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fort grand nombre d’architectes, qui surent occupes pendant une longue suite d’années, à faire, défaire et refaire, en sorte qu’avec peine y découvre-t-on aujourd’hui la conception du premier auteur. Aussi nul monument au lieu d’unité, ne donne-t-il plus l’idée de pluralité de morceaux réunis. Un exemple tout-à-fait opposé, est celui que nous avons déjà cité à l’article UNIFORMITÉ (voyez ce mot) du grand palais de Caserte, conçu, composé, exécuté et terminé dans un court espace de temps par le même architecte.

De l’unité de plan. Le plan d’un édifice, étant la base et le principe essentiel de sa constitution, c’est de cette unité, que procédera, plus qu’on ne peut le dire, l’effet de la liaison, ou de l’accord du tout avec ses parties, de cette grande raison d’ordre et d’harmonie, par quoi ou peut définir l’unité et eu rendre les préceptes sensibles. Le plan déterminant les masses extérieures, comme les distributions intérieures, le principe de son unité reposera d’abord, sur l’idée la plus claire qu’il sera possible, de la nature de l’édifice, c’est-à-dire de la raison pour laquelle chaque partie s’y devra trouver, et de la raison de ses rapports avec le tout. Voilà pour ce qui regarde l’unité de-plan, considérée dans le sens d’une théorie abstraite. Sous le rapport, plus particulièrement pratique, des combinaisons d’un plan, dans la vue de plaire à l’esprit et aux yeux, l’unité résultera d’abord de l’emploi des lignes simples, des contours réguliers, et d’une correspondance de parties faciles à saisir. La symétrie est généralement un mérite et un agrément dans un plan, par la raison qu’elle offre plus que toute autre combinaison, l’idée d’un tout achevé et complet, et qu’elle simplifie singulièrement le travail de l’esprit, qui cherche à se rendre raison des conceptions de l’architecte. L’unité toutefois n’est pas blessée par certaines dispositions qui tendent a mettre en opposition des formes différentes, et des contours divers. L’unité qui a besoin de variété s’accommode de certains contrastes dans un plan, autant qu’elle repousse cette affectation de parties rompues, de contours mixtilignes, qui semblent n’avoir été sous le crayon du dessinateur, qu’un jeu fantastique, dont le bon sens et le bon goût doivent reléguer l’abus puéril, parmi les fantaisies sans conséquence, qu’imagine le luxe mercantile pour diversifier ses produits.

De l’unité d’élévation. Ce qui constitue particulièrement dans l’architecture l’unité d’élévation, c’est d’abord une telle correspondance de l’extérieur de sa masse avec l’intérieur, que l’œil et l’esprit y aperçoivent le principe d’ordre et la liaison nécessaire, qui en ont déterminé la manière d’être. Le but principal d’une façade ou élévation de bâtiment, n’est pas d’offrir des combinaisons ou des compartimens de formes qui amusent les yeux. Là, comme ailleurs, le plaisir de la vue, s’il ne procède pas d’un besoin, ou d’une raison


d’utilité, loin d’être une source de mérite et de beauté, est tout au moins un brillant défaut. Mais là, comme ailleurs, le plus grand nombre se méprend en transposant les idées, c’est-à-dire en subordonnant le besoin au plaisir. De là cette multitude d’élévations d’édifices, dont les formes, les combinaisons, les dispositions, les ordonnances, les ornemens contre-disent le principe d’unité fondée sur la nature propre de chaque chose. Ce qui importe donc à l’unité dont nous parlons, ce n’est pas qu’une élévation ait plus ou moins de parties, plus du moins d’ornemens, c’est qu’elle soit telle que la veulent le genre, la nature et la destination de l’édifice ; c’est qu’elle corresponde aux raisons, sujétions et besoins, qui ont ordonné de sa disposition intérieure ; c’est que l’extérieur de cet édifice soit uni par le lien visible de l’unité, à la manière d’être que les besoins du dedans auront commandée.

Que s’il s’agit ensuite d’examiner les effets de l’unité d’élévation, sous le rapport d’agrément ou du plaisir qu’on trouve à un ensemble décoratif, il semble qu’on peut avancer, que ces effets seront causés principalement par l’emploi d’un seul ordre de colonnes, s’il y a lieu, par un espacement égal de ces colonnes, par leur position sur une seule ligne, sans ressaut, ni arrière ou avant-corps. Si l’édifice est à plusieurs étages, comme un palais, on satisfera beaucoup mieux à l’unité d’élévation, en subordonnant chaque étage à une seule et même disposition d’ouvertures, à une répartition de pleins et de vides, telle que le plein l’emporte sur le vide, en ménageant de grands espaces entre les étages, en soumettant la masse totale à une ligne uniforme d’entablement, en y produisant le moins de divisions qu’il sera possible.

Généralement l’unité morale dans l’élévation des édifices, participe plus qu’aucune autre, peut-être, de celle qu’on peut appeler unité matérielle ou arithmétique. C’est qu’il n’y a peut-être point d’art, plus exposé que l’architecture, à des cumulations d’objets, à des redites de formes, à des multiplicités de besoins et d’emplois, qui tendent à introduire dans les compositions, l’idée, l’apparence, et, il saut le dire, souvent aussi, la réalité, de ce qu’on peut appeler ou duplicité ou pluralité d’objets dans un même objet, d’élévations dans une même élévation. Telle est évidemment la condition, en quelque sorte obligée, des élévations d’églises, sur les nefs desquelles on voit au-dessus des combles et des frontons qui devroient terminer l’édifice, un nouvel édifice sans rapport de formes et quelquefois de proportions, avec celui qu’il surmonte. On sent que je veux parler du plus grand nombre des églises a coupoles. Non qu’un veuille prétendre qu’il n’y a aucun moyen de soumettre au principe moral de l’unité, cette double élévation, ni qu’on croie ce problème insoluble ; au contraire, la grande basilique