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VESTIGE, s. m. Ce mot signifié particuliérement la trace Ou L’indication Que laisse non objet quelconque, sur juin Matière sensibles de la receive et de la Conserver. Ce est Ainsi Que la plante du pied laisse non vestige sur le sable ous sur terrain non mou.

Par analogie sur dit d’un bâtiment ruiné, Mais Dont le découvre encore le régime, QU’IL RESTE des vestiges de Son ancienne existence. Dans bien des CAS le mot vestige is synonyme des mots restes, débris, ruines.

VÉTUSTÉ, s. f. Est un synonyme d’ancienneté, d’antiquité ; mais qui, comme toute espèce de synonyme, exprime une nuance d’idée particulière. Vétusté vient sans doute de vetus, vieux, et vetustas veut dire vieillesse, appliquée aux choses plutôt qu’aux personnes. Or on se sert beaucoup trop souvent du mot vieux, comme tout-à-fait synonyme d’antique ou d’ancien. Rien cependant de plus divers que l’idée qu’on attache à ces mots. Antique et ancien comportent l’idée de quelque chose de respectable. Quoique l’idée de vieux et de vieillesse puisse moralement prétendre à produire le même sentiment, cependant rien ne peut faire, qu’il ne se joigne à cette idée, celle des inconvéniens d’un grand âge, et entr’autres des difformités qui l’accompagnent. Turpisque senectus, a dit un poëte. Or il seroit souvent en fait de monumens, très-impropre d’appeler certain édifice antique un vieux édifice, et de parler de sa vétusté, parce qu’il y en a, qui, nonobstant le laps des années, out conservé leur beauté, et en produisent l’idée, de manière à ne pouvoir pas faire naître l’idée de vieillesse.

Généralement, dans un édifice, le mot vétusté indique ce que le mot décrépitude désigne chez l’homme. On dit qu’un bâtiment tombé de vétusté.

VICTOIRE, s. f. Les représentations que la sculpture a faites autrefois, et fait encore aujourd’hui de la victoire, dans les ouvrages de l’architecture, ont rendu son image si usuelle, que l’idée qu’elle représente, a cessé, on peut le dire, d’être exclusivement la propriété des Anciens et de leurs langues, l’expression de leurs croyances el de leur mythologie. La victoire n’est plus pour les modernes, une déesse, un être tel que l’imagination l’avoit personnifié, avec tous ceux dont elle avoit peuplé l’Olympe. Elle est aujourd’hui devenue une simple allégorie, dont le signe s’est introduit dans les formes du langage, et qui, sons les traits qui lui furent autrefois donnés, a pris place parmi les images habituelles de nos arts.

On peut je crois avancer, sans crainte d’exagération, qu’entre tous les signes mythologiques des anciens Grecs et Romains, il ne s’en trouve aucun qui ait été autant multiplié que celui de la victoire. Rien ne contribua plus à cette multi-


plication chez les Grecs, que l’extension qu’ils donnèrent à l’idée de victoire, en la transportant à des succès étrangers aux succès de la guerre. Cette transposition devait s’accréditer dans ces petits états, où tout concouroit à la rendre familière. Elle est sans doute naturelle, et les effets s’en reproduisent par une cause inhérente à la nature de l’homme, savoir, le désir de la supériorité, principe de tous les genres d’émulation, mobile de toutes les ambitions.

Ce principe fut singulièrement exalté chez les Grecs, par la nature de leurs institutions, de leur éducation, de leurs gouvernemens. Les exercices de leurs gymnases, qui d’abord furent l’école de l’art militaire, et finirent par n’être que des spectacles, introduisirent partout l’idée et l’habitude de dispute, de combats, par conséquent de succès ; dès-lors de victoires, de prix et de couronnes. L’enthousiasme public pour ces combats pacifiques, et pour leurs résultats innocens, semble avoir égalé, celui des nations les plus guerrières, et leur zèle à célébrer les plus importantes conquêtes de leurs généraux et de leurs armées. Il n’y a point de louanges, à mettre au-dessus des louanges, dont la poésie lyrique des Grecs, accabla tel athlète aux jeux de la lutte ou de la course, pour avoir par la vigueur de ses poignets, ou la vitesse de ses jambes, et de celles de ses chevaux, terrassé ou devancé de quelques pas, son adversaire.

Ces succès, il est vrai, ne faisoient pas construire d’arcs de triomphe comme à Rome. Mais ils multiplioient les images de la victoire, qu’on déposoit dans les temples, qu’on élevoit sur les places publiques, dont on ornoit les trônes des dieux, et que leurs simulacres tenoient dans leurs mains.

Le Jupiter d’Olympie par Phidias, avoit son trône ou du moins les quatre pieds de son trône ornés ou environnés de vingt-quatre figures de victoire. (Voyez la description de Pausanias et la restitution que nous avons donnée de ce monument dans notre ouvrage intitulé le Jupiter Olympien. ) Le Dieu lui-même en portoit une de près de six pieds de haut, en or et ivoire, dans sa main droite. Mais à quels exploits se rapportoient toutes ces victoires ? Nullement aux exploits militaires. Il n’y a rien là pour la guerre. Jupiter étoit à Olympie le dieu qui présidoit à tous les combats du stade et du gymnase, et lavictoire qu’il tient, est destinée à des combats qui n’étoient que des jeux, à des vainqueurs qui n’étoient que des athlètes.

Ce que nous venons de dire de l’emploi plus particulier des images de la victoire pour les combats gymnastiques, se rapporte surtout aux états républicains, où l’on redoutoit le pouvoir militaire, et où l’on évitoit de prodiguer des honneurs, qui auroient favorisé l’ambition des guerriers. Il ne dut pas en être ainsi des monar-