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l’an 1653 jusqu’en 1670, et qu’il mourut cette même année âgé de cinquante-huit ans.

Une de ses premières entreprises, et de ses plus Importantes, fut le château de Veaux, qu’il éleva en 1663, pour le surintendant Fouquet qui n’avoit rien épargné pour en saire une habitation magnifique.

Le château de Livry avoit été construit vers le même temps, par Le Veau, pour M. Bordier, intendant des finances. Il a été démoli vers la fin du dernier siècle.

Cet architecte fut appelé à réaliser une de ces grandes entreprises, qui malheureusement dépendent de trop de circonstances, pour que celui qui les commence en puisse voir la fin. Il fut chargé de donner le projet de la grande église de Saint-Sulpice à Paris. L’ancienne étoit devenue beaucoup trop petite, pour la population du faubourg Saint-Germain. Anne d’Autriche en posa la première pierre, etLe Veau en jeta les fondemens. Plus d’un architecte s’est succédé dans les dessins et les travaux de cette église, dont le cheœur fut construit avant la nes. On lit, dans plus d’un biographe, que Le Veaun’éleva la chapelle de la Vierge, que jusqu’à la corniche seulement. Il saut entendre que la coupole qui précède aujourd’hui la chapelle de la Vierge, devoit être cette chapelle, dans le projet de Le Veau. Celle qui existe de nos jours est évidemment un appendice, et une construction plus moderne, ajoutée au plan primitif. Il est donc à croire que si Le Veau éleva jusqu’à la corniche, la coupole qui est au bout du chœur, il aura également porté au même point, la construction de ce chœur, qui, ainsi que celle des bas côtés, seroit son ouvrage.

Le Veau fut l’architecte d’un charmant petit palais situé à la pointe de l’ile Saint-Louis, et qu’on appelle encore hôtel Lambert, bien qu’il ait changé plus d’une sois de propriétaire et de destination. Cette jolie maison rappeloit assez dans son temps, par l’agrément de son architecture extérieure, et ses distributions intérieures, le goût de bâtir et d’orner des bons temps de l’Italie. Il y avoit des plafonds peints par Lebrun, et une galerie décorée par Le Sueur, dont on a détache la charmante suite des Muses, que l’on conserve dans le Musée Royal.

D’autres constructions d’hôtels occupèrent le talent de Le Veau d’une manière distinguée. On cite les hôtels de Pons, de Colbert et de Lionne ; ce dernier devint l’hôtel Pontchartin. Mais où retrouver aujourd’hui, même le souvenir de bâtimens que des changemens continuels, ou ont fait abattre, ou ont dénaturés ?

En 1660, le cardinal Mazarin lui confia l’exécution des changement qu’il vouloit faire à l’ancien château de Vincennes, dont il ne reste plus que les huit tours, et le donjon. Le Veau éleva deux ailes nouvelles, et le portique qui regarde le pare.


Quatre ans après, Louis XIV ordonna de nouveaux ouvrages pour l’embellissement du palais des Tuileries. Le pavillon du milieu n’avoit été jusqu’alors décoré que des ordres ionique et corinthien. Le Veauy ajouta un composite, avec un attique surmonté d’un dôme en plan quadrangulaire. Les colonnes de tous ces ordres sont de marbre, et sur l’entablement s’élève un fronton, avec accompagnement de figures. La manière dont cet artiste a achevé le pavillon du milieu et les ailes qui vont joindre les deux pavillons des extrémités de cette façade est assez ingénieuse ; mais tous ces raccordement n’ont pu redonner de l’unité à cette ligne de bâtiment, ni l’empêcher de paroître un assortiment plus ou moins incohérent, d’élévations disparates, et dont il a été simplement possible de coordonner les masses, à l’uniformité de quelques lignes horizontales.

Le manque non-seulement de notions historiques sur beaucoup d’artistes, mais même de renseignemens sur les ouvrages de l’époque où vécut Le Veau, nom empêche de pouvoir lui attribuer avec quelque certitude plusieurs monumens. On sait qu’il eut d’habiles élèves, entr’autres d’Orbay (voyez ce nom) qui put ou coopérer à ses ouvrages, ou lui succéder, dans leur exécution. Il y a quelqu’apparence, que l’opinion publique, comme cela arrive encore, aura pu se méprendre entre l’inventeur du plan et de la composition d’un édifice par le maître, et son exécution ou son achèvement par l’élève. D’après cela il seroit possible, comme on en trouve l’opinion sort accréditée, que Le Veau sût le principal auteur du bâtiment appelé Collége des Quatre-Nations à Paris, ouvrage dont le plan exigea une très-grande intelligence, et dont l’élévation présente, sur le quai en sace du Louvre, un aspect monumental qu’il n’est pas très-ordinaire de rencontrer. Le quai même el le revêt ment de ses murs, avant l’érection du pont de ser qui joint aujourd’hui les deux rives du fleuve, surent composés de manière à se raccorder heureusement avec la masse du monument principal. Ce dernier est formé sur le quai d’une assez grande partie demi-circulaire, dont chaque extrémité se termine, selon l’usage du temps, par un très-gros pavillon décoré de pilastres corinthiens. Au milieu du demi-cercle est le frontispice de l’église en avant-corps, orné d’un péristyle corinthien avec un fronton. Le tout est subordonné à la coupole de l’église ornée en dehors de pilastres composites. La forme de cette coupole, presque sphérique en dehors, est elliptique en dedans. Au moyen de cette ressource ingénieuse, l’architecte a su ménager dans l’épaisseur des murs, des escaliers à vis, qui conduisent aux tribunes et au comble de l’édifice.

Généralement en louant, tant au-dedans qu’au dehors, plus d’une disposition qui annonce un homme possédant beaucoup d’habileté, à tirer parti