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de Vitruve nous montre que, dans tous les cas, les Grecs ne reconnoissoient que trois ordres.

Vitruve, dans son Traité d’architecture, composé, ainsi qu’il nous rapprend lui-même, des matériau de ses prédécesseurs, en aura sans doute aussi emprunte l’esprit et la méthode. Nous ne voyou pas qu’il ait réellement entendu parler de plus de trois ordres. Quoique les proportions qu’il affecte à chacun, ne soient point le sujet d’une théorie suivie, puisqu’il en traite en des chapitres, et sous des titres distans et divers entr’eux, cependant il a réuni sous un même titre ce qui regarde l’invention et la diversité des genres de colonnes, qu’il borne au dorique, à l’ionique et au corinthien. C’est après avoir rapporté l’origine du chapiteau de ce dernier ordre (1. 4. c. 1), qu’il dit, que sur la colonne de cet ordre on place d’autres genres de chapiteaux, auxquels on donne différens noms, mais qu’on ne peut pas inférer de ces variétés, qu’elles forment une nouvelle espèce de colonnes.

On ne sauroit, ce semble, faire mieux entendre, qu’une différence de composition dans l’ajustement des ornemen du chapiteau corinthien, ne forme point un ordre distinct. C’est cependant d’après les restes de quelques chapiteaux corinthiens, composés autrement que celui de Callimque, qu’un a imaginé, dans les temps modernes, de créer un cinquième ordre, sous le nom d’ordre composé oucomposite. Nous avons assez réfuté cette erreur, à l’article de ces deux mots (voyez COMPOSÉ) ; nous ne la rappelons ici, que pour tirer une semblable conséquence à l’égard du prétendu ordre toscan.

Cependaut les Modernes se sont crus bien autorisés encore sur ce point, puisqu’ils ont pu alléguer l’autorité de Vitruve, et celle même des monumens. C’est cette double autorité que nous nous proposons de combattre.

A l’article ARGHITECTURE ÉTRUSQUE (voy. ETRUSQUE), nous avons traité d’une manière fort étendue de tout ce qu’on peut connoître de l’origine et du système de l’art de bâtir chez les Toscans, et nous croyons avoir porté à un assez haut degré d’évidence, d’après l’histoire, les faits et les monumens, que tous les arts des Etrusques, ainsi que leur mythologie, leurs institutions, leur langue et leur écriture, étaient dans une correspondance parfaite, chez les Grecs, avec les mêmes objets, considérés surtout dans les temps primitifs ; qu’il étoit avéré que de très-anciennes communications avoient existé entre les deux régious ; qu’on ne pouvoit se refuser à reconnoîre la plus grande similitude entre le système de construction en bois des Etrusques, et celui qui servit de modèle à l’art des Grecs ; que dès-lors il n’y auroit sur ce point, d’autre question que celle-ci : les Grecs ont-ils emprunté aux Etrusques ou les Etrusques aux Grecs, le système de bâtir qui leur fut commun ? Nous ne répéterons pas ici les raisons qui


commandent de croire que la véritable origine de ce système fut en Grèce.

A l’article ORDRE (voyez ce mot), nous avons développé assez au long pour ne pas être obligés d’y revenir ici, la vraie théorie de l’ordre, et nous avons prouvé par les élémens qui le constituent, que l’on ne fait point ou ordre nouveau, par l’addition, le changement, ou la suppression d’une des trois principales parties qui en composent l’essence. Ne faisant ici que rappeler ces considérations, nous nous bornerons à faire observer, que, ce qu’on a voulu appeler ordre toscan, n’est autre chose que l’ordre dorique, dénué de triglyphes et augmenté d’une base d’après la description que Vitruve nous a laissée de la colonne de son temple toscan. Nous renvoyons sur cet objet le lecteur au mot ETRUSQUE (architecture), où nous avons rapporté en entier le passage, dans lequel Vitruve décrit avec beaucoup de détails ce temple toscan, tel qu’il en existoit de son temps à Rome.

Il est bon, en effet, de remarquer, que cette pratique de l’emploi du bois dans la construction des temples, pratiqua qui, comme on l’a dit tant de fois, fut l’origine de l’architecture en pierre, et ne cessa peut-être jamais d’être plus ou moins admise en Grèce (voyez TEMPLE), non-seulement se perpétua en Etrurie, mais même à Rome, jusqu’après le règne d’Auguste. Nous en avons un exemple dans le temple du Jupiter Captiolin, brûlé sous Vitellius. Tacite, en décrivant la cause de son incendie (Histor. lib. 3. c. 71), rapporte que le feu ayant été mis à des nuisons, dont les toits s’élevoient presqu’au niveau du sol de ce temple, la chaleur gagna les vieux bois de ce qu’il appelle aquilas, soutenant le faîtage. Or, comme nous l’avons montré au mot FASTIGIUM (voyez cet article), de quelque manière qu’on traduise le mot aquilas, soit par fronton, ce qui correspondroit au mot aetoi des Grecs, soit par aigles sculptées aux têtes des solives, servant de support au fastigium, il est certain que lé bois étoit entré dans la composition, non pas seulement du toit, mais des parties suit du fronton, soit de l’entablement.

Mais la description du temple toscan par Vitruve, nous apprend que jusqu’à lui, ou faisoit à Rome des temples à la manière des Etrusques, c’est-à-dire mélangés de bois et de maçonnerie. Or, c’est en décrivant ce temple, qu’il parle de sa colonne, de sa proportion et de ses détails. Pline, dans un très-court article de son liv. 36, ch. 23, a copié Vitruve, et a réuni les notions fort éparses de cet architecte, à deux lignes, dans lesquelles il nous dit qu’il y avoit quatre genres de colonnes, genera earum quatuor. Que les colonnes doriques avoient six diamètres de bailleur, les ioniques et les corinthiennes neuf, les toscanes sept. Quœ sextam partem altitudinis in crassitudine imâ habent doricœ vocantur, quœ nonam