en général d’une belle proportion, mais les détails et l’exécution ne répondent point à la beauté de l’ensemble. On diroit qu’il auroit été composé par un architecte, et bâti par de mauvais ouvriers. On y remarque des discordances bizarres, et qui ne peuvent s’expliquer, que par l’inexpérience ou la négligence des constructeurs. L’appareil a été fait comme au hasard, sans accord et sans régularité. L’édifice est élevé sur un stylobate, dont la face antérieure est occupée par un escalier formé de douze marches.


Son plan est celui d’un périptère sur la face antérieure, et sur les deux parties latérales, jusqu’à la sixième colonne, à laquelle s’aligne le mur en retour du posticum, dans l’espace d’une colonne et d’un entre-colonnement, et se termine par un pilastre. Le peripteron se compose de six colonnes de face, et de six dans les flancs, en tout dix-huit ; exemple peut être unique en son genre. Leposticum est formé d’un mur en refends sans aucune ouverture. La porte est du côté oriental.

Les entre-colonnemens témoignent par leurs irrégularités, de la négligence avec laquelle cet édifice fut conduit ; il s’y trouve des différences de près d’un demi-module. Une autre singularité est que les colonnes du portique avec celles d’angle qui font retour, ainsi que les pilastres du mur en retour du posticum dont on a parlé, ont des plinthes à leur base, tandis que le reste des colonnes latérales n’en a point. Il résulte de là que, malgré le peu de hauteur de cette plinthe, le fût de celles des colonnes qui en sont privées a, relativement à la base et au chapiteau, quelques parties de plus en élévation.

Le profil du stylobate est d’une belle simplicité. On peut trouver que la cymaise manque de caractère, et que la plinthe est trop foibe pour le talon. La base est plus forte que la corniche, ainsi que cela doit se pratiquer, par la raison qu’on peut la considérer, moins comme la base du stylobate, que comme celle de tout l’édifice.

On ne sauroit s’assurer si le haut des colonnes a du retrait en dedans, selon le précepte de Vitruve ; le mur moderne les enveloppe presqu’entièrement. La colonne a de hauteur neuf diamètres et demi, le chapiteau un diamètre. Le fût est légèrement renflé ; le plus fort diamètre est un peu au-dessous de sa partie moyenne. Les cannelures sont au nombre de vingt. Le chapiteau, qui n’a que deux modules de hauteur, est de la même proportion que celui de Vitruve. La rose atteint le niveau des angles du tailloir. Ce grand relief, celui des volutes et de l’abaque, font presque tout l’effet de ce chapiteau, car ses caulicoles et ses feuilles d’olivier, très-peu saillantes et timidement traitées, feroient, avec beaucoup d’autres défauts d’exécution, présumer que cette architecture eut pour auteurs des hommes fort peu habiles, ou des ordonnateurs trop parcimonieux.

L’entablement a un peu plus de la cinquième partie de la colonne. Ses trois grandes divisions sont presqu’égales entr’elles, la corniche surpassant seulement de trois parties les deux autres qui sont d’égale proportion Cette monotonie, du reste, est peu sensible par l’effet de la perspective et à cause de la variété des profils. Les rosaces du soffite, non plus que les modillons, n’ont point reçu leur exécution dernière.

Le fronton, sans acrotères, est d’une belle forme ; il a de hauteur un peu plus du cinquième