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dans les tableaux, au point de produire par le mélange des teintes et l’intelligence du clair-obscur et des dégradations, les effets de la vérité naturelle.

L’art des Modernes a été beaucoup plus loin dans l’application des routeurs et des ressources de la peinture aux vases. L’extension et les progrès des sciences naturelles ayant porté au plus haut point la fabrication de la porcelaine, on a fait, comme objets de luxe et de décoration, des vases d’une très-grande dimension. Le besoin d’y orner de très-spacieuses superficies a appelé l’art de la peinture, avec tous ses moyens d’illusion, pour décorer la circonférence de ces vases. Si un certain goût, sondé sur la nature propre de chaque chose, eût toujours présidé à cet emploi de la peinture, au choix de ses sujets, et à la mesure d’illusion qu’ils pourroient comporter, on ne sauroit nier que l’art de peindre les fonds de la circonférence d’un vase, auroit pu trouver ses limites dans la nature même de l’objet à décorer. Les convenances de ce genre, le peint e les auroit observées, en se réglant sur celles que suit la décoration dans les compositions dites d’arabesques, exécutées sur des pilastres ou d’autres sursaces, dont on ne doit point altérer le sond, même pour l’apparence. Ces convenances sont également indiquées par le soin que toujours l’art de la sculpture antique a pris, de respecter dans ses bas-reliefs les fonds, soit des vases, soit du galbe des colonnes, soit des superficies que l’architecture livre au ciseau, à condition d’en respecter l’intégrité, et de ne pas produire l’apparence de vides, là où la raison fondamentale veut qu’on voie un plein ou un massif. La peinture auroit donc pu, de même, faire circuler et tourner au tour de la circonférence d’un vase, des figures mises en harmonie avec le fond, dont elle eût respecté l’apparente intégrité, c’est-à-dire le galbe même du vase.

On a vu, au contraire, le galbe d’un vase peint offrir, ainsi que le fond d’un tablean, des lointains, des vues perspectives, des sites et des paysages, dis cieux et des marines, en sorte que le vase disparoît sous l’illusion pittoresque. Tels sont les abus que produit la confusion des idées et des élémens de chaque chose, lorsque, livrés aux spéculations de la mode et de la nouveauté, les ouvrages de l’art ne sont plus recherchés que comme des objets dispendieux ; disons encore, lorsqu’ils ne correspondent plus à aucune destination propre à fixer leur caractère et leur goût.

On donne le nom de vase à différens objets, qu’on appelle ainsi, à cause de quelque ressemblance ou analogie de sorme ou d’emploi. Ainsi, on dit :

VASE DE CHAPITEAU. C’est dans la configuration du chapiteau corinthien ce qui en forme le corps, ou la masse, qu’on revèt et qu’on orne de feuillages,


de caulicoles et de volutes. Ce corps, effectivement, dénué de ses ornemens, a la forme d’un vase du genre de ce qu’on appelle calice ; on l’appelle également campane, ou cloche, parce que la cloche, dans sa position ordinaire, n’est pas autre chose que ce même vase renversé.

VASE D’AMORTISSEMENT. On donne ce nom à un vase qui termine souvent, saute d’autre motif d’ornement, la décoration des façades de beaucoup d’édifices. Il est ordinairement isolé, souvent orné de guirlandes, et quelquesois couronné de flammes. On emploie encore cet ornement dans les intérieurs, soit en bas-relief, soit on ronde-bosse, au-dessus des portes, des cheminées, etc.

VASE D’ENFAÎTEMENT. Ainsi nomme-t-on les vases qu’on place sur les poinçons de combles, et que l’on fait ordinairement en plomb qui est quelquefois doré. On en voit des exemples au château de Versailles.

VASE DE TREILLAGE. Cette sorte de vase est un ouvrage d’ornement à jour, fait de verges de ser et de bois de boisseau, contourné selon le galbe du semblant de vase qu’on veut produire. On l’emploie à servir d’objet d’amortissement sur les portiques et les cabinets de treillage dont on orne les jardins. Les vases de cette espèce, imitation en treillage, de ceux qui se sont en matière plus solide, reçoivent, par suite du même esprit d’imitation, soit des fleurs, soit des fruits, façonnés à l’instar de ceux qui sont l’ouvrage de la sculpture.

VASES DE SACRIFICE. On fait, dans les ornemens de l’architecture, une classe à part de ces sortes de vases ; et l’on en distingue de deux genres, ceux qui servoient au culte du paganisme, et qu’on trouve représentés sur plus d’un reste de monumens religieux antiques. Ces vases étoient particulièrement le thuribulum, vase où l’on mettoit l’encens, le prœfericulum et le simpulum, le premier en forme de burette ornée de sculpture, le second, plus petit, en manière de lampe, tous deux servant aux libations qui avoient lieu dans les sacrifices. C’est ainsi qu’on en voit encore conservés sur la frise corinthienne du temple de Jupiter Stator à Rome. Dans les édifices sacrés du christianisme, on a souvent admis, comme matière d’ornement en bas-relief, les vases consacrés à la religion, comme les calices, burettes, patènes, etc.

VASES DE THÉATRE. C’étoient, selon Vitruve, certains vaisseaux d’airain qu’on plaçait en face de la scène, sous les degrés du théâtre, où se tenoient les spectateurs. L’objet de ces vases, ainsi situés, étoit de donner au local plus de