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504 TON TOR

célèbre cimetière de Pise, dont nous avons donné la description au mot CIMETIÈRE. On peut regretter, que depuis, de pareilles entreprises n’aient pas été répétées, et n’aient pas trouvé à se mettre d’accord, soit avec les pratiques de la religion, soit avec les mœurs publiques, et les institutions de la police des grandes villes.

Il devoit en effet arriver à la longue, que les églises devinssent trop étroites, pour recevoir tous les tributs que la mort ne devoit jamais cesser de leur envoyer. Leurs intérieurs aussi ne pouvoient admettre, sans se défigurer entièrement, toutes les espèces de monumens funéraires, que la suite des générations y auroit dû multiplier. La salubrité devoit enfin commander d’en éloigner, ou d’y diminuer considérablement les inconvéniens de ces dépôts toujours croissans des dépouilles des vivans. Il y a donc lieu de regretter que les grandes villes surtout, n’aient pas songé à établir, et pour la dignité des églises, et pour la salubrité publique, et dans le double intérêt des affections ou des vanités humaines, et des arts qui en sont les interprètes ou les ministres, de grands et spacieux édifices plus ou moins dépendans des églises, et dont les vastes enceintes auroient offert tous les degrés de sépultures proportionnés à tous les états, à tous les rangs, à toutes les fortunes.

Nous ne pouvions terminer cet article, sans être ramenés aux réflexions que nous suggéra, il y a près de quarante ans, le cimetière de Pise, dans un temps où il étoit fort difficile de prévoir les événemens, qui auroient pu faciliter à Paris de pareils établissemens, faute desquels, par un désordre contraire à celui des anciens usages, nous voyons sur d’immenses terrains, livrés au hasard ou aux caprices des vanités les plus vulgaires, s’accumuler, comme dans un bois touffu, des monumens éphémères qui s’entre-détruisent, qui s’offusquent, et que menace une prochaine destruction. Triste spectacle, pour la raison et le goût, si le ridicule des misères de l’esprit humain n’en corrigeoit l’effet.

TONDIN. Voyez TORE.

TONELLE, s. f. Vieux mot qui a été employé pour signifier un berceau, un cabinet de verdure. Jean Martin s’en est servi pour désigner un berceau en plein cintre. On croit que c’est de ce mot que fut formé jadis, à Paris, celui de tonnellerie, ou portique de halle.

Le mot tonelle est anglais, et c’est le nom qu’on donne aujourd’hui à un grand conduit, en berceau voûté, qu’on pratique sous la Tamise, pour réunir, en place de pont, deux quartiers de la ville de Londres.

TONNEAU DE PIERRE (construction), s. m. On appelle ainsi la quantité de pieds cubes qui sert de mesure à Paris, pour la pierre de Saint-Leu, et qui peut peser environ un millier ou dix quintaux ; ce qui fait la moitié d’un tonneau pour la cargaison d’un vaisseau. Lorsqu’une rivière a sept ou huit pieds d’eau, la navée d’un grand bateau peut porter à 400 à 450 tonneaux de pierre.

TORCHÈRE, s. f. Ce mot vient de torche, qui signifie un flambeau grossier fait de matière résineuse, dont on s’est servi long-temps, et dont on se sert encore en quelques occasions, pour éclairer hors des intérieurs des maisons, soit les rues, soit des cours ou des passages obscurs.

Torchère signifie donc porte torche. On a donné ce nom à de fort grands guéridons qu’on pourroit appeler candélabres, qui reposent sur un pied ordinairement triangulaire, dont la tige, ornée diversement de sculptures, soutient un plateau qui porte la lumière. On en décore les grandes galeries, et souvent on leur fait supporter des lustres de cristal que l’on garnit de bougies.

La sculpture et l’ornement se sont emparés de ce meuble, et l’on a substitué aux tiges des plateaux, des figures qui posent sur des socles, et portent des espèces de cornes d’abondance, dont l’orifice est le récipient des lumières qu’on en fait sortir.

TORCHIS, s. m. Espèce de mortier fait de terre grasse détrempée, et mêlée avec de la paille coupée, pour faire des murailles de bauge (voyez ce mot), et garnir les panneaux des cloisons et les planchers les entrevoux des planchers de granges et de métairies. On l’appelle torchis, parce qu’on le tortille pour l’employeur, au bout de certains bâtons faits en forme de torches.

TORE, s. m., du latin torus, que quelques-uns dérivent de tortus (tordu, tortillé). Torus signifie proprement, en latin, ces cordes qui, doublées ou triplées par l’art du cordier, forment ce qu’on appelle un câble.

Ceux qui se plaisent à rendre raison de tous les membres, et de toutes les moulures qu’emploie l’architecture, et à trouver cette raison dans les pratiques originairement inspirées par le besoin des constructions primitives en bois, pensent qu’il fut possible que, pour empêcher les bois debout de se rompre par la pression, on les ait environnés dans le bas et dans le haut, de cercles formés par des cordes ou câbles plus ou moins forts. Dans la suite, des liens de fer auroient pu remplacer les câbles, et lorsqu’enfin l’art employa la pierre à reproduire le travail du bois, et l’ouvrage de la charpente, les termes qui exprimoient les premiers procédés du modèle, se perpétuèrent, et continuèrent de s’appliquer aux objets de son imitation.

On appela donc torus, tore, cette grosse moulure ronde, qui entre avec plus d’une variété dans la composition de la base des colonnes. Elle