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de bâtimens le nom d’abattoirs. Les inconvéniens et les dangers résultant de la conduite des bœufs dans Paris, de la saleté et de l’infection produites par les opérations de la boucherie, out sait adopter la construction, dans les lieux les plus éloignes du centre de la ville, d’immenses bâtimens appelés abattoirs, où sont conduits tous les bœufs et autres animaux pour être abattus et dépecés, et d’où chaque boucher est tenu de ramener dans des voitures les viandes découpées, qui sont eu cet état étalées dans les boutiques de boucherie.

TUF, s. m. Ce mot vient du latin tophus.

On distingue plusieurs natures de tus. C’est un terrain tantôt spongieux, fistuleux et poreux, comme la pierre ponce, tantôt compacte comme certaines pierres à bâtir, quelquefois épais, quelquefois mince, tantôt mêlé plus ou moins de cailloux, de gravier, de sable, tantôt coloré, tantôt calcaire, tantôt argileux. Ces variétés proviennent du genre différent des parties étrangères qui entrent dans la formation du tuf. Aussi y en a-t-il de sort léger dont on se sert pour faire des voûtes, et qui prend bien le mortier ; il y en a d’une foible consistance dont on use pour de légers ouvrages ; il s’en trouve qui a la fermeté de la pierre, et qu’on peut employer même d’ans les fondations.

Le tuf est désigné par Pausanias sous le nom de porinos lithos. Cétoit, à ce qu’il paroît, en Grèce un tuf blanchâtre. Plutarque parle d’un Silène qui étoit sait de relie espèce de tus. Le célèbre temple d’Apollon à Delphes en étoit bâti, ainsi que le temple de Jupiter à Olympie.

A Rome et à Naples, on sait un très-grand usage de l’espèce de tus que l’on appelle peperino à Rome, piperno et pipierno à Naples, nom qui lui vient très-probablement de Piperno (l’ancienne Privernum) où cette pierre s’exploite en grande abondance. C’est de peperino que surent bâtis (comme on le voit encore) les soubassemens du Capitole, dont il reste cinq assises composées de très-gros blocs, qui ont jusqu’à cinq palmes et demi romains de longueur. La Cloaca maxima en fut aussi construite, et généralement l’emploi de celle sorte de tuf se retrouve dans les plus anciennes constructions de Rome. On n’employs que plus tard la pierre appelée travertino.

On continue d’employer aujourd’hui le tuf appelé peperino. Il y eu a de plus d’un genre. L’un est d’une qualité terreuse ; on en trouve dans le voisinage de Naples qu’on travaille à la pointe. Il en est un autre plus tendre, auquel on donne le nom de rapillo, ou plutôt de lapillo. On le diroit formé d’un sablon noir pierreux, et on le travaille en dalles, qui servent de pavemens dans beaucoup de maisons, et aussi à faire des terrasses. On en trouve de la même espèce à Frascati, près l’antique Tasculum. On croit généralement que c’est une production volcanique.


TUILE, s. f. En latin tegula, du verbe tego, qui signifie couvrir. La tuile effectivement est ce qui sert le plus souvent de couverture aux édifices, surtout à ceux qui se terminent par des toitures ou assemblages de solives faits en pente.

Au mot COUVERTURE (voyez ce mot), on a donné des notions fort détaillées sur les diverses manières de couvrir les édifices, et d’y employer les tuiles de terre cuite, selon leurs formes. Nous ne reviendrons point ici sur ces notions générales ; nous bornerons cet article à ce qui regarde la tuile en elle-même, sans rapport avec les diversités de ses emplois, c’est-à-dire spécialement quant aux matières dont on trouve qu’elle sut, et peut être faite, quant aux particularités dont les témoignages de l’antiquité nous ont conservé le souvenir.

Quoique dam nos usages, le nom de tuile fasse toujours naître l’idée qu’en donnent les définitions techniques, je veux dire d’un carreau de terre grasse, d’une épaisseur quelconque, pétrie, séchée, et cuite au four à la manière des briques, il est certain que le mol tegula, dont le mot tuile paroît provenir, on dont il est la traduction et l’équivalent, présente une idée plus étendue, et une notion beaucoup moins restreinte. Comme moyen de couvrir les sommets des édifices, il s’en saut de beaucoup que la tuile doive être considérée comme étant nécessairement de terre cuite. On sait qu’en plus d’un pays on se sert, pour couvrir les bâtimens considérables, de ce qu’on appelle bardeaux. Ce sont de petits ais d’un certain bois de dix à douze pouces de long, sur six à sept de large, dont on sait des tuiles légères et économiques. Tout le monde cannoit la pierre particulière appelée ardoise, qui se délite très-facilement, qui se laisse tailler de la grandeur et de l’épaisseur qu’on désire, et qui forme des tuiles, bien qu’en France surtout ou leur donne le nom de leur matière pour les distinguer des tuiles, qui emportent, comme on l’a déjà dit, dans le langage usuel, l’idée de terre cuite.

Toutefois la tuile en terre cuite, outre la facilite de se procurer l’argile avec laquelle on la sait, et aussi l’économie, a quelques avantages sur les autres matières. D’abord, on eu varie les formes à volonté, et l’on a vu, à l’article COUVERTURE qu’il s’en sait de plates, de creuses, et d’autres contournées en S ; ensuite on peut leur donner le volume et l’extension qu’on veut, selon le genre des couvertures auxquelles on les applique.

On a trouvé, et l’on trouve journellement dans les fouilles des ruines de monumens antiques en Italie, surtout à Rome et dans les environs, des tuiles de dimensions sort différentes. Les plus grandes sont ordinairement marquées d’empreintes portant des noms qui sont, ou ceux du fabricant et propriétaire de la toilerie, ou des magistrats, peut-être, inspecteurs de cette fabrica-