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montans arabesques des Loges de Raphaël au Vatican, un trophée d’instrumens de musique ainsi groupés et qu’on suppose adossés. Les trophées de musique sont devenus très-communs dans l’ornement d’un local destiné, par exemple, à des concerts. On a fait de même des trophées de sciences, formés de livres, de rouleaux de papier, de sphères, de globes, d’instrumens de géométrie, d’astronomie, de mécanique, d’optique, de physique, etc. On voit dans des maisons de campagne des trophées de chasse, où figurent des armes à feu, des arcs, des corps-de-chasse, des dépouilles d’animaux, etc. Dans le fait, il y a peu de sujets qui ne puisse fournir à cette sorte d’ornement la matière d’une composition plus ou moins heureuse ; ainsi a-t-on plus d’une sois sait entrer dans la décoration des églises, tous les objets ou symboles des cérémonies religieuses, comme croix, chandeliers, encensoirs, ciboires, ostensoirs, mitres, goupillons, etc.

On doit faire observer de nouveau, que c’est toujours en bas-reliefs, et comme montans d’arabesques, sur les espaces qui en comportent l’emploi, que ces sortes de trophées ont lieu. A cet égard, on convient, qu’en supposant tous ces objets suspendus par un lien qui s’attache à un clou à un support quelconque, rien en cela ne blesse la vraisemblance. Il n’en est pas de même de quelques tentatives récemment faites pour composer, en ronde bosse, les masses isolées de tous les assemblages mentionnés des objets dont on a fait l’énumération. Le trophée antique, tel qu’on l’a fait connoître, tel qu’on le voit répété si souvent, avoit pour support naturel le tronc d’arbre et ses branches, qui servoient de support nu d’appui à tout ce qu’on y vouloit rassembler. Dans les compositions modernes, au contraire, où rien n’autorise l’emploi de ce tronc d’arbre, des trophées en ronde bosse ne présentent autre chose aux yeux et à l’esprit, qu’une compilation d’objets surimposés les uns aux autres, amalgame indigeste, de tout ce qu’on y accumule sans ordre ni raison.

TROTTOIR, s. m. On donne ce nom à une partie plus ou moins élevée d’un côté ou des deux côtés du terrain, soit d’une rue, d’un quai, d’un pont, soit d’une route ou d’un grand chemin. Cette partie de terrain ainsi relevée, est destinée particulièrement aux gens qui vont à pied.

Le trottoir est surtout d’une très-grande commodité dans les villes populeuses, où les voilures sont très-multipliées. Il offre aux piétons une voie toujours propre, sûre et libre d’embarras, et l’on ne sauroit trop en recommander l’emploi dans les villes où la largeur des rues le comporte ; car, bien que dans les cités anciennement bâties, et où les rues sont étroites, on puisse toujours diminuer la largeur à donner au trottoir, il résultera de là le double inconvénient, de rétrécir par trop


la voie publique pour les voitures, et aussi celle des gens de pied.

Nous voyons que le trottoir fut usité dans l’antiquité. La ville de Pompeia nous montre des trottoirs fort étroits, dans des rues peu larges, Mais ces petits espaces pouvoient suffire à une petite ville, et dans des temps où le nombre des voitures et des charrois ne devoit pas être fort considérable. Cet exemple ne sauroit servir de règle aux grandes villes modernes, dont les rues n’ont pas les dimensions nécessaises.

La ville de Londres est celle qui a porté au plus haut point de commodité l’usage des trottoirs. Elle a dû cet avantage à la reconstruction presqu’entière qu’occasionna le grand incendie qui consuma une très-grande partie de la vieille ville en l’année 1666. Toutes les rues furent alors tracées sur un vaste plan, toutes alignées et coupées à angle droit. Toutes les maisons y furent reconstruites sur des plans uniformes et dans des données communes à toutes, et conformes à des usages domestiques complétement semblables. Des trottoirs larges et spacieux surent alors établis dans toutes les rues, et depuis, les nouveaux quartiers dont cette ville s’est agrandie, ont encore enchéri sur les dimensions primitivement prescrites.

Les villes qui, créées et accrues par l’effet d’additions graduelles, sans aucun plan préalable, veulent introduire des trottoirs dans leurs rues, ne doivent le faire d’abord que dans les rues qui ont une largeur suffisante, ensuite dans les rues nouvelles, enfin dans celles où peu à peu de nouvelles constructions de maisons donnent le moyen d’un alignement successif et d’un élargissement convenable. Autant les trottoirs sont commodes, avec les conditions qui leur sont propres, autant leur établissement intempestif et prématuré procureroit d’inconvéniens et d’embarras, dans des quartiers étroits et dans des rues irrégulières, souvent traversées par d’autres, et avec des usages domestiques qui, au lieu d’être assortis à cet usage, en contrariroient l’emploi, et en feroient un nouveau sujet de désordres et d’embarras.

On doit faire encore observer à l’égard de l’établissement des trottoirs, là où ils sont admissibles, qu’on les doit tenir le plus bas qu’il sera possible pour éviter les dangers des faux pas multipliés que leur descente occasionneroit. Ils doivent toutefois avoir assez de hauteur pour empêcher les voitures d’y pouvoir monter.

TROU, s. m. Nom général qu’on donne à oute cavité que l’on pratique pour y introduire un objet quelconque. Ainsi on pratique des trous en terre, pour y planter des arbres. On creuse des trous dans une infinité d’ouvrages, soit pour faire des assemblages, soit pour une multitude d’usages qu’il seroit fort inutile d’énumérer.

Dans l’art de bâtir, on pratique un grand nombre