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dessin du tombeau de Septime-Sévère, nous fait voir le lieu d’où l’on a extrait avec des peines infinies, l’énorme sarcophage en marbre environné de bas-reliefs, et surmonté des deux statues couchées de l’empereur et de Julia Mammea, qui a été déposé dans une salle basse du Museo Capitolino. La coupe du dessin de ce tombeau, au lieu appelé Monte del grano, sait croire, par la montagne de terre qui le recouvre, que jadis il fut dans le goût de celui d’Auguste, d’Alyates et de beaucoup d’autres, dont on a parlé plus haut, un tumulus, ou levée de terre, qui sans doute fut formé de terrasses, aujourd’hui détruites. L’issue ou le conduit pratiqué dans la hauteur de sa voûte, prouve qu’il y avoit au-dessus quelqu’autre intérieur, aujourd’hui détruit, avec tout ce qui forma la masse extérieure de ce mausolée.

Nous avons vu que quelquefois le tombeau ne se composoit que du sarcophage placé en plein air, sur un massif assez élevé. Cependant on le trouve beaucoup plus souvent dans les intérieurs des sépulcres construits, et occupant tantôt la place principale dans les columbaria, tantôt rangé avec d’autres, le long des murs de la chambre sépulcrale. Le nombre de ceux qui existent encore aujourd’hui est infini, et nous avons fait voir aux mots ARCA SEPULCHRALIS et SARCOPHAGE, qu’il s’en fit de toutes les matières, depuis le bois et la terre cuite, jusqu’au marbre et au porphyre. Le plus beau qu’on connoisse de cette dernière matière, est à Saint-Jean-de-Latran à Rome, et les plus grands se voient dans l’église de Mont-Real près Palerme.

Après les sarcophages, les cippes sont les monumens funéraires, d’un ordre inférieur, que l’on rencontre le plus fréquemment parmi les restes de l’antique Rome, et cet objet dont il a été parlé plus haut, ne mérite pas que nous nous y arrêtions plus long-temps.

Pour qui seroit une histoire complète et critique des sépultures et des tombeaux des Anciens, il y auroit certainement à ajouter plus d’une notion à l’énumération des ouvrages funéraires que nous sommes forcés de parcourir ici raidement. Ainsi il nous semble que les colonnes furent employées fort souvent, soit à décorer les tombeaux, soit à être elles-mêmes des monumens funéraires, tantôt en portant les urnes, tantôt en recevant les inscriptions honorifiques. Il y a lieu de croire aussi que certains édifices, que l’on confond avec les arcs de triomphe, purent n’être autre chose que des monumens élevés à la mémoire de certains personnages, et remplacer à leur égard les tombeaux ou les cénotaphes. Mais ceci deviendroit l’objet d’une discussion archéologique, dont cet article ne comporteroit pas l’étendue.

Au mot CATACOMBES, nous avons indiqué déjà l’emploi qu’on paroît en avoir fait dans plus d’une ville antique pour les sépultures, et nous avons


montré que ce ne fut, et ne put pas être, à Rome surtout, l’ouvrage des chrétiens ; que ces souterrains surent pratiqués pour en extraire la pouzzolane, et qu’il fut naturel de les faire servir aux sépultures publiques ; que le christianisme en usa de même, et que si on y trouve de nombreuses indications de sépultures chrétiennes, c’est que véritablement les chrétiens furent les derniers qui s’en servirent ; que dès-lors beaucoup d’anciens tombeaux des payens, devinrent le patrimoine de la religion nouvelle, qui les marqua de son signe.

C’est dans les catacombes de Rome et de quelques autres villes, qu’on trouveroit â continuer l’histoire des tombeaux et des sépultures, vers la fin de l’Empire romain. Un assez grand nombre d’usages fut alors adopté par le christianisme, et une multitude de sarcophages remplis des symboles de cette religion, tels que le bon Pasteur, nous prouve que les mêmes pratiques d’inhumation, durèrent jusqu’à l’époque où, les églises se multipliant, devinrent des lieux de sépulture, qui, ainsi que les terrains des cimetières consacrés dans leur voisinage, firent cesser les usages du paganisme.

Quant aux tombeaux et sépulcres construits, il seroit assez difficile d’en suivre l’histoire dans les bas siècles de l’Empire. Rien de plus incertain que les traditions établies par l’ignorance de ces temps, sur un grand nombre de ruines dépouillées de tous les caractères, qui pourroient saire reconnoitre leur ancienne destination.

Le dernier monument authentique en ce genre, et qui rappelle quelque chose des entreprises et des usages de l’antiquité romaine, est à notre avis le tombeau de Théodoric à Ravenne, dont nous avons fait ailleurs une mention particulière. (Voyez RAVENNE.) L’état dans lequel il se trouve aujourd’hui, laisse encore juger de ce qu’il fut jadis, et sa coupole, formée d’un seul bloc de pierre de plus de trente pieds de diamètre, annonce encore une certaine puissance de moyens dans l’art de bâtir. On a parlé aussi, a l’article de cette ville, des restes d’un sarcophage de porphyre d’un très-grand volume, ouvrage qui dut être à la vérité antérieur à ce siècle, mais qui fait connoître que les traditions de l’antiquité n’étoient pas encore tombées dans l’oubli.

Après l’entière destruction de l’Empire romain, dans tous les pays sur lesquels s’étoit étendue sa domination, le christianisme devint le seul lien commun, sinon des corps, au moins des esprits. Une croyance générale substitua bientôt avec le nouveau culte, des pratiques nouvelles aux anciennes. Il entra même dans l’esprit du renouvellement des idées, d’inspirer le mépris pour tout ce qui se trouvoit être, ou pouvoit paroître en contact avec les superstitions payennes. Ce fut particulièrement le dogme de la vie suture et de la résurrection des morts, qui contribua à