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a reçu encore d’autres noms tirés toujours de sa forme, tels que tondin, boudin, gros bâton. En italien, on l’appelle bastone.

La base qu’on nomme attique ou corinthienne, reçoit ordinairement deux tores, l’un qu’on appelle supérieur, et qui est plus mince ; l’autre placé plus bas, qu’on nomme inférieur, est plus épais.

Les ouvriers appellent corrompu, une sorte de tore dont le contour ressemble à celui d’un demi-cœur.

TORON, s. m. , signifie gros tore. On a donné depuis quelque temps ce nom, à une très-grosse baguette courante, qui se rencontre dans les monumens l’Egypte, constamment employée à embordurer les frontispices des temples, et à suivre avec la plus grande uniformité les formes extérieures des murs, qui s’alignent avec leurs colonnades, ou ce qu’on peut appeler leurs péristyles. Le toron et la scotie, l’un en relief, l’autre en creux, sont les seules formes de moulures ou de profils qu’ait employées l’architecture égyptienne. Là se trouve une des preuves de la différence de modèle, et de système imitatif, entr’elle et l’architecture grecque, et rien n’explique mieux la monotonie de l’un et la variété de l’autre.

TORS, TORSE, adj. Ce mot Vient de tordre, Qui Vient de torquere. Il Exprime Dans les corps, en juin configuration vis, ous spirale.

TORSE (COLONNE). A l’article CANNELURE (voy. ce mot), nous avons indiqué avec beaucoup de probabilité, ce nous semble, l’origine la plus vraisemblable de la forme bizarre donnée à la colonnetorse. Nous avons toujours réfuté l’opinion de ceux qui, abusant du système imitatif de l’architecture grecque, ou de la transposition de la construction en bois dans la construction en pierre, vont chercher le modèle des colonnes des les arbres, tels qu’ils existent au milieu des forêts. Aussi ne saurions-nous admettre l’hypothèse, en vertu de laquelle on prétend que la colonne torse auroit été une imitation de troncs d’arbres tortus. Quand même on voudroit se prêter à cette idée, encore faudroit-il dire, que l’antiquité véritable n’offrant aucun exemple de colonnes torses, et ce qu’on peut citer en ce genre ne datant que des derniers siècles de l’art, cette bizarrerie, loin d’avoir été le produit d’un temps où l’art se seroit modelé sur ce que la nature grossière des premiers essais lui auroit présenté, n’aura pu être au contraire qu’une conséquence tardive et capricieuse d’un système mal entendu.

A l’article ci-dessus cité, nous croyons avoir établi, que la cannelure des colonnes ne put guère être autre chose, qu’un ornement arbitraire, sans principe puisé dans aucune convention naturelle ; qu’au contraire elle aura dû son origine à quelque


procédé de pratique, dans la taille du bois, ou la coupe de la pierre. Nous pensons pareille chose de l’origine de la colonne torse, c’est-à-dire qu’elle sera née de l’abus des cannelures en spirale. Nous disons l’abus, parce que si la cannelure perpendiculaire est, par le fait, un ornement arbitraire, et dont on ne sauroit découvrir la raison nécessaire, cependant il faut avouer qu’elle est, en ligne droite, plus conforme à la nature de la colonne, que ne le sont les circonvolutions de la cannelure en spirale.

Aussi, autant qu’on peut en juger, et par les ouvrages antiques, où l’on en trouve des exemples, et par l’époque de ces ouvrages, il paroît que ce caprice n’eut lieu, que sur des monumens d’une légère importance, et qui datent des derniers siècles de l’art. Tel est entr’autres le petit temple de Clitumne. (Voyez SPOLETO.) Du reste plus d’un ouvrage d’ornement, comme vase, candélabre ou autre ustensile, reçut des cannelures en spirale ; et l’on avoue qu’il y auroit une sévérité excessive, à les condamner dans ces objets, pures créations de l’imagination, et auxquels on ne doit demander ni la réalité, ni l’apparence de la solidité.

On est donc porté à croire, que la cannelure spirale une fois appliquée à des fûts de colonnes, aura fait imaginer, dans quelques ouvrages non de construction, mais de décoration, qui datent du moyen âge, des réunions de tigettes tordues ensemble (on en voit de semblables d’une petite dimension dans le cloîtra de Saint-Paul hors des murs), qui auront produit et donné l’idée de la colonne torse. Anastasius, dans la Vie du pape Grégoire III, appelle ces colonnes volubiles columnas. Mais Saumaise veut qu’on lise volutiles, et cette leçon se trouve dans d’autres manuscrits.

Winckelmann (Osservazioni sull’ architettura degli Antichi, cap. 2) cite comme exemples de ce genre de colonnes, les deux qu’il dit être employées à un autel de Saint-Pierre à Rome. Mais une note de l’éditeur Carlo Fea, nous apprend qu’il s’agit ici des deux colonnes qui sont dans la chapelle du Saint-Sacrement. Huit autres semblables ornent les quatre tribunes à balcon, qui sont prises dans l’épaisseur des quatre piliers de la grande coupole, et il y en a encore une dans la chapelle qu’on appelle du crucifix, et que Piranesi a gravée.

Autrefois ces colonnes torses ornoient l’autel, ou ce qu’on appelle la confession de l’ancien Saint-Pierre, et elles étoient au nombre de douze. Une se rompit dans l’enlèvement qu’on en fit. On répète, d’après quelques écrivains qui ont donné des descriptions de la vieille basilique, que Constantin les avoit fait venir de Grèce pour cette destination ; mais il est à croire que ces colonnes torses furent les six qu’Anastasius, cité plus haut, dit avoir été placées au lien indiqué par le pape Grégoire III, qui gouvernoit l’Eglise en 731, et