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les formes des profils les plus graves ou les plus légers, les motifs des ornemens les plus articulés ou les plus ondoyans. Tel enroulement se compose selon le genre de cette sorte d’harmonie, ou de contours sévères, ou de feuillages qui, sous le ciseau, s’arrondissent avec plus ou moins de flexibilité. Il n’y a point de feston ou de guirlande, qui par le choix judicieux de telles ou telles fleurs, de telles ou telles feuilles de chênes, de roses, de lauriers, ou de cyprès, par exemple, ne présente une idée ou une autre, ne fasse un effet plus ou moins analogue au style du monument qui en reçoit l’application.

L’ornement ainsi considéré, devient donc dans l’emploi plus ou moins modéré qu’en fait l’architecte, l’expression du degré de la richesse que chaque édifice doit recevoir de son caractère, c’est-à-dire de l’usage auquel il est consacré. Entre celui qui exclut toute idée d’ornement (comme seroit une prison) et celui qui, comme un temple, un palais, un théâtre, en admet la plus grande abondance, les degrés sont très-nombreux : or, chacun de ces degrés doit être également marqué, par le choix du genre d’objets qui y devient le motif de l’ornement.

Après la distribution et le choix des ornemens, nous indiquerons comme le troisième point d’observation, l’exécution même des objets que l’architecte confie au ciseau du sculpteur.

L’ornement, dans le sens spécial que nous lui avons donné ici, se compose particulièrement des objets qui se taillent sur les moulures et les profils, et qui s’appliquent sur les superficies des principales formes de l’architecture. L’exécution de ces sortes d’ornemens est donc ce qui peut en modifier le plus activement l’effet. Ce sont des espèces de caractères dont la sculpture sait rendre l’impression plus ou moins sensible. Il dépend de l’art qui les façonne, de leur donner plus ou moins de saillie, de les tracer avec plus ou moins de profondeur, de leur donner des contours plus ou moins tranchans, et par conséquent de les détacher avec plus ou moins de vivacité. Or, tout ce qui met de la différence entre leurs effets, contribue aussi, dans une mesure quelconque, à l’expression du caractère de l’édifice.

Il semble inutile de faire observer que dans l’exécution l’ornement, on doit également avoir en vue la dimension des édifices, et l’éloignement où sont des yeux les objets que l’on veut orner. Il y a une manière douce et légère de traiter les feuillages, une manière sévère et fouillée, une manière heurtée, une manière finie et précieuse : car, ainsi qu’on l’a dit au commencement de cet article, l’architecture, dans son exécution, s’approprie et les qualités et les procédés de la sculpture pratique. Ainsi il doit en être des procédés d’exécution des ornemens, par rapport à leur effet, dans un édifice, comme de ceux que l’on suit, dans la manière de traiter les statues, selon leur proportion, ou selon la distance d’où l’on est forcé de les voir.

On n’auroit toutefois qu’une idée incomplète de ce qu’il faut comprendre sous le nom d’ornement, dans l’application que la sculpture en fait aux édifices, si on se bornoit aux seuls détails que reçoivent les profils et les membres des colonnes, ou des parties qui constituent les ordonnances.

Les édifices ne se composent pas seulement de colonnes et d’entablemens. Les superficies formées par les murs et les élévations, selon toutes les formes que l’architecte leur donne, sont propres à recevoir aussi beaucoup de ces motifs courans d’ornemens, qui tantôt interrompent l’uniformité des espaces lisses, tantôt contribuent, par les signes allégoriques qu’on y mêle, à expliquer l’emploi de l‘édifice.

Ainsi l’on verra souvent des espèces de bandeaux continus, ornés d’entrelas ou de postes, régner autour des murs d’un intérieur ou d’un extérieur : ailleurs, les rinceaux dont on a déjà parlé se trouveront composés, selon le caractère du lieu, ou de victoires, ou de génies, ou de symboles divers.

Sous ce rapport, l’emploi de l’ornement devient pour l’architecte l’objet des compositions les plus ingénieuses ; car il est peu d’édifices auxquels on ne puisse donner, par les symboles ou les attributs qui correspondent à sa destination, une valeur de signification particulière.

Ayant restreint, dans cet article, l’idée et le mot d’ornement à ce que l’on entend le plus généralement en architecture par l’imitation et l’emploi de tous les objets que désigne, au pluriel, le mot ornement, nous avons déjà renvoyé le lecteur aux articles séparés, où chacun de ces objets est traité sous sa dénomination particulière ; il ne reste plus qu’à indiquer ici certaines manières de les désigner selon leur emploi ou selon leur exécution.

Ainsi l’on dit :

Ornemens courans. On appelle de ce nom ceux qui se sculptent sur ces parties des édifices qu’on nomme frises, bandeaux, plinthes, baguettes, etc., et qui, régnant avec plus ou moins du continuité, obligent d’y répéter le même objet, comme les oves, les chapelets, les entrelas, les rinceaux.

Ornemens de coins. Ornemens qu’on met aux angles des chambranles, autour des portes ou des fenêtres, dans le retour des cadres ou des corniches. On distingue ces ornemens en simples et en doubles.

Ornemens de relief. Ornemens taillés ou en saillie sur les superficies lisses qui leur servent de fond, comme les frises, les bandeaux, ou pris à même des membres qui s’en trouvent découpés ; telles sont les moulures qui reçoivent des feuilles


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