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n’a qu’une ouverture, ou bien une grande accompagnée de deux petites. La troisième est que la porte se termine dans le haut par un sronton, et l’arc de triomphe par un attique. Les trois dernières différences consistent en ce que les portes ont un ou deux rangs de fenêtres, ce qui n’avoit pas lieu aux arcs de triomphe ; en ce que les portes ont leurs inscriptions ou sur la frise, ou même sur l’architrave, et les arcs triomphaux sur de grandes tables prises dans l’attique ; enfin en ce que les portes de ville faisoient partie des murailles auxquelles elles étoient liées des deux côtés, tandis que les arcs de triomphe sont toujours isolés.

Tous les caractères qu’on vient de reconnoître comme particuliers aux portes de ville, se réunissent sur la porte antique dont on a fait mention. Ce monument a été dessiné et mesuré par Serlio, vanté par Scamozzi, Addisson, Chambrai, qui se sont accordés à le mettre an nombre des plus précieux restes de l’antiquité.

Mais il faut appeler véritablement arc (triomphal, ou de tout autre genre) le monument qu’on a pelle à Vérone (Arco dé Gavii) ; on y trouve de même rassemblées toutes les conditions qu’on vient de parcourir, hors une seule, selon les premiers dessinateurs qui lui ont donné un sronton. Toutefois Massei regarde cette particularité comme une erreur de ces dessinateurs, qui ont trop souvent la manie de suppléer de leur imagination, aux lacunes que le temps a opérées dans les monumens, et il nie qu’il y ait jamais en un sronton. C’est sur cet arc dont on parle à la vie de Vitruve (voyez VITRUVE), qu on lit le nom de l’architecte Vitruvius Cerdo. Quelques-uns ont prétendu qu’il étoit te même que le Vitruve, auteur du Traité d’architecture. Massei suppose tout aussi gratuitement, ce nous semble, que ceVitruvius Cerdo auroit été le disciple et l’affranchi de Vitruvius Pollio, et il ne trouve point valable l’objection des denticules qu’on voit sous les modillons, à une partie restante de l’entablement de cet arc, pratique réprouvée par Vitruve dans son Traité, parce que, dit-il, peu de temps après lui l’usage contraire s’étoit établi.

Ce monument, indépendamment de toutes ces controverses, a reçu généralement l’approbation des plus habiles architectes, pour la justesse et l’accord de toutes ses parties. Mais on ne sauroit, dans l’état où il se trouve aujourd’hui, prendre une véritable idée de ses proportions. Il est enterré jusqu’à une certaine hauteur, c’est-à-dire celle du piédestal des colonnes, qui avoit de haut le tiers de leur élévation, ainsi que l’ont noté tous les architectes qui en ont levé les mesures, fondés sur l’autorité d’un de ces piédestaux mis à découvert du côté des fossés du château. Ainsi devoit gagner l’aspect de cet arc considéré dans son ensemble. Dès-lors les deux niches qu’on voit de chaque côté, et qui étoient ornées de statues,


se trouvoient à une juste distance de la vne. Ce fut sur l’appareil de cet arc, que Palladio fit l’observation qne les Anciens, pour rendre les joints de leurs pierres aussi déliés qu’il fût possible, avoient l’usage de ne pas en terminer les arêtes avant leur pose. Au contraire, ils leur laissoient dans leurs paremens, un excédent de matière qu’ils n’enlevoient sur place, par un dernier ragrément, qu’après toute la construction terminée.

Il faut remarquer qu’à une des parties de cet arc, il existe une porte de moyenne hauteur, et on voit encore la marque d’une semblable an côté correspondant. Les colonnes d’angle venoient aussi à faire sace sur les côtés. On a supposé que cet arc avoit pu sormer un quadrivium, et avoit ossert un passage dans tons les sens, à la manière des Janus.

Il y a à faire sur cet arc la même observation que nous avons abrégée en peu de mots, en parlant de l’arc des Sergius à Pola, en Istrie (voyez POLA) ; c’est-à-dire qu’il faut se garder de donner le nom d’arc de triomphe à tout arc qui rappelle, par sa forme, la disposition générale des monumens élevés pour les pompes triomphales, en l’honneur des vainqueurs. L’arc de Pola, et plusieurs autres qu’il seroit inutile de citer ici, nous prouvent que l’on consacroit des monumens dans la forme des arcs de triomphe, à des personnages qui ne remportèrent jamais de victoires. Plusieurs même de ces monumens sont élevés à une famille, et sur l’arc de Pola on lit le nom de la semme d’un des Sergius, laquelle avoit fait la dépense du monument. On croit donc, et tel est le sentiment des antiquaires à cet égard, que l’on éleva de semblables arcs, pour plus d’un motif indépendant des succès militaires ; qu’on put en faire des monumens simplement honorifiques, pour récompense de services civils ; mais que, plus probablement encore, ils purent être des tombeaux ou des cénotaphes élevés par ou pour des familles recommandables ; et la famille des Gavius à Vérone pourroit offrir un témoignage de plus en saveur de cette opinion, à celui qui entreprendroit un travail critique sur le très-grand nombre de monumens encore existans, et qu’on a confondus sous la dénomination banale d’arc da triomphe.

Le monument d’antiquité le plus considérable qui existe à Vérone, et un des plus remarquables qu’on puisse voir partout ailleurs, est sans contredit cet amphithéâtre romain, le seul, entre tous ceux qu’on connoît t, qui soit encore entièrement intègre dans sa partie intérieure, c’est-à-dire celle des nombreux degrés où se tenoient les spectateurs. Le temps a heureusement encore épargné quatre des arcades on portiques qui formoient l’enceinte extérieure de ce vaste édifice, dont nous avons donné avec beaucoup d’étendue les détails ailleurs, (Voyez AMPHITHEATRE.) Il nous